14.
Il n’aurait jamais pensé que son premier jour de travail en tant qu’assistant du nouveau dirigeant de Golden Jam consisterait à ranger et trier des papiers et des dossiers. Et dire que la semaine dernière, il n’imaginait même pas que son patron déplacerait ses activités dans les nouveaux locaux. Evidemment, qui aurait pu croire qu’Abdou Karim Niang se ferait assassiner dans son bureau en pleine nuit ? « Le malheur des uns fait le bonheur des autres », finit-il par penser. Il venait de sortir de la pièce qui servait de bureau à Alioune Mar, et commençait à prendre ses marques sur son nouveau lieu de travail. Même si tout le monde était en deuil et que l’enterrement était programmé pour le lendemain, cela n’empêchait pas la boîte de tourner à plein régime.
Son nouveau bureau avait la particularité d’être beaucoup plus grand que le précédent meuble sur lequel il travaillait. De plus, la personne à qui il appartenait, l’assistante personnelle d’Abdou Karim, l’avait ordonné et rangé de telle sorte que l’on s’y retrouvait assez facilement. Il ne savait pas grand-chose d’elle. Ils s’étaient rencontrés à quelques occasions pour le travail, et avaient un peu échangé. Tout ce qu’il savait, c’est qu’il devait la remplacer au plus vite, car celle-ci était retenue par les gendarmes depuis deux jours. Etait-ce elle qui avait tué Abdou Karim ? Les gendarmes la soupçonnaient de quelque chose, sinon il ne la retiendrait pas aussi longtemps.
Pendant un instant, il essayait de se remémorer les quelques fois où il lui avait parlé. Mais, tout ce dont il se souvenait, c’est qu’elle lui paraissait un peu froide dans ses réponses. Peut-être était-ce lui qui se faisait des idées ? Quoi qu’il en soit, il fallait arrêter de rêvasser et se remettre à travailler. Alioune Mar était quelqu’un d’assez exigeant, et le décès de son collaborateur n’arrangeait pas les choses. Après une heure entière passée à trier et reclasser des dossiers se trouvant sur son bureau, il fallait ranger le contenu des deux tiroirs du meuble. Il ouvrit le premier que sa main put saisir. Rien, il n’y avait que des papiers, sans importance pour la plupart, qu’il fallait transmettre à son patron et quelques fournitures habituelles comme des agrafes ou des marqueurs. Le second se trouvant à sa gauche était fermé à clé ; il en avait un comme celui-là dans son ancien bureau ; il en déduisit que c’était dans ce tiroir qu’elle rangeait ses affaires personnelles. D’abord, il n’essaya pas de l’ouvrir, puis il se souvint que c’était dans ce genre de tiroir qu’il rangeait les dossiers les plus importants. Il hésita quelques minutes avant de se décider à chercher la clé qui ouvrait cette partie du bureau. Heureusement, celle-ci était facilement visible, elle l’avait accrochée à une boule de poils roses qui faisait office de porte-clés. Après quelques tours dans la serrure il réussit enfin à l’ouvrir. Comme il s’en doutait, le tiroir ne contenait que des affaires personnelles, un rouge à lèvres, des bons de commande, une enveloppe sur laquelle était inscrite « dépenses diverses » contenant de l’argent, et un porte-monnaie avec quelque billets. Cependant, au moment de le refermer, son attention fut attirée par une grande enveloppe brune cachée au fond. Il la saisit et l’ouvrit pour en lire le contenu. A ce moment-là, Alioune Mar sortit de son bureau.
- Monsieur Tall, j’aurai besoin de vous à l’intérieur.
- Tout de suite, j’arrive dans quelques instants.
- Qu’est-ce que vous tenez dans les mains ? demanda-t-il en le pointant du doigt.
- Tenez, j’ai découvert cette enveloppe au fond de ce tiroir.
Il la lui donna. Alioune en retira le contenu et le feuilleta. Son assistant voyait le visage de son patron se déformer d’horreur.
- Que se passe-t-il, Monsieur ? demanda-t-il sous l’effet de l’angoisse.
Alioune mit du temps avant de répondre, puis comme revenant à lui :
- Il faut transmettre immédiatement cette enveloppe à la Section Recherche.
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