Chapitre 1

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Zoé passa la tête par la fenêtre de la voiture. Elle vit des champs à perte de vue. Là où elle emménageait, elle l’avait vu sur les photos de sa nouvelle maison, tout était vert. Mais ça ne lui déplaisait pas. La seule chose qui la contrariait un peu c’était le fait de ne plus revoir ses amis. Elle jeta d’ailleurs un coup d’œil à une photographie d’elle et de sa meilleure amie et elle ne put s’empêcher de se demander si elle la reverrait un jour.

Zoé était une jeune fille aux yeux bleus et à la peau pâle. Ses longs cheveux blonds lui arrivaient en bas du dos. Elle était âgée de onze ans.

L’appel de sa mère la tira de sa rêverie :

« Zoé, on est arrivés ! Viens découvrir la nouvelle maison !

  • D’accord, j’arrive. »

Zoé se dépêcha de sortir de la voiture, et découvrit sa maison. Elle avait l’air grande, et autour, se trouvait un immense jardin, et derrière, Zoé distingua un champ de vaches.

Elle alla rejoindre ses parents et entra. La maison était spacieuse et jolie. Mais Zoé ne prit pas beaucoup le temps d’observer sa nouvelle maison, et demanda directement à sa mère où se trouvait sa chambre, celle-ci la lui montra et Zoé alla s’enfermer dedans, en pleurant ses amis qui lui manquaient terriblement.

Quand la mère de Zoé l’appela pour qu’elle vienne à table, elle traina des pieds en descendant l’escalier puis s’installa sur sa chaise en soupirant. Elle demanda ensuite :

« Papa n’est pas là ?

  • Non, il ne peut pas se joindre à nous pour dîner, il travaille beaucoup en ce moment. »

Zoé baissa la tête, elle ne voyait presque jamais son père, qui était beaucoup trop occupé.

Comme la mère de Zoé vit que celle-ci baissait la tête, elle ajouta :

« Il est dans son bureau, il travaille sur un projet avec un de ses collègues qui a fait le déplacement jusqu’ici. »

En effet, le père de Zoé travaillait sur des projets scientifiques pour trouver un emplacement aux déchets nucléaires sans polluer. Il était chargé de s’inspirer de la verdure. C’est pour cela que toute la famille de Zoé avait déménagé à la campagne.

Zoé ne mangea presque rien, elle n’alla même pas voir son père car elle n’était pas vraiment d’humeur. De plus, elle se dit qu’il ne la remarquerait même pas et qu’il serait trop occupé. Elle monta directement dans sa chambre car demain c’était la rentrée et elle devait se coucher tôt.

Elle entra dans sa chambre et sombra dans un sommeil sans rêves.

Le lendemain, Zoé fut réveillée par les cris de sa mère, qui l’appelait depuis le rez-de-chaussée :

« Zoé, dépêches toi ou tu vas être en retard pour ton premier jour au collège, ce serait dommage quand même ! »

Zoé, encore un peu étourdie, se leva de son lit, ses longues boucles blondes flottant dans son dos. Elle descendit le grand escalier en colimaçon de sa maison.

Quand elle arriva dans sa cuisine, qui était au rez-de-chaussée, sa mère la réprimanda :

« Et bien ce n’est pas trop tôt Zoé ! La prochaine fois dépêche-toi un peu plus, mais maintenant prends ton petit déjeuner et presse toi de te préparer et de faire ta toilette quand tu auras fini !

  • Pas de problème maman, répondit Zoé en avalant son petit déjeuner à la vitesse de la lumière. »

Après avoir fini son petit déjeuner, Zoé se dépêcha de se préparer et de faire sa toilette. Quand elle fut fin prête, elle prit ses affaires de cours et s’apprêta à sortir quand sa mère la retint en lui souhaitant une bonne rentrée. Zoé lui répondit en feignant sa joie :

« Tout ira bien, ce sera génial ! »

En réalité, Zoé avait un peu le trac et elle ne comptait pas remplacer sa meilleure amie avec des gens qu’elle ne connaissait même pas et qu’elle n’avait pas envie de connaître.

