Chapitre 35 : Loren
La larme roula encore sur ma joue alors que Snoog m'embrassait profondément, passionnément. Nous n'avions pas échangé un seul mot, mais il me semblait bien que les mots étaient inutiles. Les mots, il les avait chantés. Il serait là pour moi, pour April. La chanson, après avoir été mienne, était désormais la sienne aussi. Peut-être en était-il déjà ainsi dès le début ? C'était pourtant difficile à croire.
Notre histoire n'était pas une histoire comme les autres, elle ne s'écrirait pas comme on pouvait l'imaginer. Elle ne serait pas semblable à toutes celles de ces femmes, de ces hommes, de ces enfants que nous croisions au quotidien. Elle serait autre. Elle serait nôtre.
En m'embrassant toujours, Snoog me fit reculer et mon dos s'appuya contre le mur, près de la porte de la loge. Mes bras s'étaient noués autour de son cou et mes mains couraient sur sa peau chaude et encore moite de la sueur de la scène. Il avait pris mon visage entre ses mains, caressant mes joues de ses pouces. Puis sa main droite descendit, frôlant ma poitrine, ma hanche, jusqu'à soulever ma jupe. Je sentis ses doigts caresser mes bas, remonter en haut de ma cuisse, chercher ma peau. Il m'arracha une plainte, sans rompre notre baiser.
Et soudain, tout alla très vite. Il tira d'un geste sec sur les dentelles de mon slip, l'arracha et le jeta je ne sus où. Un court instant, sa main abandonna ma cuisse, je l'entendis déchirer quelque chose, puis il fut en moi. C'était totalement fou, totalement passionnel et purement érotique. Je crus défaillir tant il m'emportait encore et encore. Et il me sembla bien perdre vraiment toute conscience quand l'orgasme me submergea, que je l'entraînai avec moi, griffant son dos, resserrant l'étreinte de mes cuisses autour de ses reins, hurlant mon plaisir sous ses lèvres.
**
Quand je rouvris les yeux, je ne vis d'abord plus rien. Mon regard était embué, tout m'apparut flou. Mon souffle était encore très court, celui de Snoog aussi. Son front reposait sur le mien, son visage si proche. Je repris lentement conscience de mon corps : mon dos appuyé contre le mur, mes jambes, relâchées, mais toujours autour de ses hanches, mes mains, aux ongles enfoncés dans sa peau, crispées sur ses épaules.
- Loren... souffla-t-il. Loren...
Je battis des cils, cherchant à trouver un repère qui ne serait pas lui. Mais rien ne venait à ma portée. Tous mes sens étaient encore tournés vers lui, et même mon cerveau semblait incapable d'émettre la moindre pensée.
Ce fut lui qui s'écarta légèrement. Ou plutôt qui écarta juste un peu son visage, pour me regarder. Son regard d'azur était magnifique, mais il se chargea aussitôt d'une lueur qui me fit frémir.
- Ca va ? fit-il d'une voix encore rauque, mais très inquiète. J't'ai fait mal ?
J'ouvris la bouche pour lui répondre, mais aucun son n'en sortit. Je secouai alors la tête à la négative et parvins à sourire, un peu timidement. J'allais bien. J'allais même très bien. Il poussa un long soupir de soulagement.
- J'voulais tellement... te retrouver, me souffla-t-il encore.
Puis doucement, il se retira de moi, m'aida à redescendre au sol. Je vacillai, me retenant contre le mur. Mes jambes étaient encore agitées de spasmes, mais de reprendre pied me fit du bien. Je remis un peu d'ordre dans ma tenue, lissant ma jupe. Puis mon regard chercha machinalement ma petite culotte pour finir par se poser sur un morceau de tissu tout déchiré et chiffonné. J'éclatai alors d'un grand rire en m'imaginant essayer de la remettre.
Snoog me sourit, amusé, mais sans savoir ce qui avait provoqué mon hilarité. Il se retourna et suivit mon regard vers le sol. Il haussa alors les épaules et dit :
- Désolé... C'est l'genre de barrière dont il m'arrive de ne pas m'embarrasser...
J'appuyai ma main sur son bras et lui dis :
- Tu as bien fait de ne pas t'en embarrasser. J'en ai d'autres, tu sais.
- Sur toi, là ?
- Non, répondis-je et cette fois, nous fûmes tous les deux à rire.
