Les Dieux Gardiens (1)
Nous entendons des personnes courir dans le couloir et s'éloigner, je dis :
–Bon, on est dans la merde !
–Ouais, mais ils n'auront jamais l'idée de venir nous chercher ici, me dit Taïba.
Je jette un œil dans le couloir discrètement, il est vide, je leur dit :
–Dépêchons-nous, y'a personne pour l'instant.
Nous fonçons vers Aziz qui n'est attaché à aucun lien et a l'air complètement raplapla, remarque vu que c'est un tronc l'attacher aurait été superflus. Nous lui fixons ses membres, il a l'air d'aller légèrement mieux, en tout cas, il arrive à se tenir debout, on sauve Shusendo et Cynthia qui sont vraiment au plus mal, Max nous dit :
–Il nous faut des armes, par hasard, tu ne saurais pas où il les range Gloriam ?
–Non désolé, les armes sont fixées sur eux.
–Bon, Aziz, tu penses avoir suffisamment d'énergie pour t'occuper des gardes pour l'instant ?
–Ça devrait aller, pour le moment. Je passe devant le temps qu'on récupère des armes.
Taïba lui dit :
–J'te suis. On se retrouve dans la salle avec les appareils sportifs ?
Max acquiesce :
–On sera en sécurité, faites attention à vous.
Nous nous séparons, David, Shusendo et Cynthia sont vraiment au plus mal, nous les allongeons sur des tapis d'entraînements, Gloriam nous demande :
–On est censé faire quoi pour qu'ils aillent mieux ?
Je lui réponds :
–J'en ai aucune idée.
Je vois Max arriver avec des bouteilles d'eau, ah ! Ils souffrent sûrement de déshydratation, il ouvre une bouteille et jette l'eau à la figure de nos trois blessés, seul Cynthia réagit, elle se réveille en sursaut et en prenant une grande inspiration, elle regarde autour d'elle :
–Where am i ?
Max se place devant elle :
–Cynthia ça va ?
Elle met un petit temps avant de répondre :
–Oh hi Max !
–Talk to me in french.
Elle n'a pas l'air de comprendre, elle penche la tête sur le côté et à un sursaut comme si elle venait de se rendre compte de quelques choses :
–Oh oui, c'est vrai.
Je me mets devant elle :
–Tu vas bien ?
Quand Cynthia me remarque, elle se jette dans mes bras :
–Oh dieu merci !
Elle arrête son étreinte et m'ausculte :
–Tu n'as rien de cassée ?
–Non, je…
–T'as mal quelque part ?
–Non ça va, je…
–Est-ce que tu…
Je la coupe et prends ses mains :
–Je vais bien ! C'est bon maman, tu peux t'arrêter !
–C'est que j'étais tellement inquiète. Attends ! Maman ?!
–On aurait dit une mère poule.
Elle souffle :
–Pendant un moment, j'ai cru qu'on m'avait fait un gosse, arrête de m'inquiéter.
Max recentre la conversation :
–Tu vas pouvoir t'inquiéter pour Shu et David, ils ne se réveillent pas.
Cynthia se jette à leur chevet :
–Ils ont dit quelque chose ?
–Non, lui répond Max.
J'ajoute :
–David m'a parlé, mais il est tombé dans les pommes peu après.
Elle regarde les yeux de David :
–On dirait qu'ils l'ont forcé à rester éveillé, ses yeux sont complètement explosés, il a un peu de fièvre, mais rien de trop grave, il lui faut du repos, beaucoup de repos.
Elle ausculte Shusendo, qui bouge dans son sommeil :
–Des traces de piqûre, à mon avis, il est en plein bad trip.
Je demande :
–Ça veut dire quoi dans la langue de Molière ?
–Il est défoncé à la drogue et a des hallucinations.
–Ah, j'ai eu ça moi aussi.
Elle me regarde étonner :
–Et tu vas bien ?
–Bah à moins que tout cela soit une hallucination jouée par mon esprit, je vais très bien, je ne sais pas trop pourquoi d'ailleurs.
La porte s'ouvre brutalement, deux gardes armées nous braque, l'un des deux aboie :
–Les mains en l'air !
Nous faisons tout ce qu'il dit, l'autre nous demande :
–Qu'avez-vous fait du reste ?
Celui qui nous a gueulé dessus allume sa radio :
–Centrale ! Nous avons argh !
