Le Mordeffroi fut assailli de toutes parts par des armées gigantesques. La population fut massacrée par les croisés et les hordes de morts vivants durent reculer. Un grand nombre de puissants seigneurs liche trouvèrent la mort par la main de héros de la croisade. Mordred lui même dût se réfugier dans le palais fortifié de Nagaïkas. Dans les heures les plus sombres de son règne, Mordred alla jusqu'à invoquer des démons dans les rangs ennemis pour ralentir leur avancée. Finalement, il ordonna que l'on déterre la duchesse pourpre, Isabella Von Klarg.
Mordred usa de sa magie pour la faire sortir de son cercueil de métal. On dit qu'après un millénaire passé sous terre, le corps était toujours intact, et même plus intacte que le jour où on l'avait enterrée, car ses yeux étaient à nouveau là alors qu'on les lui avait crevés.
Mordred ne se contenta pas d'user de nécromancie sur elle; il enchaîna un fragment de l'essence d'un démon à son corps pour le doter d'une puissance et d'une capacité de régénération dépassant tout ce qui s'était fait avant. Et la duchesse pourpre revint à la vie dans un corps immortel.
On lui expliqua la situation, et elle s'adapta aussitôt, prit la situation en main, et mena les troupes.
On dit que la duchesse pourpre, au moment de sa réanimation, obtint du démon auquel elle était liée une connaissance dépassant sur certains points celle de Mordred lui même. La duchesse Isabella découvrit quelque chose qui allait annoncer les prémices d'une discipline de la nécromancie appelée la doctrine hécatonchire ou doctrine pourpre, consistant en un mélange de la magie nécrotique et démoniaque pour obtenir des résultats plus efficaces mais incontrôlables. La duchesse mena la défense du palais contre les forces impériales, tua le paladin Albrecht Von Galan qui menait l'assaut, et elle utilisa les cadavres ainsi récoltés pour créer les premières goules.
Ces goules étaient en fait des morts vivants chargés d'une part infime d'énergie démoniaque, leur permettant d'être aussi serviles que les autre morts vivants mais malgré tout capables d'initiative et dotées d'une conscience proche de celle des animaux. Par la suite, l'utilisation des goules s'avéra si efficace que celles ci devinrent les troupes de choc favorites des généraux de Mordeffroi, et on en retrouve aujourd'hui dans toutes leurs armées.
Avec ses goules et les armées de Mordeffroi, sans oublier le soutien du nécromancien Mordred; la duchesse pourpre mena une contre offensive redoutable. Exploitant l'endurance surnaturelle des morts vivants, elle s'arrangea pour livrer une guerre psychologique avec des combats d'usure ponctués d'assauts terrifiants. Elle prenait soin, après chaque victoire, de toujours laisser au moins un survivant rendu fou par les horreurs qu'il avait vu. La campagne dura dix ans. La duchesse pourpre se fit à nouveau un nom et c'est elle qu'acclamait désormais le peuple de Mordeffroi, et non le roi Mordred. Isabella Von Klarg affronta et tua l'empereur Friedrich premier lors de la bataille de la vallée de Khlyst. C'est avec peine que les impériaux parvinrent de justesse à récupérer le corps de leur empereur, mais ils perdirent son épée et sa couronne qui restèrent aux mains des hommes de Mordeffroi qui les profanèrent et les placèrent au centre de ce qui allait devenir la citadelle de Khlyst, le plus grand fort de Mordeffroi, dont on dit que la duchesse elle même avait déjà tracé les plans alors même que la construction ne commencerait que six ans plus tard.
Après cette défaite, l'empire se retira de la croisade, et les autres factions engagées suivirent bientôt leur exemple, rendant son territoire à Mordeffroi.
Le roi Mordred utilisa alors son pouvoirs sur la duchesse pour la contrôler, et la forcer à retourner au palais. Là, il la ligota et usa d'un rituel pour lui faire réintégrer son cercueil de métal. La duchesse se retrouva alors emprisonnée magiquement dans un cercueil moulé selon son corps, incapable de bouger, mais toujours parfaitement consciente et incapable de mourir.
À la fin de cette guerre, le flux migratoire vers Mordeffroi se fit grandissant. Les nécromanciens, les sorciers, les hérétiques, et même tout simplement les libertins affluèrent depuis le monde entier pour essayer de trouver refuge dans le royaume des morts dont ils étaient maintenant sûrs qu'il pouvait résister à une croisade. Mordred accueillait avec enthousiasme ces immigrants, car ils repeuplaient son pays, augmentaient les effectifs de ses adeptes, et apportaient avec eux de nouveaux savoirs relatifs à la nécromancie. Seulement Mordred avait mal évalué l'influence qu'allait avoir cet afflux de connaissances nouvelles, qui pour la première fois en Mordeffroi ne venaient pas du roi lui même.