L'homme dévisage Allan et l'analyse de la tête au pied. Il porte une tenue de soldat à première vue, mais à bien y regarder, l'armure semble plutôt claquante pour un simple archer. Sûrement un haut gradé.

- Je t'ai demandé qui tu étais ! Réponds ou tu es mort ! T'es un Hagrarien !?

Allan prend conscience de la situation dans laquelle il se trouve et lève les bras, comme en signe de soumission.

- Non ! Attendez ! Tirez-pas s'il vous plaît ! Je suis pas un Hagrachose, je suis un humain !

L'homme s'énerve de plus en plus, son visage se mettant à rougir et les tempes laissant apparaître de grosses veines.

- Non, sans blague ! Je vois bien que t'es un humain abruti ! Quelle nation !?

Allan est totalement perdu et bafouille à chaque mot qu'il prononce.

- Je...Non, je suis pas...Je suis pas d'une nation...Je m'appelle Allan ! Je viens de tomber dans ce monde...Je sais pas où je suis ni ce qu'est ce monde. Je recherche juste des réponses !

L'homme, irrité, perd patience et n'accorde aucun crédit aux mots d'Allan. Il guette autour du jeune homme, pour voir si des ennemis se cachent en embuscade, puis hurle à ses hommes ses ordres.

- Ouvrez le pont-levis et capturer le gamin ! Bougez-vous !

Soudain, face à Allan, l'immense pont se baisse lentement, laissant sortir un bruit de chaînes métalliques , qui frottent contre les engrenages. Arrivé en bas un énorme bruit sourd retentit, laissant s'échapper de la poussière. A ce moment là Allan tente de voir l'intérieur du royaume, mais sa seule vision est celle de soldats armés jusqu'aux dens et arrivant en courant vers lui. Leurs armures claquant contre le sol, un spectacle à la fois saisissant et effrayant pour le garçon qui rêve d'en devenir un depuis son enfance.

- Attendez ! Je suis pas armé !

Un des plus costauds, un gaillard d'au moins un mètre quatre-vingt-dix, l'attrape et le plaque violemment par terre, laissant la tête du jeune homme taper contre le sol, lui faisant perdre totalement ses repères.

- At....Aaaaah ma tête... Attendez...Je...

Il tombe dans les pommes avant de pouvoir finir sa phrase.

- Il est comme ça depuis trois heures, on devrait faire quoi ? Je lui jette un cailloux ?

- Non ! Le roi le veut en bon état. Il veut le questionner sur Hagraria.

- Un espion vous pensez ?

- J'en sais rien, on verra bien.

Allan, encore sonné et les yeux fermés, entends ces voix, sans savoir qui parle. Doucement, il ouvre les yeux, voyant petit-à-petit un plafond de pierre, humide et sale au dessus de lui.

- Hmmmm... Je suis où...? Aaaahh ma tête... Qu'est ce qu'il s'est passé...?

Il se redresse et en regardant autour de lui, il comprend qu'il se trouve dans une cellule. Le lieu sent incroyablement mauvais et n'est constitué que d'un lit de bois, d'un peu de paille, probablement pour les besoins et d'un verre en cuivre dégouttant, sûrement pour boire. Une odeur d'excréments et de foin flotte dans la pièce, faisant presque vomir Allan. Alors qu'il tente de se relever, un petit homme, en armure de métal, vient taper contre la grille de sa geôle.

- T'es réveillé l'espion ? Alors comme ça, vous croyez que vous pouvez nous narguer sans retombées ?

Allan regarde l'homme, le regard dans le vide. Il est petit, avec une calvitie, possède un nez crochu et des dents jaunes. Un véritable cliché de mocheté, devant avoir maximum cinquante ans.

- Je...Je ne suis pas un espion, je ne sais rien de tout ça...

- Ouais, c'est ça ! Tu feras moins le malin devant le bourreau ! L'homme se met à rire.

Allan, effrayé et perdu, commence à pleurer.

- S'il vous plaît... Je n'ai rien fais...

Soudain, un second homme, en armure d'argent, apparaît. C'est un beau jeune homme d'une vingtaine d'année, dont les cheveux, blonds dépeignés, s'échappent du haûme. Il fait approximativement un mètre quatre-vingt et est assez fin. Celui-ci est clairement un chevalier et non un simple soldat.

- Almerick ! Arrête de le faire chier ! Je le veux en pleine possession de ses moyens et reposé pour son audience avec le roi.

Le petit soldat se met au garde à vous et un visage effrayé apparaît sur sa face.

- Oui, chef ! Excusez mon impudence !

Le supérieur, étonnamment bien respecté pour son jeune âge, ordonne au plus vieux d'ouvrir la porte de la cage et vient se placer face à Allan, avant de lui sourire.

- Excuse mon subordonné jeune homme, c'est un crétin. Je m'appelle Anselm, je suis le chef de la garde. Comment t'appelles-tu mon garçon ?

Allan sèche ses larmes et seule une petite voix sort de sa bouche.

- Allan...

L'homme pose le genoux au sol et sa main sur le genoux d'Allan.

- Enchanté Allan. Je suis désolé du traitement que tu as subis. Tu comprendras qu'on est assez tendus en ce moment avec ce qu'il se passe.

Allan peine à répondre à l'homme, effrayé de ce qu'il pourrait lui faire, malgré la gentillesse dont il fait preuve à son égard.

- Je ne sais pas non...Je ne connais rien de ce monde...On arrête pas de me parler de nations, de Hagratruc et j'en pense. Je ne comprend rien à vos histoires. Si je suis venu dans votre royaume, 'était pour avoir des réponses, pas pour me faire lyncher...

Le soldat regarde Allan étonné.

- Tu ne connais rien de notre monde ? Tu parles de Olovion ? Ou de Vivarus ?

Allan, étonné regarde l'homme.

- Olovion ? C'est quoi ?

L'homme éclate de rire.

- Olovion, c'est l'endroit où tu te trouves actuellement mon gars ! C'est le plus grand royaume du Sud, ni plus ni moins.

Allan, fixe Anselm, plus aucune peur dans ses yeux, seulement de la détermination se lit sur son visage, ce qui ne manque pas d'étonné le soldat.

- Oula, quoi ? J'ai dis une bêtise ?

Allan se redresse totalement.

- Attendez...Vous voulez dire qu'il y a d'autres royaumes comme celui-ci ?