Une lame noire vient de les transpercer, c'est les augmentations d'Aziz, la radio crache :
–Qu'y a-t-il ? Allo ? Allo ?
Aziz répond :
–Non rien, c'était un rat, il m'a filé une de ses frousses.
–Concentrez-vous soldat ! Retrouvez-les et plus vite que ça !
–Reçu !
Les lames qui transpercent les deux soldats se rétractent et ils tombent mollement à terre, Aziz nous dit :
–C'était moins une.
Taïba surgit de derrière lui avec trois armes à la main, elle en balance une à Max et à Cynthia, Aziz prend les deux qui sont au garde qu'il vient de tuer, pendant que Taïba nous dit :
–Bon, de ce que j'ai vu, nous sommes au dernier sous-sol, il y en a quatre, mais on dirait que le bâtiment est coupé en deux.
Max demande :
–Comment ça coupé en deux ?
–Bah en cherchant des armes, j'ai entendu des bruits de pas de l'autre côté d'un mur et j'ai fouiné un peu et aucune porte n'y mène. Je me suis arrêtée au deuxième étage, j'ai pas tenté plus loin.
J'épaule David et Gloriam prend Shusendo, Cynthia enlève la sécurité de son fusil ce qui provoque un bruit métallique :
–La revanche a sonné.
Elle nous regarde et dit :
–C'est con qu'on n'ait pas de musique qui pète avec ce que je viens de dire.
–Tu regardes trop de films d'action, lui répond Aziz.
Max nous dit :
–Rose et Gloriam, vous restez bien derrière nous, on vous couvre.
Ils vont dans le couloir, nous les suivons en portant David et Shusendo, nous fonçons vers la cage d'escalier et grimpons les étages supérieurs. Jusqu'à arrivée au deuxième étage où nous rencontrons des gardes, les coups de feu pleuvent, c'est une véritable hécatombe du côté ennemi. Nous continuons de grimper jusqu'au premier, au passage, je récupère une hache de sécurité qui était dans le couloir et nous nous retrouvons dans un grand couloir avec au bout une porte blindée fermée par une vanne ; nous courons, Aziz tourne la valve et ouvre la porte. Nous sommes accueillis par le vent et la pluie, je vois un éclair zébrer le ciel, nous sommes en plein dans un orage, Max sort le premier et nous dit :
–Merde ! On est sur une station balnéaire !
J'entends le bruit des vagues, je vais jusqu'à la rambarde et je vois une mer démontée par l'orage, je demande :
–On est où là ?!
Cynthia me répond :
–À mon avis, on est en pleine eau internationale.
Taïba nous demande :
–Quelqu'un s'y connaît en navigation et bateau ?
Tout le monde lui répond :
–Non.
Je leur dis :
–Ils ont parlé de surveiller la porte qui mène à l'autre plan, vous pensez que c'est notre meilleure chance ?
–Faudrait qu'on trouve une carte maritime et un bouquin sur comment fonctionne un bateau et avec du temps, je pourrais nous sortir de là, me répond Max.
Cynthia ajoute :
–Et en plus, on aura l'avantage avec nos armes, c'est donc notre seule chance.
–Il reste plus qu'à trouver une porte gardée par des soldats, nous dit Aziz.
Max regarde les alentours et nous montre un endroit en contrebas, tout en nous disant :
–Je crois que j'ai trouvé la porte.
Un groupe de soldats entoure une trappe ronde et bombée, comme celle des bathysphères, par contre, je ne vois aucun moyen de l'ouvrir, la valve a été retirée. Je demande :
–Qu'est-ce qu'on fait ?
–On va utiliser ce petit joujou.
Taïba nous montre une grenade, Cynthia la prévient :
–Le problème là, c'est que si on les attaque maintenant, on va rameuter tout le monde.
Aziz nous dit :
–Alors, il faut qu'on soit efficace.
Taïba ajoute :
–Et nous le serons.
Max demande :
–Vous pensez pouvoir vous en sortir à trois ?
Je lui demande hébétée :
–Pourquoi ? Tu vas faire quoi ?
–Chercher tous les bouquins qu'il faut pour la navigation et voir si je ne trouve pas deux trois trucs utiles. Et vu tout le boucan que vous allez créer, cela sera plus facile pour moi de fouiller.
