"- Où suis-je ? Me posez-vous réellement la question ?

Et bien, je ne me lasse pas de tous ces gens qui gravitent et s'évitent. Ont-ils conscience de leurs gestes, de leurs castes ? Ils se retrouvent pourtant tous ici, pour la même chose, plus ou moins. Ils ne s'accorderont à peine un regard mais partagerons ce moment sans se soucier d'autre chose que d'eux mêmes. Diagnostiqués sociables par cette sortie, il n'en sont pourtant que le contraire en cet instant, ne formant que des groupes hermétiques, subtilement déformables.

Avant de vous dire où je me trouve laissez moi vous dire que j'adore ce rôle d'observateur.
J'agis comme eux après tout, me permettant tout de même, hypocritement, cette petite réflexion sur le cours des choses. Je juge leurs vulnérabilités et leurs codes, m'attendant sans cesse à ce que ma nature me les renvois. Je souris, les contemplent quand ils évoluent dans cette salle qu'ils nomment lieu de vie commune et qui pourtant en parait tellement dénuée. Colorée et si terne.

Oh ! Certains ont fini ! Ils se lèvent. Eclats de rire dans leur bulle étriquée. Aucun égard pour l'autre dont elle a frolé la paroi. Cette situation est étrange, banale, fascinante, avec tant d'égales.

Et ce qui est amusant, c'est que rien ne nous différencient, à notre plus grand regret.
Ah ! On aimerait tellement ressentir cette unicité que l'on oublie l'union que notre genre pourrait si facilement posséder. Hilarant n'est-ce pas ? Tout comme le fait de se retrouver, dans ce restaurant bondé du centre ville, à 12h41, ce jour ci, en évitant nos comparases. Drôle à s'en tordre de contempler ces gens qui partagent sans doute plus de points communs qu'ils ne l'aimeraient, à commencer par l'idée de ce lieu pour déjeuner. Comique d'étudier notre espèce dans ses diverses situations, sans qu'elle n'ai jamais conscience de son inconscient.

Ai-je répondu à votre question ? Bien-sûr ! Je me situe dans l'humanité. "