Gloriam

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–Hum… Par où commencer ? Je ne me souviens pas de quand date mon réveil exactement. Je me rappelle surtout d'une cage, d'une prison. Je n'avais aucune idée de l’heure, ni du jour. Tout ce dont je me souviens, c’est de mon regard perdu dans le vide, à fixer ces éternels barreaux des jours durant. Ma vie se résumait à cela. Seul et oublié, je pense que même si les barreaux ne me retenaient pas, je n'aurais pas fait grand-chose de plus. Mon esprit était comme embrumé. Je ne me déplaçais pas, parce que je ne savais pas quoi faire ; je n'essayais pas de m'échapper, puisque je ne voyais pas où aller ; je ne réfléchissais pas, car je ne savais pas comment faire. Ma vie était aussi simple que cela. Puis un jour, ma vision a changé. Ce ne sont pas mes yeux, mais le paysage qui avait changé, des êtres de haines me regardaient, ils se parlaient entre eux :

–Ses trucs s'enferment entre eux ?

–Aucune idée.

–Ça se trouve, c'est un intrus comme nous.

Je n'avais jamais parlé cette langue et pourtant j'ai réussi à articuler :

–Hum. Vous… N'êtes pas d'ici ?

–Il parle ?

–J'ai pas vu sa bouche bouger.

–Est-ce qu'au moins, il a une bouche ?

–Non, nous ne sommes pas d'ici et toi pourquoi es-tu là ?

–Je ne sais pas.

–As-tu un nom ?

–Je ne sais pas.

–Sais-tu où on est ?

–Je ne sais pas.

–Tu sais dire autre chose ?

–Hum… Je ne sais pas.

–On n'en tirera pas grand-chose.

–Il faut avant tout qu'on se barre d'ici !

–Ouais, mais les trucs noirs nous empêchent de passer et rien ne semble les atteindre.

–Il faut qu'on trouve quelque chose et vite !

Je leur disais :

–Hum… Je peux vous aider.

–C'est vrai ?! Me demandent-ils tous en cœur.

–Peut-être.

–Oh, c'est pas vrai !

–Et qu'est-ce qu'il faut faire ?

–Il faut utiliser votre cœur sur ceux qui en sont dépourvus.

–Notre cœur ?

–Il me semble.

–Euh ! Les gars, rassurez-moi, c'est pas normal quand notre main traverse notre corps, non ?

–Non, ce n'est pas du tout… ouah !

–Qu'est-ce qui se passe ?

–Moi aussi ça me le fait !

–On peut tous le faire !

–OK c'est quoi cette connerie ?!

Je leur réponds :

–Je ne sais pas.

–Utiliser son cœur hein ?

–Pourquoi tu as fait ça ?

–T'as sorti ton cœur, mais t'es complétement con ou quoi !?

–Peut-être bien, après tout, il faudrait être fou pour sauter d'une falaise, non ? Hey dis-moi ? Comment ça peut nous aider ?

Je lui dis :

–Hum… Il me semble qu'il existe deux manières d'utiliser un cœur.

–Lesquels ?

–Le cœur crée si utilisé, le cœur détruit si broyé.

–D'où tu sais tout ça ?

–Je l'ai toujours su.

–On peut créer avec notre cœur… whoah !

–T'as créé un livre ?

–Pourquoi t'as créé un livre ?

–C'est le premier objet qui me soit passé par la tête.

–Donc si on le broie, on obtient de la force ?

–Nan ! Fait pas…

Il avait broyé son cœur :

–Ça.

–Oh la vache ! Tu… vas bien ?

–J'ai envie de tout détruire et j'ai l'impression d'avoir changé.

–Ça pour changer.

–Par contre, ça fait un mal de chien !

–Et comment on fait pour redevenir normal après ça ?

Je lui répondis :

–Il me semble que c'est au bon vouloir de la personne.

–Ouais effectivement !

–Hé, regardez ce que j'ai créé les gars !

–C'est quoi ça ?

–Un lance-patate !

–Ça lance des pommes de terre ?

–Non ! C'est le petit nom du lance-grenade !

–Ah !

–Bon, qu'est-ce qu'on fait ?

Je vis ma cage se briser en mille morceaux, je les fixais et demandait :

–Pourquoi ?

–Tiens, tu sais dire autre chose, que je ne sais pas ?

Je rigolais pour la première fois :

–Ah ah ah ! Il faut croire.

–Tu veux venir avec nous ?

–Je ne sais pas.

–Il recommence !

–Tu ne t'es jamais senti seul ?

–Je ne sais pas.

–Tu sais, je suis sûr que tu sauras nous guider dans ce château.

–Je ne sais…

On me coupait la parole :

–Tu ne le sauras jamais si tu ne fais rien, suis-nous et tu seras fixé, tu peux te lever ?

On me tendait une main :

–Peut-être bien. Approche ton ombre s'il te plaît.

Son ombre m'englobait, je disparaissais dedans :

–Où est-il passé ?

