Chapitre 5

9 minutes de lecture

- Alors ?
Gaby montrait une tenue de soirée à Nolwenn sur son téléphone portable. La jeune femme, sans se donner la peine de vérifier sur l’écran, répondit :
- Très bien.
- Tu n’as même pas regardé.
- Mais si c’est génial. Elle va t’aller comme un gant.
- De quelle couleur était-elle ?
No fronça les sourcils, surprise des doutes émis par son ami, et lui rétorqua :
- De quoi ? Ta robe ?
- Oui, ma robe. Puisque tu l’as vu, tu dois savoir de quelle teinte elle est, non ?
No toussa, déglutit, puis répliqua, non pas sans aplomb :
- Bien sûr. Elle est bleue.
- Non, grogna sèchement Gaby. Elle est noire.
- C’est ce que j’ai dit, elle est noire.
- En fait, elle est bleue.
- … Je me suis fait avoir, je crois.
- Totalement.
Les filles se trouvaient à la terrasse d’un bar, buvant un verre alors qu’un doux soleil printanier rayonnait au-dessus d’elles. Sandra révisait religieusement pour les partiels, relisant ses cours de linguistique et de grammaire. No, après avoir avalé une gorgée, demanda :
- Vous avez des nouvelles de Max ?
Sandra rétorqua sans décrocher de son livre :
- Il m’a donné la date de la fête hier, mais sinon rien de plus.
- C’est étrange, s’étonna No. Ce n’est pas dans son habitude d'être en silence radio.
- C’est toi qui dis ça ? ironisa Gaby en expirant de la fumée.
- Ça va ! répliqua No. Il n’empêche que c’est inquiétant.
Sandra posa son livre puis déclara tout en poussant un grand soupir :
- C’est juste qu’il est occupé pour le moment. Nous sommes toujours conviées à sa soirée de toute façon, tu n’as pas à te faire de soucis.
- Si tu le dis… J’espère que ça va bien se passer. J’ai besoin de me changer les idées en ce moment.
Gaby fixa son amie, puis le demanda :
- Tu lui as raconté pourquoi ils voulaient te kidnapper ?
À cette question, la jeune femme baissa les yeux dans le fond de son verre puis répondit avec une certaine tristesse dans la voix :
- Je n’ai pas eu le courage. C’est quelque chose de difficile à aborder. Je n’arrive pas à me confier à vous alors imaginez avec lui.
Ses deux interlocutrices demeurèrent silencieuses quelques instants puis Gaby assura :
- Tu trouveras la force de lui en parler à la fête. J’en suis sûre.
- J’espère que tu as raison, soupira No tout en jetant un coup d’œil sur son téléphone.
Les filles restèrent flâner sur leur terrasse jusqu’en début de soirée, pour ensuite aller réviser chez No.

