Gang (2)
–Tu vas le regretter !
Pendant plus d'une heure, c'était une bataille de boules de neige chacun pour soi, j'avais l'impression d'être légère, invincible ce petit moment d'insouciance n'est que pur bonheur sans personne pour nous juger. Quand soudain la dure réalité nous ramène sur terre, une réalité qui s'appelle James :
–Vous n'avez pas passé l'âge de faire une bataille de boules de neige ?
Jessie lui répond :
–Tu n'as rien à nous dire monsieur panne de réveil !
Estelle lui demande :
–Qu'est-ce qui t'est arrivé pour que tu n'arrives que maintenant ?
–Mon père m'a appelé pour me dire qu'il sera occupé ce soir.
–Ah ! Et qu'est-ce qu'il y a de si important ce soir ?
–Un invité de marque arrive, un amerloque apparemment, mon père est chargé de sa protection dès son arrivée sur le sol français.
C'est Ken, j'en suis sûre, je ne peux m'empêcher de penser :
–(Sauf s'il lui arrivait malheur en plein milieu du trajet.)
Une sorte de sentiment d'excitation et de fierté se mélange, connaître la fin d'une personne à quelque chose de satisfaisant, je trouve, je lui demande :
–T'as envie de le rejoindre ?
–Quoi ?
J'explique ma soudaine demande :
–Moi, j'ai jamais vu un étranger se faire accueillir comme ça, ça ne vous donne pas envie de voir comment ça se passe ?
Émile acquiesce :
–Ça serait trop cool de voir ça de nos propres yeux !
Jessie ajoute :
–C'est tentant, j'avoue.
–En plus, on serait aux premières loges ! Finie Estelle.
Nous regardons tous James qui soupire :
–Je lui enverrai un message, mais je ne vous promets rien.
Jessie regarde son téléphone et nous dit :
–Bon, dépêchons-nous ou on va louper les cours.
Pile au moment où elle finit sa phrase, un coup de feu retentit, puis deux, trois, ils deviennent de plus en plus nombreux et innombrables, ils se rapprochent dangereusement de nous. Nous voyons quatre asiatiques courir comme des dératés en tirant des rafales derrière eux, nous nous cachons tous dans une petite ruelle à côté de peur de se prendre une balle perdue, nous entendons les asiatiques crier de peur :
–他們是他媽的惡魔 !
Je risque un regard dans la rue, ils sont pourchassés par un groupe avec des masques en plastique représentant des démons, Jessie demande :
–Qu'est ce qui se passe putain !
James et moi nous répondons en même temps :
–Une guerre de gangs !
Taïba :
Ils fuient comme les lâches qu'ils sont, la traque n'en est que plus intéressante, des frissons parcours le long de mon échine. Ils auraient dû se douter qu'avec plus des deux tiers de leurs effectifs arrêtés, ils ne feraient pas le poids, ce n'est pas faute de les avoir prévenus. Pourquoi être aussi avenante envers ses ennemis ? Je me le demande. J'entends le bruit caractéristique des armes qui n'ont plus aucune munition, je souris et demande gentiment :
–Luci, nos invités ne peuvent plus se défendre et on dirait qu'ils ne veulent toujours pas discuter, pourrais-tu je te prie de bien vouloir les aider ?
Max s'avance pistolet au poing et me répond :
–Je ne pense pas qu'ils aient besoin de leurs jambes droites pour parler, n'est-ce pas Bel ?
C'est bien évidemment une question rhétorique, il n'attend pas de réponse et leur tire tous dans la jambe droite, tout le groupe tombe à terre en se recroquevillant, je le félicite :
–Dans le mille.
Nous nous rapprochons d'eux, je prends un air autoritaire et demande à mon groupe :
–Vous pensez que l'un de ses enculés sait parler français ?
Tout le monde rigole d'un rire mauvais, je reprends :
–Moi, j'ai des doutes, J !
Jérôme se rapproche de moi, il a sorti son couteau rétractile, il sait déjà ce que je vais lui demander de faire :
–Oui Bel !
