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Ma première petite amie se nommait Anna. Nous sommes restés ensemble de longs mois durant lesquels j'ai aussi fréquenté Éric. J'avais seize ans et j'entrais au lycée.
J'avais arrêté depuis peu les cours de natation, mais quatre années d'entraînement m'avaient permis de me sculpter un corps finement dessiné et musculeux. Ajoutant à cela la barbe drue que je rasais tous les deux jours, je paraissais déjà vingt ans.
Ma sexualité demeura longtemps conventionnelle, que ce soit avec des femmes ou des hommes.
Je ressentais un plaisir fou durant la phase de séduction, jusqu'au premier baiser.
Et tout en délicatesse, l'attirance se muait en excitation.
Les préliminaires, la pénétration, la jouissance.
L'acte sexuel était sacré. Respectueux.
À cette même période, ma relation avec ma mère se fragmenta définitivement. Je devenais un homme, libre de fréquenter d'autres personnes et de coucher avec. Je n'étais plus le jouet puéril d'une mère. Je n'avais plus peur d'elle.
L'acte sexuel était sacré et respectueux, à une exception prêt : ma première fois.
J'ai perdu ma virginité à quinze ans. Avec un homme. Avec Yohan, le nageur.
Il m'obsédait. L'apercevoir quelques furtives minutes lors de mes deux entraînements hebdomadaires ne me suffisait plus. Il fallait que je lui parle.
Je m'étais assis aux abords du bassin et je l'avais admiré nager, étirant son corps sous la surface. Je connaissais chacun de ses muscles, chacune de ses veines saillantes, les pulsations de son cou et ses tempes après l'effort. Il restait souvent dans l'eau après que son groupe eut fini l'entraînement. Il nageait encore quelques longueurs avant de rejoindre les douches. Ses co-équipiers étaient partis depuis longtemps et je l'attendais sur un banc, faisant mine de lacer mes chaussures. En réalité, je le laçais et relaçais depuis dix interminables minutes quand il m'interpella.
Y'a un problème gamin ? Son ton était à la fois désinvolte et viril. Une voix grave, suave. Une sonorité identique à celle qui s'échappait de sa gorge lorsqu'il lâchait un râle dans l'effort.
J'étais figé. Incapable de répondre. Je le fixais, mes yeux ne clignaient pas.
Il s'est approché de moi. Toujours assis sur le banc le dos courbé, mes mains occupées à triturer nerveusement mes lacets, mon visage s'est retrouvé à quelques centimètres du paquet formé discrètement sous la serviette qui lui centrait la taille.. J'étais hypnotisé par l’entremêlement de ses poils humides qui entouraient son nombril et s'ordonnaient en une ligne fragile jusqu'à disparaître sous le tissu.
Tu penses que je n'ai pas compris ton petit manège ? Tous tes regards ?
Je me rappelle avoir balbutié quelques syllabes déconstruites. Alors sous mon regard pétrifié, il a desserré l'étreinte de sa serviette qui a glissé en toute délicatesse le long de ses cuisses, de ses mollets, jusqu'à ses pieds. La toison de son pubis. Sa queue. À ma portée. Je n'avais qu'à tendre la main, tout comme je l'imaginais quand je pensais à Lui et Moi.
Puis il m'a guidé. Initiant les mouvements de mes lèvres sur son membre subitement dur. Sa main caressant mes cheveux, s'appuyant sur ma nuque, m'invitant à aller plus loin. Plus profondément.
Il m'a saisi par les épaules, m'a redressé. Nos visages se sont frôlés, alors j'ai cru qu'il m'embrasserait mais il m'a fait pivoté. J'avais chaud, j'aimais le goût de sa bite dans ma bouche, j'en voulais encore.
Morceau d'argile entre ses mains, il me malaxait, me pétrissait, me donnait forme.