Je ressortais de son ombre en disant :

–Ce sera plus facile de me déplacer comme ça.

–Ah, tu suis notre ombre !

–Oui.

–Bon, très bien, visitons ce château.

Après une petite exploration ou les mêmes couloirs se succédaient, l'un d'entre eux demandait :

–On n'est pas déjà passé par là ?

Je lui répondis :

–Non, c'est le dernier couloir existant ici.

–Alors allons-y !

Nous avions ouvert la dernière porte du couloir et découvert, une vieille personne en fauteuil roulant qui nous attendait, elle nous demandait :

–Que voulez-vous au plus grand patron de toute la ville ?

–Heu… on est perdu.

–Prenez-moi pour un idiot ! Je vaux des milliards en or et en dollars ! Et vous voulez me faire croire que votre venue est une pure coïncidence ?!

–Ce n'est que la vérité.

Cette personne était dans un fauteuil roulant et était aussi vieille que Mathusalem, je sentais les ombres bouger, je prévenais le groupe :

–Un danger approche.

Le vieil homme vociférait :

–Vous entrez par effraction chez moi ! Et vous me dites que vous êtes simplement perdu !? Je ne vais pas me laisser impressionner par un groupe d'enfants ! Vous allez ressortir de chez moi les pieds devant !

Les ombres tournaient autour de lui, il était de plus en plus menaçant, je les informais :

–Il va falloir vous défendre contre les êtres de haine, peut-être même qu'il va falloir arrêter le cœur de celui qui les contrôlent.

–Pourquoi ça ?

–C'est lui qui contrôle cet endroit.

–Et toi ?

–Ne vous occupez pas de moi.

–Tu penses pouvoir nous aider ?

–Je ne sais pas.

–Oh ! Tais-toi et essaie !

–Hum… d'accord.

Sans aucun membre, j'avais fait sortir mon cœur et le mit devant mes yeux, une boule noire laissant échapper de la fumée rouge, j'avais dit :

–Odium, comedit me !

Elle disparut devant moi, un sentiment aveuglait mes globes oculaires, je détruisais chaque ombre me défiant comme si ce n'était que du sable entre mes doigts, fondant sur l'ennemi, je l'avais réduit à l'état de poussière, je m'étais repris quelques secondes après, le château avait disparu tout comme son maître, on me demandait :

–Ça y est, c'est fini ?

Je lui répondis :

–Hum… Non, cela sera fini dans plus ou moins une minute.

–Comment ça ?

–Une fois que quelqu'un est effacé ici, il sera effacé de l'autre côté.

–On peut effacer des gens ici ?

–Seulement ceux qui ont un désir distordu.

–Ils sont conscients ?

–Totalement jusqu'à ce qu'ils disparaissent.

–Il a parlé de dollars, on aurait effacé un Américain ?

–C'est cohérent avec le fait que Shu se téléportait depuis le Japon.

–Et qu'est-ce que tu veux dire par désir distordu ?

–Je ne sais.

–Explique-nous simplement tous ceux que tu sais, ça ira plus vite !

Je leur avais dit tout ce que je savais dans les moindres détails, quelqu'un proposa :

–On pourrait utiliser cet endroit pour faire la justice, la vraie.

–Jusqu'à effacer les gens ? Je sais pas.

–On ferait descendre de leur tour d'ivoire tous ceux qui se croient intouchables.

–Je suis pas vraiment convaincu moi.

–Arrête, je sais que tu rêverais de te venger de tous ceux qui ont abusé de leur pouvoir.

–Est-ce qu'on peut y arriver au moins ?

–En s'organisant bien, on peut y arriver, ça évitera à d'autres ce qu'on a subi.

–Il a raison, je ne veux pas d'autre personne comme moi.

–Le problème reste qu'ils vivent encore une minute après, ça laisse largement le temps de faire nos portraits robots et nos noms.

–On utilisera des masques en papier et des noms de code.

–J'adore ton système D.

–Quel nom utiliserons-nous ?

–On va représenter chacun un péché capital, chacun dans notre langue. Je serais Paresse.

–Toorn, la colère.

–Je serai l'avarice, Don’yoku.

–Pour moi, ce sera la luxure, Shahwa.

–M’ouais… Je vais prendre l'envie, Zavist'.

–Je n’aime pas l'idée, surtout si on se fait prendre, En plus, j'aime vraiment pas le nom Glutony, la gourmandise et encore moins Pride, l'orgueil.

–Y'a Gula pour la gourmandise si tu veux ?

–Va pour Gula ! C'est dans quelle langue ?

–En latin.

–Faisons ça ! Il ne nous manque du coup plus que l'orgueil pour que le groupe soit au complet. Ça te dirait ?

Alors qu’ils me regardaient tous, je répondis simplement :

–Je ne sais pas.

–Non, j'ai une meilleure idée ! On va te donner un nom oublié, tout comme le tien. Le péché oublié, le huitième des péchés capitaux, la vaine gloire… Gloriam !

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