–Je veux que tu me déniches celui qui va devenir notre messager !
–Parfait !
Il joue avec son couteau avant de planter la lame dans la jambe gauche du premier chinois, il hurle de douleur et nous dit certainement plein d'insultes dans sa langue maternelle, Jérôme lui hurle :
–Hey ! On ne parle pas chinois nous ! Tu me comprends enculés !
–操你 !
–Oh monsieur joue les durs !
Il fait glisser son couteau le long de la jambe, le chinois se tord de douleur. Jérôme abandonne finalement, sachant qu'il n'en tirera rien, il retire le couteau et passe au suivant en refaisant le même numéro ; je vois un mouvement presque imperceptible, l'un des Chinois à glisser ses doigts dans son manteau, c'est le dernier qui va être interrogé, avons-nous de la chance ? J'espère du fond du cœur que oui, Max et moi avons d'autres chats à fouetter. Jérôme vient de finir son petit numéro et passe au suivant, il s'apprête à planter son couteau quand le chinois qui avait glissé ses doigts dans son manteau sort un pistolet et le pointe sur Jérôme, mon sang ne fait qu'un tour. Je cours sur le chinois et donne un violent coup de pied dans sa main, l'arme vole trois mètres plus loin, je l'attrape fermement par le col et le soulève :
–Je crois qu'on a touché le gros lot les gars !
Le chinois me répond dans un français correct :
–J'dirais rien du tout !
Je prends le pistolet de Max et lui pose le canon sur sa tempe :
–Oh que si tu vas aller dire à ton patron que cette ville est aux Démons et certainement pas à lui !
–Il n'abandonnera pas, il n'abandonne jamais !
Je rigole :
–Vous entendez ça ? Il n'abandonnera pas ! Qu'il dit, et bien qu'il vienne lui-même nous prendre la ville par la force ! Ce petit cafard de ses morts qui n'a même pas les couilles de venir lui-même peut toujours aller se faire enculer dans sa minuscule forteresse !
Je jette le chinois à terre et lui tourne le dos :
–On décampe ! Avant que les flics n'arrivent.
Tout le monde par de son côté, moi, je me dirige vers la boutique de Claire, Max me rattrape et me demande :
–Tu n'as pas fait ton jeu du grand méchant loup ?
–Tu n'as pas remarqué les petits yeux indiscrets ?
–Je te parle des Démons, Rose était juste au mauvais endroit, au mauvais moment.
–Ne t'en fais pas, je sais quand sortir les griffes.
–Si tu le dis.
Rose :
Ils sont tous partis, les asiatiques se relèvent tant bien que mal et parte en boitant, Émile demande :
–C'est fini ?
James lui répond :
–Oui, dépêchons-nous de partir avant que la police n'arrive, en plus le cours a déjà commencé.
Nous partons de cet endroit, un silence de mort s'est imposés entre nous, certainement que cette guerre de gang les a traumatisés, moi avec tout ce que j'ai vu récemment cela m'a fait ni chaud ni froid, James lui aussi n'est pas plus surpris que ça, c'est ce qu'il voulait dire par "Je sais que vous êtes dangereux." nous arrivons en cours d'Histoire qui a déjà commencé, le professeur nous parle de la fin de la seconde guerre mondiale :
–... Et une fois la prise de Berlin en 44, malgré les animosités entre les pays vainqueurs, un traité fut signé pour non-agression mutuelle, des années plus tard en 1950 la réunion des nations se créent et plus aucune guerre ne s'est déclaré à ce jour.
Je lève la main, le professeur me demande :
–Qui y a-t-il Rose ?
–Et tout le monde est rentré chez eux, après la prise de Berlin ?
–C'est exact.
–Alors que les Américains et les Soviétiques n'étaient pas du tout en bons termes ?
–Ça peut paraître incroyable, mais c'est ce qui est arrivé, les Américains Capitalistes et les Soviétiques Communistes ont trouvé un terrain d'entente.
–C'est pas un peu bizarre qu'ils enterrent la hache de guerre si facilement ?