Zoé s’engagea sur la petite route en bord de champs. Son trajet était assez court elle ne vit que trois maisons semblables à la sienne le long du chemin.

Une fois arrivée à son arrêt de car, elle constata qu’il n’y avait personne et pensa :

« Tant mieux, je n’ai pas envie de me ridiculiser devant des personnes inconnues. »

En effet, Zoé était un peu timide et stressée quand elle ne connaissait personne.

Elle attendit à peu près pendant cinq minutes quand elle distingua au loin la forme rectangulaire de son car. Une femme était au volant.

Quand le car s’arrêta à son arrêt, elle monta en passant sa carte de bus sur la borne puis elle la rangea aussitôt car elle ne voulait pas que quelqu’un voit la photo affichée dessus puisqu’elle la trouvait ridicule.

Elle avança dans le car et elle vit que sur les premiers sièges il y avait beaucoup de personnes de son âge, certaines n’étaient pas attachées. Derrière, elle aperçut d’autres personnes de son âge, mais il n’y en avait que deux. Sur les sièges du fond se trouvaient des adolescents plus grands qu’elle et elle trouvait que la plupart avaient une drôle d’apparence. Certaines filles avaient noué leur tee-shirt dans leur dos pour le raccourcir et elle en remarqua même une qui avait une teinture qui lui colorait les cheveux en rouge vif. Elle détourna le regard et aperçut un petit groupe de garçon qui avaient le regard scotché sur le téléphone de l’un d’entre eux et qui poussaient des cris en ouvrant des yeux ronds.

Zoé détourna et alla s’asseoir dans une rangée de sièges au milieu du car en sortant son propre téléphone et en envoyant un message à sa mère comme quoi tout s’était bien passé dans le bus. Elle n’avait pas envie de lui faire de la peine le jour de sa rentrée en sixième.

Elle sortit ses écouteurs et mit sa chanson préférée puis elle ferma les yeux en espérant qu’il y aurait des gens plus accueillants au collège.

Une fois sortie de son car, Zoé se dirigea vers l’entrée du collège. Celui-ci était énorme et sa façade était colorée. Elle entra dans l’enceinte du bâtiment et arriva dans la cour de récréation, trop petite à son goût. Elle vit que tous les élèves étaient rassemblés à un endroit, elle s’en approcha donc.

Quand elle s’installa sur un banc près du lieu de rassemblement, Zoé vit une femme arriver, celle-ci s’exprima devant la foule :

« Un peu de silence, s’il vous plait ! »

Un groupe d’élèves qui devaient avoir l’âge de Zoé se tut aussitôt, après le regard appuyé que leur avait adressé la femme, celle-ci reprit :

« J’aimerai dire quelques mots à l’attention des nouveaux élèves, je me nomme Madame Durand, je suis la principale de ce collège.

  • Pour notre plus grand malheur, murmura un élève de quatrième qui se trouvait non loin de Zoé. »

Zoé remarqua que Madame Durand était brune avec les yeux marrons, celle-ci annonça :

« Cette année nous avons trois classes de sixième : les sixièmes un, les sixièmes 2 … »

Zoé n’écouta pas la fin du discours car elle remarqua une branche qui bougeait derrière le grillage du collège. Elle plissa les yeux pour essayer de distinguer ce qui se passait mais elle fut tirée de son observation par la suite du discours de Madame Durand :

« Et enfin, notre CPE est Madame Rafletout, je vous souhaite une très bonne année ! »

Zoé vit Madame Rafletout du coin de l’œil, elle avait les cheveux grisonnants et paraissait vieille et stricte.

Zoé se tourna de nouveau dans la direction de la branche qui lui semblait avoir bougé mais elle ne vit rien et se dit qu’elle avait rêvé.

Une femme l’interpella alors :

« Jeune fille, que fais-tu ici ! Tu devrais être avec ta classe, d’ailleurs, dans quelle classe es-tu ?

