pomme d’amour
Vous voyez, Olga, soudain, elle est passée du « Vous » au « Tu », vous ne croyez pas que c’est plutôt bon signe ? Et puis on ne sait jamais où ça peut s’arrêter ! Alors, allez jusqu’à la confiserie, Nikolaï, offrez-lui cette belle « pomme d’amour » rouge rubis si brillante, nappée de sucre, elle est symbole d’union, de feu, de plaisir, de désir. Oui, succombez au désir de posséder la pomme, de posséder Olga, Nikolaï. Oui, Olga ne demeurez sur ce baiser qui vous a mis le carmin aux joues. Demandez- lui plus à Nikolaï. Regardez ses yeux, ils pétillent d’envie. De croquer dans la pomme, de croquer en votre chair, ce diamant qui ne se retient qu’à mieux s’offrir dans le luxueux écrin de la rencontre.
Vous vous souvenez, maintenant, après cette fête vous étiez rentrés dans l’isba. Un feu flambait derrière la vitre du poêle. L’eau chauffait dans le samovar avec un bruit de crécelle. C’est curieux, tout de même, cette participation des choses aux moments singuliers de notre vie ! On dirait qu’ils se doutent de l’imminence de l’événement. Vous vous êtes assis côte à côte sur ce canapé d’aujourd’hui qui était neuf, fringant tel un jeune cheval. Nikolaï, vous avez versé avec la lenteur que requiert toute intrigue sur le point de révéler son être, le thé noir dans les tasses. Sa fragrance entêtante, épicée, musquée, prélude d’un rapide bonheur, vous enivrait tout comme elle faisait tourner la tête de votre conquête. Vous avez bu lentement, comme pour un cérémonial, avec attention, avec crainte, avec le plaisir anticipateur d’un futur riche de promesses. Vous adressant à nouveau à Olga, vous avez réitéré la phrase magique :
« T'as d'beaux yeux, tu sais. »
« Embrasse-moi encore. » a répliqué Olga.
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