Chapitre 17 : Explications inversées
Les trois hommes s'installent autour de la table où le somptueux festin les attend et le roi fait signe aux servants de leur servir de l'eau, ce qui étonne Allan, qui n'en a pas l'habitude.
- Non laissez, je peux le faire !
Le roi et Anselm fixent Allan, comme stupéfaits, avant de rire ensemble.
- Je n'avais jamais vu ça de toute ma vie et toi Anselm ?
- Jamais père. Allan, les servants sont là pour ça ne t'inquiète pas.
Allan comprend son erreur et tend son verre.
- Merci, excusez-moi.
Après ce moment des plus étranges pour les natifs du royaume, le roi décide de questionner Allan plus profondément.
- Dis-moi mon garçon, dans l'hypothèse où tu viendrais effectivement d'un autre monde, à quoi ressemble t'il ? Comment s'appelle t'il et quel quel genre de créatures y croise t'on ?
Allan, alors en train de mâcher un énorme morceau de boeuf, commence à parler la bouche pleine, comme si il était encore chez lui.
- Alors ench faicht...
Anselm soupire et coupe le jeune homme.
- Tiens toi correctement à table au moins...
Allan réalise alors son erreur et avale sa viande avant de s'essuyer la bouche.
- Oui, pardon, c'était déplacé... Je vous disais donc...Ah, oui. Dans mon monde, si je puis dire, il y a des humains, comme vous et moi. Mais également des animaux de toutes sortes, mais toujours très simples généralement. Nos lapins, par exemple, sont très différents de ceux de Brunswick.
Le roi frotte sans moustache grisonnante, en pleine réflexion.
- Ah oui ? Différents dans quel sens ?
Allan rigole tout seul.
- Et bien, ils ne mangent que des légumes, pas des humains.
Le roi et Anselm restent pantois.
- Des lapins de Brunswick qui ne sont pas carnivore ? Quel monde intéressant !
- Je suis d'accord père, si on pouvait se débarasser de cette vermine !
Le roi fait signe à Allan de continuer.
- Nous n'avons en revanche pas de créatures fantastiques.
Anselm prend les devants cette fois.
- Fantastiques ? Comment ça ? Que veux-tu dire par là ?
Allan le regarde, interloqué.
- Et bien, je veux dire que nous n'avons pas de dragons, d'oiseaux géants multicolores ou de chevaux à six pattes.
Une fois de plus, les deux spectateurs réagissent comme des enfants qui apprennent le fonctionnement de la vie.
- Ooooh, vraiment ? Mais quelle chance !
- Pas de dragons ? Quel monde paisible cela doit être ! Cela dit, les dragons sont pas ce qu'il y a de pire.
Allan reste interpellé par cette phrase, mais continu tout de même.
- Pour finir, mon monde s'appelle la Terre. C'est un endroit simple, avec des paysages simples. De petits champignons, des arbres normaux. Pas de monstres, pas de royaumes, pas...
Il se fait à nouveau couper par Anselm.
- Pas de royaumes !? Mais comment faites vous ? Comment dirigez vous le peuple ? Comment menez vous vos batailles ?
Allan ne peut s'empêcher de sourire face à la réaction du chevalier.
- Tout d'abord, le peuple s'appelle citoyens. Tout les gens sont égaux. Le dirigeant s'appelle président et il n'est pas au dessus des autres, c'est seulement le représentant de ce qu'on appelle état, où vît la communauté qui occupe le pays. Enfin, la guerre existe, évidemment, mais elle est plus rare et des soldats sont entraîner pour ça.
Le roi et son fils restent presque sans voix. Cela leur semble innimaginable.
- Tout les gens sont égaux ? Quelle idée saugrenue...
- Des soldats entraînés spécialement pour la guerre ? Quel genre d'épées manient-ils ?
Allan ne peut s'empêcher de pouffer.
- Les épées ne sont plus utilisées depuis presque trois-cent ans dans mon monde. Les armes à feu les remplacent, notamment les fusils d'assault, comme par exemple le...
A ce moment, il se rend compte qu'il a perdu ses deux spectateurs et interrompt son histoire.
- Enfin, pour faire simple, c'est différent.
Le roi, toujours en train de réfléchir, pose une question qui le travaille à Allan.
- Mais...Si tout le monde est égal à tout le monde, comment distingue on les riches des pauvres ? Les riches sont-ils, comme ici, les seuls à posséder un nom de famille ?
Allan, amusé, continu à expliquer au deux hommes, prenant plaisir à être celui qui explique au lieu d'être perdu.
- Non, pas du tout, c'est pûrement financier. Les riches ont seulement plus d'argent, ils ne sont pas toujours au dessus. D'ailleurs j'ai moi aussi un nom de famille.
Le roi semble prendre plaisir à en apprendre plus.
- Fascinant...Et quel est-il mon garçon ?
Allan, fier, répond gaiement.
- Foster. Je m'appelle Allan Foster !
Soudain, le roi recule et Anselm se lève brusquement, faisant basculer sa chaise, avant de dégainer à nouveau son épée vers Allan.
- Foster !? Tu es de la lignée de ce sale rat !? Je pensai que tu étais bon et tu t'es joué de nous !
Allan n'arrive pas à répondre tant il est choqué et se contente d'assiter, impuissant, à un jugement qu'il ne comprend pas. Le roi met sa main devant l'épée de Anselm.
- Attend Anselm ! J'ai la pierre de Rakanam avec moi, il ne ment pas, il vient bien d'un autre monde. C'est sûrement une coincidence.
Anselm, énervé, a du mal à se contrôler.
- Mais père... Il...
- Assez, Anselm ! La pierre de ment jamais.
Le chevalier, frustré, mais comprenant son tord, rengaine son épée, couvert de honte et s'incline devant Allan.
- Je...Mon père a raison...Pardonne moi Allan, j'étais dans le tord, j'ai mal agit !
Allan, toujours désoreinté face à ce qu'il vient de se passer, se contente d'un faux sourire en coin.
- C'est...C'est pas grave, Anselm...Tout le monde peut se tromper...
Puis, il regarde le roi pour le questionner à son tour.
- Votre altesse, ce collier, enfin, cette pierre...Vous avez dit qu'elle ne ment jamais, que vouliez-vous dire par là ?
Le roi sort son collier et laisse apparaître la pierre de sa capuche, avant de la montrer à Allan.
- Voici la pierre de Rakanam.C'est une rune de magie très ancienne qui permet à son porteur de savoir si son interlocuteur ment, ou non.
Allan reste subjugué.
- Vous avez également de la magie ?
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