-Dépêche-toi Lino, tu es déjà en retard !

-C’est bon Violette, j’arrive, répondit-il.

Lino descendit, dévoilant un magnifique jeune garçon d’une vingtaine d’années. Ses cheveux bruns s’accordaient parfaitement avec son visage, bien que celui-ci était encore marqué par les traces disgracieuses d’une acné tardive et extrêmement virulente. Il s’était préparé durant plus d’une heure pour les épreuves d’entrée à l’Académie Militaire du royaume, qui avaient lieu ce jour-là. Elles étaient réputées pour posséder un degré de complexité particulièrement élevé. Cependant, il était très probable que Lino intègre avec succès les rangs de la garnison royale. Tout d’abord car il s’y était préparé pendant de longs mois, et ensuite, car l’armée royale avait besoin d’énormément de soldats pour défendre les frontières du royaume. En effet, cela faisait environ cinq ans que des créatures inconnues, dont tout le monde ignoré les motivations, menaçaient les frontières et luttaient contre les soldats royaux. Le gouvernement royal n’en parlait guère, certainement pour éviter d’inquiéter le peuple.

Lino sortit et se rendit à l’Académie. Comme chaque année, le roi devait tenir un discours avant le début des épreuves. Pour cette occasion, un tapis rouge impeccable avait été déroulé jusqu’à la tribune. Une grande partie des candidats étaient déjà arrivés. Lino rejoignit Ravalin, son fidèle compagnon, qu’il fréquentait depuis son plus jeune âge, installé au premier rang, et prit place près de lui. Une fois tout le monde disposé à débuter, le roi monta à la tribune. Cela suffit à faire taire l’entièreté de l’assemblée. Il était réputé pour être un orateur de talent, maîtrisant chaque expression de langage à la perfection. Sa sagesse le précédait et incitait au respect.

Ce ne fut malheureusement pas de sages paroles qui sortirent de sa bouche, mais un flot de sang, d’un rouge écarlate. Il s’écroula finalement, devant la foule, qui réalisait à peine ce qui venait de se produire. Une brise particulièrement fraîche parcourut la place. De nombreux gardes accoururent vers le souverain, étalé au sol. Lino pu apercevoir une flèche, logée dans le dos du roi. Mais d’où celle-ci avait bien pu être décochée ? La foule s’était dispersée précipitamment.

Ravalin interpella un garde qui passait à côté d'eux:

- Excusez-moi, je crois avoir vu un individu tenant un arc prendre la fuite dans cette direction.

- C’est très peu probable, la place est entièrement cernée par des soldats, personne n’a pu s’échapper, répondit-il avant de repartir rapidement.

Lino se tourna vers son ami :

- Es-tu sûr d’avoir aperçu quelqu’un ?

- Absolument certain, j’ai vu son arc, il le tenait dans sa main droite et il avait un carquois sur l'épaule.

-Tout cela est bien étrange.

Les deux compagnons se séparèrent et rentrèrent chez eux. Violette fut surprise de voir revenir son frère si tôt.

- Pourquoi tu es déjà rentré, la cérémonie s’est mal passée ? Et tu sais pourquoi des gardes parcourent la ville en long et en large ?

- C’est abominable, le roi a été assassiné à la tribune. Il a reçu une flèche dans le bas du dos, avant même d’avoir pu dire ne serait-ce qu’un seul mot.

- C’est… C’est affreux.

Après cela, Violette ne décrocha pas un mot de la soirée. Lino put apercevoir à plusieurs reprises de chaudes larmes perlées coulér sur son visage. Dehors, il avait commencé à pleuvoir. Et dire que plus tôt dans la journée, tout laissait penser que les doux rayonnements solaires n’allaient pas être dérangés. C’est dans une triste ambiance pesante que les habitants s’endormirent.

"Demain sera certainement meilleur" pensait Lino, mais les évènements tragiques de ce jour ne marquaient que le début d’une guerre, où les frontières et les races ne compteront plus.