Au même moment, Max, accompagné de Yann le sabreur, se rendait près d’une vieille usine abandonnée de Vannes. Les lieux étaient occupés par la police qui s’assurait qu’aucun curieux ne d’infiltrer l’endroit. Un homme d’une quarantaine d’années, vêtu d’un imperméable noir, hurlait des ordres à ses subalternes qui s’activaient dans tous les sens. Il avait d’énormes valises sous les yeux, traduisant une évidente fatigue accumulée sur les derniers jours. Il remarqua nos héros en train de s’approcher et déclara avec un certain dédain :
- Vous en avez mis du temps ! Heureusement que ce n’était pas urgent.
- J’ai besoin de mon quota de sommeil, rétorqua le blondinet tout en se décrochant la mâchoire. Sinon j’ai du mal à être au top.
- Il est quand même seize heures, commenta Max.
- Chut. On va pouvoir se passer de tes sarcasmes. On vous écoute Demetrius.
Le commissaire, déjà agacé par les gamineries des beubarz, poussa un long soupir. Il les conduisità l’intérieur du bâtiment et les fit s’arrêter devant un mur couvert d’une étrange peinture. Elle représentait le cadavre d’un homme entouré de rouge et de jaune. Les deux amis inspectèrent l’œuvre d’art et après quelques secondes, Max souffla :
- C’est une peinture… Je ne vois pas ce qu’il y a de problématique. Pourquoi nous avoir amenés ici si c’est pour contempler une simple œuvre d’art ?
Demetrius secoua la tête et expliqua, tout en affichant un air sévère :
- Vous voulez connaitre la raison ? Elle est bien simple. Ce n’est pas un graffiti sur un mur, c’est un cadavre.
- Quoi ? s’exclamèrent Max et le blondinet, choqué par les dires du policier.
- En effet, reprit-il, c’est la cinquième personne que nous découvrons de la sorte, et la troisième rien que cette semaine. Quelque chose se trame en ville et c’est pour ça que j’ai fait appel à vous.
Alors que le rouquin et le commissaire discutaient, l’épéiste s’approcha lentement du cadavre encastré à jamais dans le mur. Il sentait une étrange énergie s’échapper des couleurs composant cette fresque morbide. Il nota même qu’elle lui était familière, qu’il l’avait déjà ressenti auparavant. Max, qui voyait son ami avancer vers la victime, lui demanda :
- Tout va bien Yann ?
- Je crois savoir d’où provient cette sensation de déjà-vu.
- Comment ça ? s’étonna Demetrius.
- Nous avons appréhendé deux démons il y a quelques jours, et ils ont été tués par une matière similaire à celle-ci.
- Il est possible que les deux affaires soient liées, supposa Max tout en farfouillant dans son sac. Mais nous n’avons pas de moyen immédiat pour le vérifier.
Yann avait quasiment le nez collé à la peinture, et alors qu’il s’apprêtait à la toucher, Demetrius s’écria :
- NON NE FAIS PAS ÇA !
Cependant, cet avertissement arriva trop tard. Le sabreur effleura le jaune de l’œuvre et aussitôt, un éclair en jaillit et frappa le jeune homme de plein fouet. Ce dernier poussa un cri de douleur et fut propulsé plusieurs mètres en arrière. Le commissaire et ses subordonnés se ruèrent autour du Beubarz au sol pour vérifier son état tandis que Max, qui ne semblait pas inquiet pour son compagnon, fouillait toujours dans son sac. Alors qu’ils pratiquaient/lui administraient les gestes de premiers secours, Yann se redressa et se remit debout comme si de rien n’était. Ses sauveurs le fixèrent la mâchoire décrochée, ne comprenant pas comment il avait réussi à survivre. Le jeune homme frotta les épaules de son blouson et déclara tout en se recoiffant :
- De l’énergie démoniaque compose cette peinture, je peux l’affirmer avec certitude maintenant.
Demetrius, encore sous le choc de ce dont il venait d’assister, s’écria :
- Il n’y avait pas d’autres moyens ?! Par exemple analyser la substance en laboratoire ?!!! Vous êtes vraiment…
- Des génies, nous le savons. coupa Max. En attendant, nous n’avons pas de temps à perdre. On vous contacte si on a du nouveau ! On vous prend un peu de cette substance au passage !
- Mais…
Les deux Beubarz partirent avant qu’il ne puisse finir sa phrase. Ils se rendirent à la voiture de Yann, et alors qu’ils grimpaient dedans, ce dernier demanda :
- Que faisons-nous du coup ?
Max s’installa sur le siège passager et tout en consultant son téléphone, il déclara :
- Tout ce que je peux dire, c’est que nous allons veiller tard ce soir. J’espère que tu n’as rien de prévu.
- J’avais un rendez-vous avec mon insomnie, mais je peux le repousser à plus tard sans problème.
- Parfait ! approuva Max en souriant. Dans ce cas, je leur dis de nous rejoindre au lieu de rencontre habituel. En route Tornado !
- C’est une voiture, tu le sais ça.
- En route Renault !
Yann leva les yeux au ciel, puis tourna les clés dans le contact. Le véhicule fit un léger ronronnement et fila en direction du centre-ville tandis que d’autres camions de police se rendaient sur la scène de crime.

