Cycles
Corinthien 6.9 : Un jour de mai, sans compromis. De la maison sombre de silence sortit un homme que personne ne reconnut, à sa démarche syncopée. Du sang au bord des lèvres, peau lunaire, regard vide, voilà ce qui traînait ses guêtres : une chose affreuse, pitoyable. Ses vêtements mouchetés, souillés jusqu’à la lie, refoulaient l’odeur même d’une mort mystérieuse. Invisible, elle le suivait jusqu’à son ombre, tranchée au couteau sur le macadam froid.
Osée 4.5 : Il clopina en direction du village dans l’indifférence des anciens. Quelques enfants en quête de soleils s’écrièrent, à son passage, pétillants comme des feux d’artifice « un zombie ! un zombie ! » avant d’être condamnés au muselage par des claques sonores. Or, l’homme ne se retourna pas : jamais.
Osée 4.6 : Les regards des parents, indignés, suivirent la silhouette maudite jusqu’à l’horizon : un souffle de lassitude entre deux sourires en coin, alors que l’homme étrange battait le pavé, claudiquait, bras ballants, sans allant.
Luc 10.34 : Or, ces soubresauts dégingandés n’amusèrent personne, une fois qu’il fut arrivé au village : on en voyait tellement de ces hommes qui se déracinent, dont le sang n’est plus pur, mais imbibé de rêves cauchemars : ils franchissent la porte toujours ouverte de cette pharmacie de l’âme. Dans cette distillerie à ciel ouvert, petite fabrique de zombies, ils se gorgent d’un précieux nectar pour oublier, oublier ce qui est au-delà du reflet, et de ses degrés : les fragments douloureux d’une vie sacrifiée.
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