  • Heu…en sixième un, bredouilla Zoé car c’était le seul nom de classe qu’elle avait à peu près entendu.
  • Je suis la professeure principale de cette classe, suis-moi et rejoins le reste de la classe. Mais d’abord, comment t’appelles-tu ?
  • Zoé Fleurot.
  • Très bien, tu es donc bien dans ma classe, approuva-t-elle comme si elle doutait de la réponse de Zoé, viens. »

Zoé la suivit et monta les escaliers qui la conduisaient dans sa salle de classe en compagnie de ses camarades et de sa professeure principale.

Une fois dans la classe, la professeure se présenta :

« Bonjour chers élèves, je me nomme Madame Dupuy et je suis votre professeure principale. Installez-vous où vous voulez. »

Comme Zoé n’avait aucun camarade qu’elle connaissait, elle se demanda où elle allait s’asseoir mais son problème fut vite réglé car tout le monde s’assit avec un camarade sur un bureau à deux places et il ne lui resta que le petit bureau à une place au fond de la salle et à côté de la fenêtre.

« Très bien, dit Madame Dupuy, maintenant que vous êtes installés, chacun va venir se présenter au tableau en disant son nom, son âge et sa passion. Vous pourrez rajouter des choses que vous jugerez utiles. Qui veut commencer ? »

Tout le monde leva la main, sauf Zoé. Mais c’est pourtant elle que Madame Dupuy fit venir au tableau. Zoé se leva et entendit murmurer :

« Chanceuse… »

Zoé faillit trébucher en allant au tableau mais elle se rattrapa de justesse. Heureusement pour elle, cela échappa au regard de ses camarades mais Madame Dupuy la vit. Par bonheur pour Zoé, elle s’abstint tout commentaire.

Zoé essaya de se détendre et elle commença à se présenter :

« Heu…Je m’appelle Zoé Fleurot, j’ai onze ans…heu…J’adore lire et j’adore la fantasy…et je pense qu’un autre monde existe et j’aimerai bien le découvrir…Voilà, c’est tout ! »

Zoé regagna ensuite sa place et entendit un garçon qu’elle avait vu dans son bus murmurer à son ami :

« Pff, elle est dingue, c’te fille. Un autre monde, non mais n’importe quoi.

  • J’suis d’accord, répondit son acolyte, elle est handicapée du cerveau. »

Zoé serra les dents en pensant :

« Ces garçons sont bêtes comme leurs pieds et ils n’ont aucune imagination, mais bon, je m’y attendais. »

Tous les autres élèves eurent le temps de se présenter puis la sonnerie qui annonçait la récréation retentit. Zoé sortit avec les autres de la salle de classe en descendant l’escalier jusqu’en bas. Elle sortit dans la cour de récréation et vit un garçon de son âge s’approcher d’elle en lui demandant :

« Tu n’aurais pas vu mon blouson ? Je le cherche depuis le début de la récré.

  • Non, désolée, répondit Zoé. »

Puis elle remarqua une bande de cinquième non loin d’eux. Un garçon tenait un blouson dans ses grosses mains, entouré de ses amis. Des filles leur tournaient autour, l’air admiratif. Zoé s’approcha du groupe en faisait signe au garçon de la suivre.

Quand ils arrivèrent devant eux, elle leur fit remarquer :

« Et vous, ça ne vous dérange pas de voler un blouson à un plus petit que vous ! Vous n’avez aucun honneur !

  • Toi aussi, t’es plus petite que nous, minus !
  • D’accord, je suis peut-être plus petite que toi, rétorqua Zoé, mais ce n’est pas une raison pour se moquer. Espèce d’imbécile ! »

Toute la cour s’était rassemblée autour d’eux. Le cinquième qui tenait le blouson était entouré des mêmes filles qu’avant. Ses amis étaient rassemblés autour de lui en criant des insultes vulgaires à l’adresse de Zoé et du garçon auquel ils avaient volé le blouson.

Alors celui qui tenait le blouson essaya de frapper Zoé en disant :

« Tu la cherches la bagarre ? Tu l’auras ! »

Zoé esquiva le coup de justesse en manquant de tomber mais se rattrapa au blouson, qui glissa des mains du cinquième. Zoé s’en empara et la rendit au garçon qui la remercia.