Au même moment, un homme et une femme discutaient à l’accueil d’un hôtel. La femme questionna son collègue sur l’un des clients :
- Penses-tu que la personne qui a réservé la totalité de l’avant-dernier étage ainsi que la chambre du sommet est une célébrité?
- J’ai cru comprendre qu’il bossait dans l’art, marmonna l’hôtelier en tapotant sur son clavier. En même temps, il devait loger toute son équipe avec lui… Ça fait à peu près une dizaine de résidents.
- Ils viennent pour une exposition ? C’est marrant… Il me semblait qu’il n’y en avait pas en ce moment sur Vannes.
- Aucune idée. Il nous a payé un mois en avance, donc il peut faire ce qu’il veut, ce n’est pas mon problème.
Dans sa chambre, la fameuse célébrité se révélait être le Baron Pikasau accompagné de sa garde rapprochée. Il s’agissait de plusieurs démons recrutés au fil des années et qui effectuaient ses plus sombres besognes. Ces derniers, nommés les Artistes Maudits, étaient au nombre de sept. On raconte qu’ils n’ont été réunis en totalité qu’une seule fois dans toute leur existence, pour récupérer une œuvre dans une cité du monde arabe. Lorsque les autorités sont arrivées sur place le lendemain de leur passage, il n’y avait plus rien. La cité avait été rayée de la carte.
De retour dans la chambre, l’un des Artistes Maudits, une démone borgne, demanda à son chef :
- Je ne comprends pas… Pourquoi nous amener ici si notre cible est dans une autre ville ? Nous n’avons qu’à nous y rendre et l’éliminer ! Ça nous évitera une perte de temps inutile.
Le baron se mit à ricaner face à l’insolence de sa protégée, et lui rétorqua avec sérénité :
- Je ne vous connaissais pas si naïve Mona. Ils savent que nous sommes là. Ils nous attendent de pied ferme. Je peux vous parier que plusieurs d’entre eux sont en train de surveiller notre chère petite voleuse en ce moment.
Un autre démon appuyé contre la fenêtre poussa un soupir. Son visage était couvert de cicatrices et il cachait son regard derrière d’impressionnantes lunettes de soleil. Il ajouta :
- Si je peux me permettre Mmonsieur, ça ne répond pas à la question de Mona. Et qui sont ces « Ils » ?
- C’est vrai, acquiesça Pikasau. La réponse est toute simple. Je veux les prendre au dépourvu quand ils s’y attendront le moins, quand ils se penseront en sécurité. Et “ils” senomment « The Band », d’après mes informateurs.
- The Band ?! s’écria une jeune femme au look lolita. On parle des prodiges spéciaux qui ont arrêté des démons par dizaines. Ils sont plutôt craints dans le monde démoniaque.
- Tout à fait, confirma Pikasau.
Un autre démon, habillé comme un barman, déclara, alors que son visage affichait un air sinistre et morbide :
- Je sais qui ils sont, ils ont envoyé ma sœur à l’Area 404. Il ne faut pas les prendre à la légère.
Une personne était restée silencieuse jusque-là. Elle était assise dans le fauteuil en face de Pikasau, et regardait une poupée en chiffon couverte de taches noires. De sexe masculin, il cachait sa bouche derrière un étrange cache-nez. Il posa l’objet qu’il tenait et dit tout en serrant le poing :
- Dans ce cas… Nous n’avons plus qu’à attendre patiemment. Nous avons hâte d’en découdre, Maitre.
Le baron alluma un cigare, et tout en le fumant, il répondit :
- C’est exactement ce que je voulais entendre.

- Non rien à signaler, dit le garçon aux cheveux ébouriffés. On s’ennuie plutôt pas mal pour tout t’avouer.
Lui et l’homme en jogging se trouvaient tous les deux dans un local abandonné qui faisait face à l’appartement de No. Cela faisait plusieurs jours qu’ils planquaient pour s’arranger que personne ne vienne s’en prendre à elle. Le beubarz au style capillaire chaotique était au téléphone avec Max qui lui annonça :
- C’est mieux ainsi. Ça veut dire qu’ils ont compris que nous la surveillons. La fête aura lieu dans quelques jours. Donc, faites-en sorte de partir avant elle.
- Tu peux compter sur nous.
- Parfois, à plus tard.
Max raccrocha. Il était accompagné de Yann, Rom et le géant. Ce dernier demanda :
- Alors ?
- Thomas m’a confirmé que tout allait bien, assura Max. On va pouvoir se concentrer sur l’enquête.
Yann fronça les sourcils :
- Attends… On n’a pas encore le retour des analyses… Ce n’est pas un peu…
- J’ai regardé la carte des différentes attaques. Elles ont toutes lieu dans la même région, à savoir l’ancien quartier industriel… qui est loin de toute habitation. C’est sûrement pour s’éloigner de leur véritable repaire.
- Logique… concéda Yann tout en se grattant le dos. Donc je suppose que nous allons devoir patrouiller dans la zone.
- C’est ça. Vincent ! s’exclama le rouquin en se tournant vers le géant. On va se séparer en deux équipes, tu vas fouiller la partie ouest du quartier avec Rom tandis que Yann et moi allons nous occuper la partie est.
- Hey ! s’écria Rom tout en retirant ses lunettes. Comment ça se fait que ce soit lui le chef ? Et où est Adrian ?
- Sans doute parce que toi, tu es trop sanguin… et incontrôlable, répliqua Vincent tout en esquissant un sourire moqueur.
- Ah, souffla Rom. Ça se comprend en effet.
- Quant à Adrian, ajouta Max. Il est occupé avec les analyses. Il nous rejoindra plus tard. On peut y aller, on se contacte par portable toutes les demi-heures.
Les deux équipes partirent chacune de leur côté, prêtes à en découdre avec n’importe quel danger qui allait croiser leur chemin.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire Maxime Lionheart ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0