Allan reste bouche bée face à ce spectacle, pourtant presque invisible, tant la créature est loin de loin et le ciel sombre. La créature de ses rêves d'enfant, à seulement quelques centaines de mètres et la vue si splendide, se prêtant parfaitement à cela.

- A vue d'oeil, il doit mesurer facilement vingt mètres...Non, au moins trente.

Soudain, alors qu'il suit l'animal du regard, celui-ci accélère subitement et disparaît dans la noirceur de la nuit, en passant derrière une falaise.

- Dommage, c'était trop court...

Il regarde l'heure sur son téléphone.

- Merde...Plus que trente pourcents de batterie...Oh non ! Il est déjà dix-neuf-heure trente, faut que je me bouge !

Il jette une dernier regard à la vue de son balcon, puis part en trombe dans la chambre pour préparer. Il prend un bain en quelques minutes et enfile une des tenues que lui ont déposé les servantes. Il est désormais dix-neuf-heure cinquante. Il enfile ses chaussures et quitte la pièce doucement. Maintenant, il ne reste qu'à trouver l'armurerie. Dans les couloirs, il évite tant bien que mal les gardes qui font des rondes, pour ne pas éveiller les soupçons. Soudain, au tournant d'un mur, Alicia apparaît et risque de se cogner à lui., faisant tomber le panier à linge qu'elle tenait.

- Oh seigneur ! Tu m'as fais peur ! Mais que fais-tu là à une heure pareille ?

Allan réfléchit à comment il va sortir de cette situation, quand une idée lui vient à l'esprit.

- Je...J'ai rendez-vous avec le chevalier Anselm, sur conseil du roi ! Il va me montrer l'armurerie et le fonctionnement du travail de vos artisans !

Elle finit de ramasser le linge avec l'aide d'Allan et se redresse.

- Oh d'accord ! C'est bien ça ! Et puis, si c'est le roi qui veut ça, tu dois t'y afférer. Je te laisse y aller dans ce cas, tu sais où l'armurerie se trouve ?

Allan sourit bêtement, il avait oublier de demander l'emplacement des forges à Anselm après tout.

- Non, désolé. Un petit coup de main ne serait pas de refus...

La gouvernante fait signe à une servante de s'approcher.

- Tanya, amène ce panier aux bains du premier étage. Je vais guider ce jeune homme à l'armurerie.

La jeune femme s'incline et emporte le panier. Alicia fait ensuite signe à Allan de la suivre et le guide sans encombres à l'armurerie.

- Voilà, c'est ici, bonne chance. Fais moi appeller si tu as besoin d'aide.

Allan la remercie, avec un sourire gêné.

- Merci pour votre aide. Sans vous je serai encore perdu !

Elle lui sourit en retour, puis repart dans la même direction. Allan se retourne et fait face à l'armurerie. La deventure est déjà impressionante. Une grande de métal en bloque l'accès et deux statues représentants des guerriers sont positionnées de chaque côté. Alors qu'il inspecte et contemple le travail des sculteurs, Allan sursaute quand la porte s'ouvre. Il se cache aussi vite que possible derrière une des statues et attend. Un bruit de pas d'homme en armure marche lentement vers lui et il jette un coup d'oeil rapide pour voir de qui il s'agit.

- Anselm !? Tu m'as fais peur mon vieux ! On avait dit qu'on se retrouvait devant.

Anselm trifouille le sac qu'il tient dans ses mains et en sort une magnifique épée argentée, qu'il tend à Allan.

- Pardonné ? J'ai profité qu'il n'y ait personne, on gagne du temps comme ça et on se fait pas attraper.

Allan, des étoiles dans les yeux, n'écoute plus son nouveau compagnon.

- Oooooh, une vraie épée... Pour moiiii !

Il commence à l'agitter frénétiquement dans tous les sens, faisant peur à Anselm.

- Arrête ! C'est de l'argent Dugrivien, c'est hyper tranchant !

Allan s'arrête, obéissant.

- Pardon... T'as un fourreau avec ?

Anselm le lui tend et il l'installe autour de sa taille.

- Bon, allons-y, on doit se dépêcher.

Les deux garçons descendent aux sous-sols. Il y fait froid et l'odeur de renfermé et de moisi y est très forte. L'humidité se voit à l'oeil nue sur les murs où l'eau coule. Alors qu'ils s'approchent de l'endroit, un soldat qui fait sa ronde apparaît devant eux.

- Prince Anselm ! Que faites-vous ici ?

L'homme s'incline et les deux garçons se retrouvent piégés. Anselm garde son calme autant qu'il le peut et tente de le persuader

- Hum hum...C'est mon père, le roi, qui m'envoie montrer chaque recoin du château à notre hôte. Saluez-le comme il se doit.

Le soldat se redresse et fixe Allan en souriant.

- Je vous souhaite la bienvenue. Puisse votre séjour être appréciable. Quand à vous monseigneur, je tient à vous félicitez pour vos fiancailles avec la princesse d'Ephedor ! Puisse le bonheur vous accompagnez !

Allan, choqué se retourne vers Anselm, qui évite son regard en rougissant

- Hum...Oui, merci et finissez votre garde maintenant.

Le soldat s'incline à nouveau et disparaît dans la pénombre, accompagné de sa torche. Allan frappe Anselm à l'épaule.

- Aie !

- Pas de aie ! Tu te fous de ma gueule !? Tu es fiancé !? C'est pour ça que tu veux m'accompagner ? Tu t'en fous de moi en fait. Tout ce que tu veux c'est fuir tes responsabilités !

Anselm tente de se défendre.

- C'est faux !

- Non, c'est totalement vrai ! T'es un menteur mon vieux et un lâche !

- Je veux juste vivre ma vie et être libre ! Je ne suis pas un lâche !

Tout à coup, le silence apparaît. Ni l'un ni l'autre ne veut reprendre la parole. Seul le bruit de la torche qui crépite se fait entendre. Anselm reprend la parole le premier.

- Ecoute Allan, je...

- Non, c'est moi...Je suis désolé. C'était stupide de réagir comme ça. Je sais que t'es pas heureux ici.

- Je..Merci de comprendre... Si je reste ici, je vais crever d'ennui. Je ne veux pas rester assis sur un trône toute la journée et n'avoir pour seule vocation le fait de faire un enfant à une inconnue. Je veux vivre une aventure, avec toi !

Allan sourit, gêné des mots qu'il vient d'entendre.

- Ouais...Moi aussi mon pote.

A ce mot, Anselm ne peut s'empêcher de sourire et lui tend la main à son tour pour la première fois.

- On continue ?

Allan lui tape dans la main en retour, plus déterminé que jamais.

- On continue.