Chapitre 4
Mon dieu, il est là, il m'attend devant la porte du Candy. J'arrête le moteur de ma voiture et prends une grande inspiration. J'ai très envie de lui parler, et pourtant ma portière reste close. Je crois que j'attends un signe, mais il ne viendra pas. La vie est comme ça, on doit avancer. Je dois avancer.
Je caresse le petit A pendu à mon cou et sors enfin de ma voiture. Je le vois regarder l'horizon, depuis tout à l'heure, cherchant désespérément mon arrivée. Je sais qu'il va bientôt me voir marcher vers lui. Va-t-il me trouver jolie dans mon pull trop grand, mon jean troué et mes cheveux relevés en chignon. Je prends conscience que je n'ai pas pris le temps de me faire jolie. Mais de toute façon, dans mes armoires, je n'ai pas la moindre robe ou encore de petits hauts sexy. Il y a deux Anita, celle qui danse et se déshabille pour plaire aux hommes et l'autre qui n'a pas changé depuis le lycée et qui n'a jamais eu de vraies histoires d'amour.
Garcin, qui depuis des mois voit la jolie Anita, va-t-il aimer le petit animal sauvage qui habite seul avec maman dans un très vieil appartement, rue Sarazate ?
Ses yeux croisent enfin les miens et son visage s'illumine d'un magnifique sourire. Il a un petit bouquet de roses dans les mains, qu'il tient fermement. J'avance les doigts serrés sur mon A. Une odeur de croissant chaud sort de la petite boulangerie d'à côté. Les abeilles bourdonnent dans un arbre en fleurs. Une douce brise se lève et vient s'engouffrer dans mes cheveux.
Il est beau.
- Anita, enfin. Je te retrouve. Tu es si belle.
Je cherche désespérément dans son visage, celui de l'adolescent dont je devrais me souvenir. Mais je ne vois qu'un homme élégant, à la fois sexy et intello. Son visage me fait penser à une de ses stars du foot dont j'aurais du mal à me rappeler le nom.
- On rentre à l'intérieur ? Le patron ne dira rien, lui dis-je.
- Si tu veux.
Nous nous installons sur la petite table au fond de la salle où Garcin à ses habitudes.
- Tu veux boire quelque chose, Garcin ?
- Et bien, je veux bien une bière, merci.
Je vais derrière le bar, en prends deux et les ajoute à ma note. La pression est redescendue un peu et quand je pose les deux bouteilles sur la table, je ne semble presque plus stressée.
- J'aurais voulu t'inviter, Anita.
- Pas grave un prochaine fois.
- Tu ne pourrais pas me faire plus plaisir.
Je commence par lui raconter pourquoi je n'avais pas pu aller dans cette école, où il avait espéré me retrouver. Il m'a ensuite raconté un petit peu sa vie, son boulot.
Après deux heures de discussion, Gilles le patron du bar, vient me prévenir qu'il est temps que je me prépare. Je n'ai pas vu le temps passer et je le quitte à regret.
- Tu peux rester là si tu veux, personne ne dira rien.
- Ok. Et après ton show, tu voudras que l'on aille quelque part ?
- Oui, on pourrait aller manger un morceau.
Je monte dans les loges me changer, et tout le monde m'interroge sur mon rendez-vous galant. Les filles sont curieuses et me demandent déjà si j'ai déjà couché avec lui. Les garçons blaguent et me disent que si je ne conclus pas, ils se feront une joie de le consoler. Nous rigolons de bon cœur, je me sens bien, heureuse comme jamais. Les filles s'arrangent avec Gilles pour que je fasse mes deux passages le plus vite possible et à vingt-une heures trente, je rejoins Garcin à sa table.
- Je suis toute à vous Monsieur, lui dis-je en souriant.
- Et bien, je te propose un restaurant indien à cinq minutes d'ici ou alors des spaghettis chez moi.
- Va pour les spaghettis.
Garcin, m'emmène chez lui. Il habite dans une maison de ville avec jardin. À peine entrée je suis sous le charme de son intérieur. Une ambiance chaleureuse et lumineuse où les matières naturelles sont mises en avant. Je fais le tour de la pièce, comme si j'étais dans un musée. Garcin me laisse à mon inspection et va préparer les pâtes.
Quinze minutes après, il revient avec deux assiettes de spaghettis au beurre.
- Madame est servie. Tu veux un verre de vin ?
- Oui, c'est gentil.
- Rouge, blanc, rosé ?
- Plutôt blanc.
- Chardonnay ?
- Parfait.
Je me sens immédiatement chez moi. Nous rions de bon cœur, même si à bien y réfléchir, il n'y a pas vraiment de raison à cette hilarité. Je prends conscience que nos timidités se sont envolées. Je l'écoute parler d'un de ses gros projets qu'il espère bientôt décrocher. Je le trouve beau, sa voix est comme une douce mélodie. Ses lèvres m'appellent. Je crois que je ne l'écoute plus.
- Thierry Henry, dis-je en lui coupant la parole.
- Hein ?
- Je trouve que tu ressembles un peu à Thierry Henry, mais en plus beau.
Il rigole.
- Et bien merci, même si je ne suis pas amateur de foot.
Longuement, je plonge mes yeux dans les siens. On entend le bruit des voitures au loin. Un chat miaule. J'ai très envie de l'embrasser. Je sens mon visage s'empourprer, mon cœur bât un peu plus fort.
- Garcin ?
- Anita !
- Embrasse-moi.
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