Le groupe, vexé d’avoir perdu la veste à cause d’une sixième, en l’occurrence, Zoé, partit s’isoler dans un coin de la cour. Ils s’assurèrent d’êtres discrets puis sortirent leurs téléphones.

Madame Rafletout, la CPE, les vit et se dirigea vers eux. Zoé n’aperçut pas bien ce qui se passait mais elle vit repartir la CPE avec trois smartphones en main, laissant le groupe avec une tête de chiens battus.

« Ils font moins les fiers, pensa Zoé, et la CPE porte bien son nom. »

Le garçon auquel elle avait rendu le blouson la remercia encore une fois :

« C’est vraiment génial ce que tu as fait, je te trouve vraiment très courageuse. Tu leur as bien rabaissé le caquet à ceux-là !

  • Je l’ai fait pour toi, je ne pouvais pas les laisser avec ton blouson, c’était hors de question. Au fait, comment t’appelles-tu ?
  • Thomas et toi ?
  • Zoé, répondit-elle en souriant. »

Puis elle s’en alla en clase car la sonnerie avait retenti.

Le reste de la journée fut banal pour Zoé. Elle n’avait pas quitté la salle de classe de Madame Dupuy car celle-ci avait décidé de faire une journée d’explications sur le collège à sa classe.

Après le collège, Zoé prit son car et le trajet dura une éternité à ses yeux. Elle envoya un message à sa mère comme quoi tout s’était bien passé et qu’elle s’était fait un ami. Elle ne précisa pas qu’elle l’avait aidé à récupérer son blouson et qu’elle s’était fait humilier devant tous ses camarades lors de sa présentation.

Quand le car arriva à son arrêt, Zoé descendit en pensant :

« Ouf, enfin libérée ! »

Elle prit le chemin jusqu’à sa maison en courant et en respirant l’air pur de la campagne. Elle commençait à aimer ce village mais ses anciens amis lui manquaient toujours.

« Au moins, je m’en suis fait un » pensa-t-elle en se souvenant de Thomas.

Quand elle rentra chez elle, elle monta dans sa chambre après avoir adressé un bref salut à sa mère. Elle ne prit pas la peine d’aller voir son père, qui travaillait dans le bureau.

Dans sa chambre, elle s’installa sur son lit et prit son livre intitulé « Les mondes cachés » qui était à la fois un roman et un documentaire. Il racontait l’histoire d’une petite fille qui découvrirait une porte secrète menant à un autre monde, aussi secret qu’effrayant. Il y avait aussi une partie documentaire car les auteurs du livre racontaient comment ils avaient imaginé ce monde et comment ils avaient trouvé de l’inspiration. Mais la partie du documentaire que Zoé préférait s’intitulait « Peut-il y avoir un monde caché sur Terre et si oui, comment le trouver ? » Zoé savait bien que ce livre était fait pour faire rêver les enfants mais elle persistait à y croire.

La soirée se passa comme d’habitude. Zoé et sa mère mangèrent seules car le père de Zoé travaillait encore. À la fin du repas, Zoé remonta dans sa chambre. Elle y lut quelques pages de son livre puis elle s’endormit.

Zoé fit un rêve étrange, elle rêva qu’elle était dans un temple avec d’étranges symboles sur le sol et petit arbre ressemblant à un baobab miniature sans feuilles. Cet arbre en question était noir et moisi. Zoé prit peur car le moisi de l’arbre recouvrit le sol de la pièce puis s’étendit à chacun des endroits, même sur le plafond et les murs, allant jusqu’à Zoé. Il allait l’engloutir et elle poussa un cri perçant et…

Zoé se réveilla en sursaut dans son lit, la respiration saccadée et le souffle court. Elle essayait de se rassurer en se disant que ce n’était qu’un rêve même si cela avait l’air trop réel pour en être un. C’est avec cette pensée là qu’elle essaya de se rendormir.

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