Il s'écarta, fit quelques pas dans la loge, puis se baissa et ramassa ce qui restait de mon sous-vêtement. Il le regarda d'un air dubitatif et fit :
- Vraiment, totalement inutilisable. Et vraiment, vraiment désolé.
Puis il me regarda un peu par en-dessous et fit :
- Ca va, ta jupe n'est pas trop courte. Ca se verra pas.
Il revint vers moi, m'enlaça à nouveau et m'embrassa doucement, puis demanda :
- Comment t'as fait pour April, ce soir ?
- Baby-sitter. Jusqu'à demain 9h. Elle dort à l'appartement et s'occupera de la petite demain matin.
- Ok. J'ai hâte de la voir, sourit-il et son regard s'emplit d'une nouvelle douceur.
- La baby-sitter ? fis-je, amusée.
- Bien sûr. Je suis certain qu'elle est mignonne à croquer, ajouta-t-il d'un air faussement gourmand.
Puis il déposa un petit baiser sur le bout de mon nez avant de reprendre :
- Bon, on va aller à l'hôtel. Je dirai au chauffeur d'être prêt pour 8h demain matin, il nous conduira chez toi. Ca te va ?
- Oui, bien.
Il rassembla quelques affaires, enfila un t-shirt propre - un aux couleurs d'AC/DC -, puis attrapa son blouson. Nous quittâmes la loge après qu'il y avait fait un dernier petit tour. Au-dehors, la nuit était tombée depuis longtemps, la pluie avait rendu les trottoirs légèrement brillants. Une fraîcheur bien particulière m'enveloppa. J'avais remonté le col de mon blouson, et entouré le bas de mon visage de mon écharpe, pour demeurer la plus incognito possible. Mais les groupies étaient rares et si quelques flashs crépitèrent, ce fut loin de ce que j'avais pu voir à Wembley. Alors que je me glissais dans la voiture, je songeai qu'il allait falloir que je m'y habitue...
Le chauffeur nous mena rapidement à l'hôtel, situé en-dehors d'Edimbourg. Un bel endroit, entouré d'un grand parc. Pas de risque de trouver des groupies devant la porte, les lieux étaient hautement sécurisés. Ma foi, cela me rassura un peu car je n'avais pas le courage ce soir de m'y confronter. Le concert avait été un moment fort, la dernière chanson m'avait causé beaucoup d'émotions, mais m'amènerait aussi à bien des réflexions - même si j'avais décidé de les laisser de côté pour le moment. Et là, tout ce que je souhaitais, c'était retrouver Snoog.
Nous gagnâmes bien vite la chambre, croisant juste Treddy et sa petite - mais si jeune ! - amie dans le couloir. On se salua très brièvement. A peine la porte se referma-t-elle sur nous que Snoog dit :
- L'heure est à la détente, maintenant.
Je lui souris avec malice. Je compris vite ce qu'il avait en tête. La chambre était plus que luxueuse, à l'image de l'établissement : c'était une vraie suite, avec une chambre à proprement parler, mais aussi un salon de belle taille et une très grande salle de bain. A peine il y entra que j'entendis l'eau couler dans une baignoire. Je m'étais avancée dans le salon et j'ôtai mon blouson, mes bottines. Alors que je consultai rapidement mon téléphone pour vérifier que la baby-sitter ne m'avait envoyé aucun message, je sentis les bras de Snoog m'enlacer et s'enrouler autour de mon ventre. Ses lèvres se posèrent dans mon cou.
Je reposai le téléphone sur un meuble et me tournai. Il était déjà nu et m'entraîna rapidement vers la salle de bain. J'ouvris de grands yeux en découvrant la pièce. Une immense baignoire trônait dans un angle et rien que d'y voir l'eau couler, je ressentis l'envie de m'y glisser et de m'y étendre. Snoog fut plus rapide que moi pour m'ôter mes vêtements.
Je pus alors savourer sur ma peau la caresse bienfaisante de l'eau chaude, de la mousse au parfum délicat. La détente promise fut immédiate et je fermai les yeux, ne les rouvrant même pas quand Snoog me rejoignis et se glissa derrière moi. Je m'appuyai simplement contre lui alors qu'il refermait ses bras et ses jambes autour de moi. Nous étions réunis, nous n'aurions qu'une nuit, et je savais déjà qu'elle serait magique.
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