Chapitre 23 : Ignisim
Allan, qui commence à avoir de plus en plus peur, tente de rebrousser chemin.
- Ans, faut pas qu'on reste ici, ça craint. Retournons au château, on trouvera une autre sortie, ou on convaincra ton père.
Anselm le stoppe net d'un geste de la main.
- Non. on reste là. De toute façon on peut pas rebrousser chemin, y en a deux derrière, tu te rappelle ? Le temps qu'on le tue, tous les autres auront rappliqué.
Allan commence à se gratter la tête compulsivement.
- Ouais, on fait quoi alors ? On attend de crever ?
Anselm lui lance un sourire plein d'assurance, un peu trop même.
- J'ai un plan.
Allan soupire. Cette phrase le met encore plus mal à l'aise.
- Super...Un plan...Et quel est ce plan ? Fais moi rire.
Anselm sourit.
Tu ne vas pas aimer. Tu vas faire l'appât.
Allan recule d'un pas, parlant un peu trop fort.
- Quoi !?
- Chhhhtttt !
- Ouais pardon... Quoi !? T'es fou !?
Anselm regarde à nouveau le grand hall et fixe un lieu en particulier.
- T'as confiance en moi Al ? Je peux t'appeller Al à mon tour non ?
Allan, déboussolé.
- Ouais, t'inquiète. Oui, j'ai confiance en toi, mais là tu me demande de me jetter dans la gueule du loup. Explique ton plan.
Les deux garçons commencent alors à discuter . Anselm montre à Allan les coins de la pièce importants pour son piège, ainsi que les endroits à éviter à tout prix. Allan écoute attentivement et semble être plus détendu au fil des mots de son compagnon. A la fin de l'explication, Allan verse le fond du flacon de fleur sur lui et emboîte le pas discrètement versun coin reculé, à l'Ouest de la salle. Anselm reste au Sud, alors que la sortie est au Nord. Une fois sur place, Allan monte discrètement sur un tas de feraille recouvert de sable. Il se redresse, regarde Anselm et souffle.
- Héééééé les abrutis ! Vous avez faim ?
Tous les gobelins se retournent en même temps.
- Un humain !?
- Que fait-il ici !? J'ai rien senti rrrraahhh !
- Il pue ! Cette odeur ! C'est de la morturine !
Tout à coup, un gros bruit retenti d'une maison de fortune construite par les créatures. Un gobelin plus gros et bien plus grand que les autres en sort.
- C'est quoi ce boucan tas de résidus puants !?
Un petit gobelin s'approche de lui.
- C'est un humain chef ! Là-bas !
Le chef se retourne et fixe Allan. Sans quitter son regard du jeune homme il attrape son sous-fifre par le cou.
- Vous avez laissé entrer un humain dans mon royaume !?
Le petit, n'arrivant plus à respirer, tente de se débattre, avant de se faire briser la nuque par son supérieur.
- Attrapez-le !
Soudain, sous les yeux inquiets d'Allan, tous les gobelins se ruent sur lui.
- Pas encore....Pas encore....
L'un deux arrive enfin au tas de feraille et sort son épée, avant de commencer à escalader.
- Maintenant, Anselm !!!
Aussitôt, Anselm sort de sa cachette et se place au centre de la pièce, sous le regard abasourdit des créatures.
- Un autre !?
Le chef commence à rager de plus en plus.
- Un autre humain !? Tuez-le lui aussi !
Brusquement, Anselm plante son épée dans le sol, sous les yeux toujours plus perdus des gobelins. Puis il lève le bras au ciel, avant de s'exclamer.
- Aricium Vagir Elicium... Ignisim !
Soudain, une immense vague de feu quitte de son corps et fonce en direction des gobelins, impuissants, qui finissent carbonisés, en hurlant de douleur, avant de s'arrêter devant Allan. La température du hall a augmentée de plusieurs dizaines de degrés et Allan croit fondre sous cette chaleur. Une fois les flammes enfin éteintes, Allan descend de son perchoir, en poussant le cadavre carbonisé du gobelin, qui commençait à monter et s'approche de Anselm, en tendant la main.
- Bien joué Ans ! Pas bête ton idée du sable pour bloquer le feu.
Anselm sourit en lui claque la main en retour.
- Merci ! Tu étais plutôt convaincant toi aussi, en fillette.
Allan rigole sans relever la blague, puis regarde son nouvel ami, l'air interrogateur.
- Attends...Tous les chevaliers de ton monde maîtrisent la magie ?
Anselm recupère son épée par terre avant de se retourner à nouveau vers Allan.
- Non, pas du tout. Je ne suis pas vraiment un chevalier. Je suis paladin.
Les yeux d'Allan se couvrent d'étoiles à nouveau.
- Whooooaaaa mec, la classe !
Anselm devient étonné à son tour.
- Mec ?
Allan rigole tout seul.
- Ah, ouais, désolé. En gros c'est "gars" quoi.
- Ah d'accord !
Les deux compagnons rigolent et Anselm pose sa main sur l'épaule d'Allan.
- Je vais voir si la sortie est sécurisées. Profite en pour voir si tu trouves quelque chose d'intéressant dans la salle.
Allan approuve et les deux se séparent. Anselm part vers l'entrée tout en se disant que quelque chose cloche. Soudain, alors qu'il passe le long du grand pillier du centre du hall, une immense masse sort de derrière celui-ci avant de le frapper lourdement au ventre.
- Gaaaarkk !?
Il s'effondre au sol, avant de comprendre ce qu'il se passe. De derrière le pillier sort le gros chef gobelin, le visage à moitié brûlé et l'un des bras la chair à vif.
- Ohohoh, bien joué jeune "paladin"! Mais maintenant, c'est mon tour de te montrer un tour de magie.
Anselm, le corps paralysé par la douleur, n'arrive pas à ramasser son épée, qui est tombée un peu plus loin, ni à prononcer d'incantation, qui lui demandent à chaque fois beaucoup de force et de concentration. Le chef gobelin lève sa masse en direction du garçon en riant.
- Bonne nuit petit paladin.
Anselm, voyant sa dernière heure venir, n'arrive pas à resister.
- Merde...
Soudain, alors qu'il allait faire retomber sa masse sur la tête du garçon, le chef titube, avant de lâcher son arme au sol et de s'écrouler par terre, sous le regard troublé de Anselm.
- Qu'est-ce-que...?
Tout à coup, une voix se fait entendre, venant du cadavre du gobelin, ou plutôt de derrière lui.
- Hé mec, ça va !?
Anselm, choqué.
- Al !?
Allan escalade le corps de la créature, son épée couverte de sang à la main.
- Hé mon vieux, j'ai tué un gobelin ! Le chef en plus !
Anselm, les yeux médusés, laisse retomber sa tête au sol.
- Ahahah...J'y crois pas...
Il regarde Allan, toujours fier de lui.
- Allan le tueur de gobelins.
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