15 H

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Je tasse un peu et j’arrive à y faire entrer le foulard rose, je ferme le hublot et je lance le programme synthétique. Les vannes s’ouvrent, le bandeau clignote et le tambour commence sa ronde. Deux tours dans un sens, trois dans l’autre, peu à peu les couleurs se mêlent et viennent former un long serpent mousseux. Je reste un moment à regarder leur vie tourner puis je m’installe avec mon livre sur le canapé du salon. De temps en temps, la vibration s’accélère et fait trembler le miroir du couloir puis le ronronnement revient. Ce livre m’ennuie, je ne sais plus où j’en suis, je le pose et je regarde par la fenêtre. Dans le rosier, un tout petit oiseau marron glacé avec un long bec très fin se gave de pucerons. Je crois que c’est une sittelle, mais je n’en suis pas sûre. Tout d’un coup, le tambour tambourine, le sol soliloque et le miroir mirobole. Je pense à ces scènes de film où les personnages font l’amour sur ces vibrations. Fantasme inconfortable. Enfin, les derniers tours, lents, hésitants et le BIP avant le silence. Je n’ai pas envie de me lever, l’oiseau a l’air bien, là. Comment fait-il pour ne pas se piquer ?

La porte est bloquée, encore, je pousse sur le haut. Rien. Je tire vers en bas. Rien. Je souffle et je vois le voyant qui clignote. Ça ne fait pas une minute. J’attends. Voilà. C’est lourd. Combien de kilos d’eau en plus ? Je pose la panière dans l’herbe et je secoue la serviette. C’était l’été et c’est l’automne, elle n’ira plus à la plage. Il y a une collection de chaussettes orphelines je n’ose pas les jeter, et si quand elles revenaient, elles les cherchaient? Trois t-shirt inconnus, au moins deux à des amis de passage et le troisième ? Coincé entre les doigts de bois, j’étends le linge ramassé dans la chambre de mes filles, bouts de vie oubliés, éparpillés. Ils s’étirent et se chauffent au soleil, fantômes lointains. Ils ont perdu l’odeur âcre et seront bientôt pliés. J’ai presque le regret des jours où ils dansaient sur le parquet, étincelles du brasier de leurs vies. Je remonte et ferma la porte de la machine et elle grince, nostalgique des lessives familiales.

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