« Prumt démis de ses fonctions suite aux défaites de Xanthe Terra et Shalbatana Vallis.

La Fédération se fissure sous les attaques internes et externes de ses opposants.

Mars déclare son indépendance.

Scènes de liesse à Olympus Mons et Arsia. »

– Grands titres de l’holo-journal « le Temps » – mars 2234

L’intercom bipa. Michel Elias posa son cigare électronique et s’empressa d’accueillir son meilleur critique gastronomique.

— Antoine ! Enfin de retour sur Terre !

Antoine Septime entra dans le bureau avec un l’air triomphal d’un Empereur romain. Les deux hommes s’embrassèrent.

— J’ai bien cru ne jamais vous revoir, vieux brigand ! Quelle folie ce voyage sur Mars.

Antoine hocha la tête, une moue rieuse sur les lèvres.

— Alors ? Antoine, voyons ! Cette salade ?

— Il n’y a pas de mots.

— Vil coquin ! J’ai bien reçu tous vos articles. Du grand art. Le guide 2234 sera notre meilleur. Il est d’ores et déjà très attendu partout dans le système solaire.

Elias sortit une bouteille de Cognac et invita Septime à prendre place dans un fauteuil club.

— Allez, racontez-moi comment vous avez fait. On a suivi le déclenchement de la guerre. On craignait le pire. Et quand j’ai appris que Laïkuz avait été arrêté, je me suis dit que c’était foutu. Jusqu’à ce qu’on apprenne sa libération.

Antoine fit tourner son Cognac dans la paume de sa main.

— J’ai fait libérer Laïkuz.

Elias éclata de rire.

— Vous me surprendrez toujours, Antoine ! On vous lâche sur une planète inconnue, au beau milieu d’une guerre civile, et vous trouvez le moyen de faire la tournée de tous les restaurants du coin, et même de libérer un chef cuisinier ! Comment avez-vous réussi ce tour de force ?

— J’ai échangé Laïkuz contre un gouverneur.

— La capture de Palpatus ? C’était vous ?

— J’ai juste indiqué aux insurgés où le trouver, en échange de quoi ils promettaient de le troquer rapidement contre Laïkuz. La suite… hmmmm, vous pouvez la lire dans mon article sur le Gustaformeur. Une expérience culinaire unique. D’ailleurs, j’aimerais que vous me rendiez un petit service.

Elias tira sur son cigare électronique.

— Bien sûr Antoine, vous savez que vous pouvez tout me demander.

— J’aimerais que vous jouiez de vos relations pour m’obtenir des papiers d’identité.

— Je ne vous suis pas. Vous vous êtes fait retirer vos papiers ?

— Non. Mais j’ai l’intention d’ouvrir un petit restaurant… Oh, rien de méchant. Un simple projet comme ça. J’ai trouvé un très bon chef… il attend en zone internationale sous une fausse identité, parce qu’il préférait ne pas attirer le regard de la Fédération.

Le sourire d’Elias s’effaça.

— Non… ne me dites pas que…

— Je pense appeler ma gargote « la Planète rouge ». Qu’en dites-vous ?