Sur la convocation, c'est écrit « Présentez-vous à neuf heures à l'entrée de la base aérienne pour effectuer votre journée défense et citoyenneté ». Vraiment pas envie. « Les droits et les devoirs des citoyens ». Mais qu'est-ce que je fous là ?

Huit heures cinquante et toujours personne. Je suis le premier à être arrivé ou quoi ? Pas une voiture sur le parking, ni aucun autre moyen de locomotion d’ailleurs. Les gens qui habitent ici sont tous venus à pied ?
Bon, c’est clair que le bled est pas bien grand.
Maintenant que je me suis tapé quarante bornes, je vais quand même aller jeter un coup d’œil, sait-on jamais ?! Peut-être qu’il y aura quelques jolies filles à mater.

Caisse fermée, clés en poche, je me dirige vers le bâtiment où est censée se passer la journée. J’espère que ça sera pas aussi soporifique que ça en a l’air !

En arrivant devant la porte, je me souviens que mon oncle m’avait parlé de ses trois jours ; ouais, à son époque, ils avaient multiplié le truc par trois. Je me rappelle qu’il m’avait dit s’être amusé, avoir rigolé avec les autres et joué à des jeux-vidéo. Si c’est comme ça, ça sera peut-être sympa !

Je lâche un soupir, pousse le panneau vitré et pénètre dans le hall. Le silence m’accueille. Je sais que c’est pas un club de vacances mais j’aurais quand même espéré être mieux accueilli que ça...
Jetant un regard circulaire, j’aperçois deux portes ouvertes sur ma droite. Je hausse les épaules et me dirige vers la première. À mi-chemin de celle-ci, je surprends enfin une voix ; il était temps ! Je presse le pas et ouvre le battant. Il donne sur une grande salle dans laquelle on a lancé un documentaire sur l’armée.
Personne !
Je fais le tour de la table, décontenancé, et aperçois une flaque rouge sur le sol. Du vin ? Non, ça n’y ressemble pas, et ça n’en a pas non plus l’odeur. Je m’approche, m’accroupis à côté de la tâche avant d’y tremper mon index ; c’est du sang ! Vu la quantité, ce n’est sûrement pas un simple saignement de nez ! Mais qu’est-ce qui se passe ici ?
Un peu dérouté mais tentant de garder mon calme, je ressors de la pièce puis entre dans la suivante. Pas âme qui vive. Quelqu’un a eu un accident et tout le monde est parti avec lui, c’est la seule explication !
Après avoir constaté l’absence de monde dans chacune des pièces du rez-de-chaussée, je monte l’escalier direction l’étage. Le même silence y préside. Je sens la panique monter peu à peu. Je suis à deux doigts de faire demi-tour mais quelque chose m’en empêche.
Je m’apprête à ouvrir l’avant-dernier battant quand une sorte de cri retentit derrière celui à ma droite. Mon cœur s’emballe.
Doucement, je me dirige vers la poignée avant de la tourner doucement, ma curiosité me perdra ! Je tire la porte vers moi et aperçois une silhouette féminine moulée dans un tailleur aux couleurs de l’armée.
Enfin, j’ai trouvé quelqu’un !
Oubliant mes craintes injustifiées, je m’approche de la demoiselle quand celle-ci se retourne. D’abord obnubilé par son opulente poitrine rehaussée par sa chemise ouverte, je ne vois pas son visage. Un cri rauque sorti de sa jolie gorge barbouillée – barbouillée de sang ! me sort de ma transe. Elle fonce littéralement droit sur moi, mâchoires en avant et toutes griffes dehors !
Je ne demande pas mon reste et fuis aussi vite que mes jambes mes le permettent. J’atteins bientôt l’escalier mais ma poursuivante me talonne. Je redouble d’efforts. Cependant, je me prends les pieds dans quelque chose qui n’était pas là tout à l’heure : un corps !
Je dégringole les marches restantes et atterrit sur carrelage froid du grand hall. La zombie est au-dessus de moi ! Tout est fini !
— Debout Nick, me hurle-t-elle, tu vas être en retard pour ta journée d’appel !