Chapitre 16
Après la toilette, le petit coup de mou de Maxine sembla s’être atténué. Elle demanda à Loïc si elle pouvait utiliser son ordi portable pour faire le fameux transfert de photos. En même temps, elle voulut en profiter pour lire ses courriels. Loïc, de son côté, mit un peu d’ordre dans la chambre et lut le guide touristique pour trouver une idée d’activité à faire qui puisse intéresser Maxine.
« Un tour en bateau pour visiter les quatre îles du coin, qu’en penses-tu ? Y en aura pour trois heures trente mais je pense que ça pourrait te plaire. »
Après avoir jeté un œil sur la brochure, Maxine accepta mais elle insista de nouveau : il fallait trouver un magasin pour qu’elle s’achète une seconde carte mémoire. Loïc appela la réception pour connaître l’adresse du magasin le plus proche. Il y en avait un à moins d’un quart d’heure, alors ils s’y rendirent illico.
C’était la première fois qu’ils allaient dans un magasin comme cela, tous les deux, ensemble, et celui-ci était particulièrement bien achalandé. Des perches, des objectifs, des flashes et tout le bric-à-brac du parfait petit photographe y étaient. Loïc posa plusieurs questions à Maxine sur l’intérêt de l’un ou l’autre des accessoires. Sans doute se renseignait-il pour un prochain cadeau d’anniversaire. Toujours est-il qu’il ne résista pas à l’envie d’offrir à Maxine un trépied et un vrai sac pour ranger tout son matériel.
Ensuite, il fallut un peu se presser. Le départ du bateau était à treize heure trente et il leur fallut donc prendre deux petits sandwichs qu’ils mangèrent sur le pouce pour arriver dans les temps.
« Je crois que c’est la première fois que je monte sur un bateau, fit Maxine en regardant l’embarcadère s’éloigner. C’est un peu bizarre. »
Loïc accoudé à ses côtés au bastingage, la regarda de profil.
« Qu’est-ce qu’il y a ?
— Rien, j’adore te regarder quand tu découvres les choses pour la première fois. »
Au moment même où les mots s'échappèrent de ses lèvres, une vérité profonde se révéla à lui. Il se délectait de chaque nouvelle expérience vécue avec Maxine, comme un père contemplant avec fierté les premières fois de son enfant. L'idée lui apparut à la fois évidente et troublante, laissant planer l'ombre d'un soupçon sur la nature de sa relation avec Maxine. Pourquoi ces pensées imprévues s'insinuaient-elles soudainement en lui, comme des énigmes un peu gênantes à résoudre ?
Maxine le regarda en biais.
« Parfois, tu dis des choses bizarres. »
Elle avait le visage qui s’était empourpré. Loïc repensa alors à la première nuit où ils l’avaient fait. Il avait eu l’intuition de la vérité. Il se demanda si c’était cela que Maxine attendait de leur relation. Découvrir les choses. Que se passerait-il quand ils devraient se confronter à une chose qui ressemblerait plus ou moins à l’habitude, ou la routine ?
Elle, ignorante des questions qui lui passaient par la tête, s’approcha de lui, lui donnant un léger coup d’épaule qui lui disait : » Prends-moi dans tes bras. ». Il l’entoura de son bras et posant sa main sur sa hanche, il tenta un mouvement sensé la réchauffer.
« Profites-en, fit Maxine. Quand je dégainerai mon appareil, il faudra que ces doigts retrouvent le fond de tes poches. »
Elle se mit à rire et lui, pour toute réponse, lui glissa un baiser dans le creux de sa nuque, qui lui tira un frisson.
*
Le voyage au travers des îles fut splendide. Même le guide fut obligé de reconnaître que le temps était assez exceptionnel, et donnait aux couleurs de la végétation des îles une nuance que lui-même ne connaissait pas.
Maxine n’eut de cesse de prendre des clichés. Des oiseaux, des falaises, le ressac et même des dauphins. Loïc la regarda et pensa qu’il devrait télécharger un logiciel de retouche photo, ce soir. Il l’installerait et avec Maxine, ils pourraient passer plusieurs heures à améliorer les couleurs ou à faire des montages plus ou moins heureux.
Les trois heures trente de balade filèrent plus vite que Loïc ne l’avait pensé et quand il s’assit sur le lit avec Maxine à ses côtés en train de passer en revue les photos de la journée, il eut l’impression d’avoir traversé une sorte de faille spatio-temporelle.
Loïc se jeta en arrière et regarda le plafond. Il ferma les yeux.
« Pourquoi tu souris comme ça ? » fit la voix de Maxine en surplomb.
Loïc prit une longue inspiration et sans ouvrir les yeux :
« Parce que je pense à toutes les choses que je vais pouvoir faire avec toi, ce soir et toute la nuit. »
Annotations
Versions