Calme sur un cheval fougueux

de Image de profil de Etienne YcartEtienne Ycart

Avec le soutien de  Jacques IONEAU 
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Image de couverture de Calme sur un cheval fougueux

Calme sur un cheval fougueux, l'oeil vif, le regard déterminé, il indique, de sa main libre de gants la route à suivre. Il n'était pas encore l'Empereur, il était déjà un dieu, il était Dieu.

Ah ce que j'ai pu l'aimer cet homme, je lui ai tout donné, la femme que je n'ai jamais eue, les enfants que je n'ai jamais conçus...

Je ne regrette rien, s'il fallait le faire à nouveau, je serais là encore et toujours. Je sais que vous ne comprenez pas, je m'en fous, pensez donc de moi ce qu'il vous plaira

maintenant je suis vieux, mon corps perclus de rhumatismes se souvient des longues courses à cheval par tous les temps.

Je me souviens surtout de ce jour là, de ce jour ou je l'ai enfin vu de près, tout prés, j'ai su, ce jour-là, que cet homme tutoirai les sommets, qu'il mettrais à genoux tous les rois du vieux monde, que de son génie naitrait une Europe nouvelle.

j'étais avec lui, en Russie quand le froid nous mangeait les chairs, que les sauvages cachés dans de maigres bois de bouleaux nous harcelaient nuit et jour. Mais aucuns souvenirs ne restent aussi vivaces que ce jour là, où il n'était encore que jeune consul, attendant son heure de gloire, s'apprettant à défaire les Autrichiens, en bas, en Italie.

j'y étais pourtant ce fameux jour, mais je ne me souviens plus, son manteau était-il rouge pourpre ou vermillon comme ceux des centurions de la Rome antique. Était il de couleur claire, je ne m’en souviens plus, il est habillé dans mon esprit comme le Napoléon du tableau de David .

Napoléon était dans le Saint Bernard, Thureau a Mont Genévre, Moncey lui partait à l'assaut du Saint Gothard, il fallait libérer Milan de ces chiens d'Autrichiens.

Je m'en souviens comme si c'était hier, Lane, face à une armée trois fois plus forte que la sienne s'était bien démmerdé.

Nous étions retenus par le Pô qui était sorti de son lit. Lorsque nous sommes arrivés, enfin, après un long et fastidieux détour, la bataille faisait rage, Lane tenait bon, mieux, il accomplissait des miracles.

Ma mémoire fuit maintenant je ne me souviens plus de tout, j'ai encore l'image, ce jour là de Victor attaquant au centre et des gueux de Ott fuyants comme des lapins de garenne.

Mais revenons à ce portrait, peint par David, Napoléon calme sur un cheval fougueux, j'y étais je l'ai vu, je ne me souviens plus la couleur de son manteau ni de la couleur de son cheval. Quand je ferme les yeux, ce ne sont plus mes souvenirs qui s'imposent, mais la furtive vision du tableau de David à Malmaison. Foutue mémoire

J'en ai discuté l'autre jour avec mon ami Beyle, il y était aussi, lui ne se souvient même plus de la descente vers l'Italie, vers la victoire.

Il me l'a avoué, lui maintenant lorsqu'il ferme les yeux, ce ne sont pas les pentes rocailleuses de la montagne qu'il voit, mais les gravures qui en ont été faites, il le sait, le trait en est plus harmonieux, le ton est pastel, le ciel bleu, même les morts sur le champ de batailles semblent êtres paisibles. Pourtant, nous en avons vu des horreurs. Du sang, des membres arrachés, des tripes à l'air, des têtes en bouillies.

Maintenant, au fond de mes rétines ne demeure que cette gravure. Une jeune bergère donnant à boire à un blessé souriant.

Henry me l'a dit, pour lui aussi, les images de la réalité ont été tronquées par ces images de peintres. Il ne sait plus.

Pour conjurer le sort, il a écrit.

Devant San Pietro in Montorio, ma vie défile

J 'ai aperçu depuis trois mois que je pense à ce véridique journal. Par exemple je me figure fort bien la descente. Mais je ne veux pas dissimuler que cinq ou six ans après j'en vis une gravure que je trouvais fort ressemblante, et mon souvenir n'est plus que la gravure .*

*Extrait de Vie d'Henry Brulard

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Table des matières

En réponse au défi

Syndrome de Brulard ou syndrome de Florence ?

Lancé par Etienne Ycart

En plein dans ma période Stendhal

avant tout,

une coquille s'est glissée dans le titre

il faudrai lire Syndrome et non Symptôme !

(Ah bon, vous aviez remarqués vous aussi ? )

en sortant de Santa croce...vous connaissez la suite... panique Vertige...pas n'importe où

...devant du sublime

Quand à celui de Brulard:

"Les récits de l'intérieur de l'hospice qu'on me fit produisirent une image qui depuis trente-six ans a pris la place de la réalité. Voilà un danger de mensonge que j'ai aperçu depuis trois mois

Vous pouvez aussi prendre le contre pied, nier, dire que cet homme est un affabulateur,etc, etc...Mais je vous avertis, j'ai une bande de groupies sous la main qui tombent dans les pommes a la seule évocation d'Henry Beyle dit S... vous ne viendrez pas vous plaindre aprés si elles vous agressent vous séquestrent ou pire !

une variante possible, il est permis de sortir des prémisses (contrairement au diktat dudit défi) du prologue et de se lancer dans le n'importe nawak.

dixit : la Magritte d'ADA !

Bon, vous le savez, je ne vous met pas la pression, soyez bons c'est tout !

A vos plumes !

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Mai 1800, Campagne d'ItalieChapitre0 message

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