–Il faut croire qu'ils ont réussi à mettre leurs égoïsmes de côté pour le bien commun.
–D'accord.
Maintenant, c'est certain, il s'est passé quelque chose pour que tout se passe aussi bien, suite à ça j'ai décroché du cours. Je regarde à droite et à gauche, personne ne me remarque, je sors le livre sur l'histoire de la hache que m'a donné Max. Je regarde uniquement les dessins des haches, je tourne une à une les pages et m'arrête sur une image de hache de toute beauté, je lis la description à côté.
"Léviathan
C'est le doux nom de cette arme ; enfin doux, on se comprend, pour commencer, il serait composé du même métal que Mjölnir le célèbre marteau de Thor, le dieu de la foudre qui revient dans la main de son porteur. Il aurait d'ailleurs été fait par les mêmes maîtres forgeron, les deux nains Brokk et Eitri, le nom de Léviathan fait référence pour beaucoup à un immense poisson détruisant tout sur son passage et c'est vrai ! Tout du moins dans la plupart des récits le dépeignant. Dans la religion catholique, il serait l'une des portes des enfers aspirant toutes les âmes sur son passage. Dans la religion juive, il est capable de manger des baleines entières, il servirait notamment de réserve de nourriture pour les survivants du déluge. Dans la religion scandinave, le Léviathan est connu sous un autre nom Jörmungandr, enfant de Loki et de la géante Angrboda, cadette du loup géant Férir et de la déesse de la mort Hel ; petites informations en plus, Hel fut repris plus tard par les Anglais pour désigner l'enfer Hell, oui ! Ils ont rajouté un simple l. Revenons à nos moutons : Jörmungandr serait annonciateur du Ragnarök, la fin du monde, dedans, il s'allie aux géants et affronte les dieux dont Thor et oui, on y revient…. "
–... N'est-ce pas Rose ?!
Le professeur me regarde d'un air sévère, je lui réponds hébété :
–Quoi ?
–Si mon cours ne vous intéresse pas, vous pouvez toujours sortir !
Tout le monde me regarde et rigole, je regarde le professeur puis mon livre et dit :
–Vous avez raison !
Je range mes affaires et me dirige vers la porte :
–Hey ! Qu'est-ce que tu fais !
–Votre cours ne m'intéresse pas, donc je pars.
Je ferme la porte derrière moi, je sors mon téléphone et envoie un message au groupe :
–Vous êtes partis pour le rdv ?
Cynthia me répond :
–Pas encore, on essaye de bien habiller G.
–Je vous rejoins à l'immeuble si vous pouviez m'attendre SVP.
–T'inquiète à tout de suite.
Je me dépêche de rentrer à l'immeuble. En ouvrant la porte d'entrée, je vois Aziz, Cynthia et Gloriam. Ce dernier est habillé comme une femme. J'ai alors du mal à le reconnaître au premier coup d'œil. En premier lieu, j'ai bien cru que c'était David. Je demande :
–Qu'est-ce que vous avez fait à Gloriam ?
–C'est Camille, ici ! Me répond le principal intéressé.
Ses cheveux noirs ont été coiffés en arrière. La coiffure est maintenue par un mignon petit serre tête blanc. Il a été maquillé de manière à ce qu'il ne ressemble plus à un mort-vivant. Il porte désormais un sweat-shirt blanc et un jean bleu trop grand pour lui, ce qui lui donne un aspect de jeune fille pure qui, et à mon grand étonnement, cet aspect lui va très bien. Cynthia me répond, en faisant abstractions de Gloriam :
–Comme Gloriam n'est ni homme, ni femme, on a voulu l'habiller en alternant les sexes. Aujourd'hui, c'est une femme et demain, ce sera un homme.
Gloriam revient à la charge :
–Mais je veux qu'on m'appelle Camille !
Aziz ajoute :
–Comme ça, Gloriam aura un aperçu de ce qu'est d'être un homme et une femme.
Gloriam dit en boudant :
–J'ai mis longtemps à le trouver ce prénom.
–Bon d'accord du coup, on y va ?
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