Ses mouvements experts ont rapidement mis à nu mes parties les plus intimes. Alors, penché en avant, un pied en appui sur le banc tandis que le second, toujours au sol, tentait si fortement de maintenir mon corps debout, j'ai senti sa langue remuer au bas de mon dos, jusqu'à parcourir la distance reliant la naissance de mes fesses qu'il empoignait alors sauvagement. Puis il m'a dévoré, s’immisçant à l'intérieur de moi. Je gémissais, mon corps entier pris de tremblements.
Mon cœur s'emballait et comme si j'avais toujours connu cette sensation, j'exerçais un aérien mouvement de va-et-vient tandis qu'il se délectait de ma chair.
Comme lassé de ses petits jeux de langue que je désirais éternels, son sexe vint prendre la relève. Il ne me prévint pas, n'apporta aucune délicatesse excessive. Son bassin me cognait lourdement. J'avais mal. Sa queue frappait à l'intérieur. J'avais mal mais pour rien au monde n'aurai voulu que cet instant s'arrête.
Je secouais maladroitement mon sexe. Ses mouvements manquaient de me faire basculer en avant, mais il me retenait, fermement. Il a joui et je me suis laissé tomber, hagard, sur le banc.
La semaine prochaine, même jour, même heure. Il m'a adressé un clin d'oeil avant de disparaître.
Il m'a baisé un nombre incalculable de fois. Puis les choses se sont arrêtées, sans en dire un mot, tout naturellement.
À dix-neuf ans j'ai rencontré Violette. Alors qu'un foyer m'avait refusé l'hébergement et que je m'apprêtais à passer une nouvelle nuit dans ma voiture, elle me proposa l'hospitalité. Je ne sais plus comment les choses sont arrivées mais très vite nous étions nus tous les deux. Violette avait quinze ans de plus que moi, je suis devenu tout naturellement son élève.
Il y eut des jeux. D'abord soft et sensuels. Un bandeau sur les yeux, des liens, des morsures. Puis il y eut des drogues. Une jouissance absolue à tous les niveaux. L'impression que son vagin dévorait ma bite avec de petites dents acérées. Une certaine douleur oui, mais à la fois une putain de jouissance !
J'ai toujours préféré coucher avec des hommes qu'avec des femmes, même si j'aimais les deux. Pour la première fois j'étais accro.
Accro aux lignes délicate d'une femme. Ses seins, sa peau douce, son odeur.
Accro à son savoir-faire. Je la voulais, à toute heure du jour et de la nuit.
Je la désirais. Je voulais lui offrir mon corps lié à sa merci, constamment.
Les effluves de drogues que nous respirions me perdaient dans un éther éjaculatoire. Je lui donnais ma peau, mon esprit, mon sperme.
Les jeux montèrent d'un cran. Ils laissaient leurs marques sur la peau les lendemains.
Des brûlures, des liens trop serrés, des pinces, des lanières de cuir lacérant les chairs.
Je respirais de plus en plus. De mieux en mieux.. Dans la souffrance physique, je vivais pour la première fois.
Alors arrivèrent d'autres hommes, d'autres femmes et des créatures à la frontière des deux. Je m'amusais des rencontres, des corps s'emmêlant sans cesse. Un homme me pénétrant pendant que je pénétrais une femme qui elle même s'appliquaient à sucer un troisième homme. Des corps ne faisant plus qu'un. Un mille-pattes humain.
Des bites. Des bites.
Des chattes. Des chattes.
Et l'argent.
L'argent coulait à flots sur mon corps souffrant. Abîmé. Mutilé. Cicatrisant.
L'argent n'était plus un problème. Services et sévices rémunérés.
Tu n'étais qu'un oisillon tombé du nid quand je t'ai rencontré. Tu es prêt désormais, m'avait dit Violette. Plus rien ne t'arrêtera.
La souffrance m'a sauvé. Pour un temps seulement. Un sursis supplémentaire. Mais je me sentais vivant, prêt à mettre le monde à l'envers, flotter dans l'extase.
I feel alive
And the world I'll turn it inside out yeah
And floting around in excatsy
So don't stop me now.
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