Allan et son ami restent là, à fixer cet homme effrayant, sans bouger. Tout à coup, Alistair recule d'un pas, n'arrivant plus à contrôler son corps. Allan le regarde et se dit qu'ils ne doivent pas rester là plus longtemps, sans même comprendre ce qu'il s'y passe.

- Alistair, on se casse, il y a un truc pas normal avec ce type. Je sais pas si la librairie a été rachetée, mais je me sens mal rien qu'en la regardant.

Alistair approuve de la tête et les deux compères se mettent à partir en ne quittant pas des yeux l'homme à la fenêtre. Une fois à l'écart du lieu, ils décident de se poser à la terrasse d'un café où ils aiment bien venir pendant leurs jours de repos, afin de souffler et de se remettre de leurs émotions. L'odeur de croissant chaud et de viennoiseries en tout genre chatouille leurs narines. Bien que leurs esprits soient en ébullition, ni l'un ni l'autre ne prend la parole. Ils restent là, silencieux, le regard dans le vide.

- ...sieur. Monsieur !

Allan sursaute.

- Hein ? Quoi ? Pardon.

La serveuse les regarde à la fois étonnée et amusée.

- Et bien, vous avez vu un fantôme ? Vous êtes plutôt du genre bavard habituellement tous les deux.

Les deux amis se regardent et ne peuvent s'empêcher de glousser nerveusement, ce qui rend la situation incompréhensible pour la jeune fille, presque agacée.

- J'ai dis une bêtise ? Bon, je vous sert quelque chose ?

Allan arrête de rire et tente de redevenir un peu sérieux.

- Non, excusez nous, on a juste...Enfin. Oui, je vais vous prendre un café s'il-vous-plaît. Toi, Al, un Capuccino je suppose ?

Alistair acquiesce et la serveuse part préparer leur commande. Une fois servis, les deux amis commencent à discuter de ce qu'ils ont vécu. Un délicat arôme de cacao flottant dans l'air les aident à se détendre le temps d'une seconde. Alistair prend la parole le premier.

- Allan, j'ai vécu des choses bizarres dans ma vie, mais ça, c'était vraiment pas normal. Ce type, t'as vu son regard ? J'ai cru que j'allais tourner de l'oeil rien qu'en voyant sa tronche.

Allan, en pleine réflexion, hoche la tête.

- Ouais, c'était pareil pour moi, j'ai déjà eu peur, pas qu'une fois d'ailleurs, mais là, cette sensation...J'ai cru que...Qu'on allait...

Alistair le coupa.

- Crever.

Allan lève les yeux, livide.

- Ouais, crever.

Les deux amis redeviennent silencieux quelques secondes. Le temps semble s'être arrêté. Mais Allan reprend la parole.

- Putain, je rêve toujours de trucs plus ou moins extraordinaires, qui changent un peu mon quotidien morne et...

Alistair l'interrompit.

- Ah ben sympa pour les copains ça...

Allan rigole et reprend.

- Non pas comme ça, t'inquiète pas. C'est juste que, j'aimerai connaître autre chose que cette vie. Réveil, boulot, dodo. C'est ça que tu veux ? Moi je veux rêver mec. Mais là, quand enfin il m'arrive un truc, il faut que ce soit la rencontre avec un potentiel psychopathe.

Alistair ne surenchéri pas, probablement approuve t'il les dires de son ami. La discussion continue pendant de longues minutes, avant que les deux amis décident de rentrer chez eux pour se reposer et se changer les idées. Une fois arrivé chez lui, Allan se place devant sa console, dans le salon et insère le CD de "The Elder Scrolls IV Skyrim" , dans sa console. Il joue jusqu'à 14h, heure à laquelle sa mère finie son service du matin. Voir son fils affalé sur le canapé sans avoir manger la met légèrement en colère.

- Allan ! Tu es incapable de faire un repas, si je ne suis pas là ? Tu as vu l'heure ?

Allan regarde son portable, étonné.

- Oh, merde ! Désolé maman, j'ai pas vu l'heure passée, je vais faire ça, donne moi deux secondes, je coupe la Play.

Hannah soupire et s'asseoie sur une chaise.

- Aaaaah... Quelle galère ce midi, j'ai cru que ça n'en finirait jamais.

Allan se moque d'elle.

- On se fait vieille ?

Elle le regarde avec un air hautain, volontairement exagéré.

- Dis donc merdeux, on respecte les anciens !

Mère et fils rigolent, la pièce se voit réchauffée par leur bonne humeur, ce qui leur fait du bien à tous les deux. Allan décide de faire un plat de riz épicé au boeuf, dont le fumé enveloppe la cuisine et le salon. Malgré son âge et sa feinéantise, Allan se révèle, en effet, être un fin cuisinier. Une fois le repas prêt, ils se mettent à table, où ils discutent de leurs matinées respectives. Allan préfère de pas dire ce qu'il a vécu à sa mère, de peur qu'elle s'inquiète ou ne se moque de lui. Tout à coup, Hannah se tape la tête et se lève en courant vers son étagère.

- Quelle idiote, j'allais oubliée ! La librairie a ré-ouvert ce matin. Tous ceux qui veulent faire des dons sont les bienvenus, donc trie ce que tu veux donner, c'est toi qui ira cet après-midi, amener le carton.

Allan regard sa mère, blafard.

- Sérieusement... ?