Je m’appelle Daniel et je suis dans un autocar. Je rentre d’un périple à Casas Grandes, Chihuahua, dont je ne vais aucunement parler. L’heure n’est plus aux vacances, mas aux révisions. Des examens de rattrapage m’attendent.

Insouciant, j’ai grimpé dans le premier autocar disponible et j’ai fait une mauvaise pioche. Ce voyage me paraît long, très long.

PAF !

Satanée mouche ! Qu’est-ce qui lui prend à tournoyer sur mon visage comme ça ? Elle m’a réveillé d’un petit somme. Je suis toujours dans ce putain d’engin vétuste dont la climatisation repose sur des fenêtres à moitié ouvertes. Mes fesses sont collées au siège le plus inconfortable de la Terre, les ressorts forment des bosses prêtes à déchirer le skaï.

Pourquoi je suis monté dans cette vieillerie sortie d’un autre temps ? Vieux comme ces anciens ces anciens bus scolaires des séries américaines. J’en ai connu des meilleurs. L’ambiance est empestée d’une odeur à pisse qui vient des toilettes au fond. Du coup, les quelques passagers sont entassés vers l’avant. Comme un malheur ne vient jamais seul, un soleil brûlant nous interdit d’occuper une rangée entière. En plus de la chaleur, une effroyable musique accompagne ce voyage. Et le chauffeur ? Il m’inquiète ! Sa conduite est brusque, il m’a l’air inexpérimenté, trop jeune derrière ses Ray-Ban aux yeux et casquette vissée sur sa tête, à l’envers. Je ne critique pas son âge, mais garder une canette de bière sur le repose-boissons ne me paraît pas très professionnel. Comment ose-t-il boire tout en conduisant un véhicule de transport de passagers ? Mais il est trop tard pour descendre, le désert nous encercle et il n’y a pas moyen de faire marche arrière.

Le voyage sera long.