Chapitre 3 : Observation glaciale

4 minutes de lecture

A la sortie des cours, comme à leur habitude, les quatre amis se retrouvent pour parler encore un peu, dans le parc devant le lycée. Un lieu envoûtant qui se détache du reste du quartier du fait de sa verdure aux couleurs multiples et chaleureuses en été. Mais également par la mélancolie qui s'en dégage habituellement en automne, quand les liquidambars perdent leurs feuilles colorées aux nuances de rouge. Après cela, ils se séparent chacun de leur côté, excepté les deux frères qui partent ensembles. Allan part aux alentours de 19h après avoir imprimé des cours qu'il doit rattraper dû à tout ce qu'il a déjà séché. Il est seulement 19h mais il fait déjà noir dehors, étonnamment sombre pour un mois de novembre. L'atmosphère est d'un calme plat et tout semble mort à cause du froid. Un froid également peu commun en cette période de l'année. Les arbres ne possèdent plus que leurs branches dévorées par la température et le peu de fleurs restantes sont ornées d'une couronne de gel.

- Il frissonne. Brrrr...Il caille et on est même pas encore en hiver, je vais mourir ici moi. Pour une fois, je devrais écouter maman et prendre un manteau...

Lors de son chemin il décide de passer par un autre trajet, plutôt inhabituel à vrai dire, mais pour ne pas voir sa mère tout de suite après leur dispute, tous les moyens son bons. Tout à coup, au tournant d'une ruelle lugubre plongée dans l'obscurité, il s'arrête, un frisson parcourant tout son dos, si fort qu'il a l'impression que sa colonne vertébrale va geler. Comme si quelque chose...ou quelqu'un l'observait. Il se retourne d'un coup et jette des regards à droite à gauche, il scrute non seulement la ruelle mais également la rue qui l'entoure, comme un chiot apeuré, le froid dans l'air semble presque disparaître tant l'adrénaline monte en lui.

Rien, absolument rien, la rue comme la ruelle sont vides. Il n'y a pas l'ombre d'âme qui vive. Allan hésite à s'asseoir sur un banc à quelques mètres de lui pour reprendre son souffle, mais il ne se sent définitivement pas bien ici et décide l'accélérer le pas jusqu'à chez lui. Au loin, derrière le mur d'une librairie abandonnée, une ombre le regarde partir sans bouger, puis disparaît dans la pénombre. Arrivé chez lui, Allan monte directement dans sa chambre à l'étage et s'y enferme.

- C'était quoi ça..? J'aurai juré qu'il y avait quelqu'un. Non, non non, devient pas barge Al, on en a assez dans l'équipe. Mais j'avais jamais ressenti ça...

Soudain, alors qu'il est perdu dans ses pensées, sa mère vient toquer à la porte.

- Allan ? Tu viens manger ?

Allan, perdu dans ses pensées et dans un élan de colère après leur discussion du matin:

- Non, fous moi la paix.

Sa mère, choquée, ne peut une fois de plus retenir ses larmes, avant de tourner les talons et de redescendre sans même lui répondre. Allan mit quelques secondes à réaliser son erreur avant d'ouvrir en trombe la porte et de la suivre en courant.

- Attends, maman, c'est pas ce que je voulais dire excuse moi... Et pour ce matin aussi...Je sais que j'assure pas en ce moment, et j'ai eu une mauvaise fin de journée, désolé.

Sa mère le prend dans les bras soudainement, comme une mère réconforte son fils, ce qui ne manque pas de gêner Allan, qui malgré cela ne bouge pas d'un pouce.

- Qu'est ce qu'il s'est passé tout à l'heure pour que tu sois comme ça ? T'es tout blanc mon chéri.

Allan, à la fois content et étonné qu'elle lui demande ça après les mots durs qu'il lui ait dit aujourd'hui, se met à rire nerveusement.

- Si je te le disais, tu te moquerai de moi, même moi je me sens bête.

Elle le regarde sérieusement et seul un sourire doux apparaît sur son visage.

- Et bien on aura l'air bête à deux, dis-moi tout.

Allan lui raconte alors, tout sans exception, de ses rêves récurrents à ce qu'il a vécu moins d'une heure auparavant .Sa mère l'écoute raconter toute son histoire, attentive, sans se moquer une seule fois. A la fin de son histoire, Allan se sent comme retiré d'un poids. Sa mère, elle, semble réfléchir.

- Qu'est-ce qu'il y a ? Tu trouves ça bête ?

Elle ne répond pas. Elle ne l'écoute même pas en fait, ce qui agace Allan, d'un naturel assez nerveux.

- Maman ! T'es là ?

Soudain, elle revient à elle, comme ailleurs, semblant même un peu perdue.

- Hein ? Euh, oui, oui mon chéri désolé, je me disais juste que cette histoire de te sentir observé était assez étonnante.

Allan, étonné et perplexe, se met à souffler.

- Ben oui, c'est ce que je me tue à te dire, c'était carrément flippant, j'ai cru qu'un psychopathe me suivait moi, je veux pas être kidnappé et amené dans une cave !

Sa mère le regarde avec un sourire un peu faux et lui lance:

- Oui, puis surtout, même un psychopathe ne voudrait pas avoir à te nourrir et te supporter au quotidien !

La mère et son fils se mirent à rire ensemble, mais une atmosphère étrange planait au dessus de ces rires, quelque chose de moins joyeux se tramait.

Annotations

Vous aimez lire Leaping ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0