La vie est un château de sable
La vie est un château de sable où cogne le flux de la déraison et, bientôt, le haut donjon qui lançait vers les cieux l’étendard de sa gloire, n’est plus que cette incompréhension grise pliée sous les rayons du couchant. Des gamins dans la force de l’âge, dans la vigueur de leur sang, fouetteront de leurs pieds cette prétention à vivre dont ils ne percevront même pas le tragique sous-jacent. Eternel jeu de la jeunesse qui teste l’amplitude de sa puissance dans la capacité à tuer, à détruire. Tout combat contre une armée de doryphores, un essaim de mouches, une procession de fourmis est affirmation de soi à l’encontre du monde, de cette altérité qui est toujours perçue comme limitation de l’ego, de son possible embastillement. Je vis de faire mourir les autres, de les condamner à trépas, de les réduire à l’engourdissement définitif.
Ce dont les gamins témoignent dans leur violence gratuite : cette « volonté de puissance » nietzschéenne qui lance la force de Dionysos contre la candeur d’Apollon. L’existence est tissée de cette dialectique qui valorise les forts au détriment des faibles. Jeunes, nous sommes des forteresses inexpugnables, vieux nous prêtons nos flancs de peau et de chair aux boulets qui en fissureront la fragile architecture.
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