Je lui réponds :
–Mouais, c'est pas faux.
Max prend la grenade de Taïba :
–Je vous fais la diversion, tenez-vous prêt.
Il part à l'opposé de nous et au bout de quelques secondes, nous voyons la grenade rebondir et s'arrêter en plein milieu des gardes :
–Grenade !
Ils sautent tous à plat ventre, l'explosion résonne à travers toute la station, Cynthia, Aziz et Taïba sautent pour aller en contrebas, à peine arrivé les coups de feu résonnent. De là où je suis, je ne peux qu'admirer le combat qui fait rage, j'aperçois un ennemi qui vise Cynthia, je réfléchis à peine et lance ma hache vers lui, elle frappe sa main et le désarme, Cynthia en profite pour lui tirer dessus, le soldat tombe mollement à terre sans vie, l'escarmouche continue ce n'est qu'au bout d'une heure que les coups de feu se taisent. Je vois Cynthia, Aziz et Taïba se regrouper au niveau de la trappe, nous les rejoignons en portant nos deux blessés, en arrivant à leur niveau, je demande :
–Ça va ? Vous n'êtes pas blessé ?
Cynthia me répond :
–Non, on va tous bien. Grâce à toi, merci.
Aziz se frotte les mains et dit :
–Bon reste plus qu'à ouvrir ça.
Il rapproche les mains de la trappe, quand un bruit mécanique se fait entendre, comme si quelque chose venait de se verrouiller. La trappe semblable à un bouton s'affaisse et devient plate, il n'y a plus aucune prise pour la soulever :
–Quelle est cette sorcellerie ? Dis-je.
L'alarme, que nous avions en fond sonore depuis bientôt deux heures, finit par s'arrêter, elle grésille quelques millisecondes et la voix de tout à l'heure annonce :
–Vous n'irez pas plus loin ! Je suis le seul à avoir les codes de cette station et j'ai lancé l'autodestruction de la base, autrement dit si vous voulez continuer, il faudra me passer sur le corps, j'attends trois d'entre vous à l'hélistation et dedans, je veux voir la phénix. À la moindre entourloupe, je nous fais tous mourir noyé dans les eaux froides de l'Atlantique. Vous avez dix minutes devant vous.
Je demande nerveuse :
–Qu'est-ce qu'on fait ?
Taïba me répond :
–On va lui défoncer la gueule !
Elle part comme une furie, Aziz la retient :
–Mauvaise idée, c'est un coup à tous nous faire sauter.
Max arrive vers nous avec un sac en bandoulières remplies :
–J'ai trouvé des trucs intéressants. J'ai des recharges pour toi Aziz et quelques soins pour nos deux dormeurs, Rose t'es prête ?
–Hein ? Prête à quoi ?
–À me suivre, tu sais où est l'hélistation ?
–Non.
–Donc je vais t'y guider, qui d'autre viens avec nous ?
Aziz s'avance :
–Je viens.
Cynthia le retient :
–Non, c'est moi qui y vais. Tu seras plus utile ici, surtout s'il faut bouger David et Shu et puis si jamais, c'est un piège et qu'ils sont blessés, je serais là.
–Bon, dépêchons-nous avant la fin du compte à rebours, nous dit Max.
Nous le suivons, Taïba nous dit en partant :
–Bonne chance ! Et pétez-lui les couilles de ma part !
Max nous conduit dans ce dédale sans aucun problème, au bout de quelques minutes de course Cynthia demande :
–C'est encore loin ?
–Ouais, j'y peux rien si cette station est gigantesque.
La voix se fait de nouveau entendre :
–Il vous reste cinq minutes, je commence à penser que vous ne viendrez jamais.
Je demande à Max :
–Tu penses qu'on y sera dans combien de temps ?
–Dans moins de deux minutes si on accélère.
Il commence à augmenter la cadence, nous arrivons à le suivre sans trop de soucis ; sur le chemin les éclaires se font plus nombreux et le cliquetis métallique de l'eau frappant les parois ne se fait pas attendre, nous finissons par arriver dans une cage d'escalier menant à une grande plate-forme hexagonal :
–C'est là-haut ! Nous dit Max.
Nous arrivons sur la plate-forme, directement sur la gauche se trouve une tour de contrôle et devant nous deux plates-formes d'atterrissage pour hélicoptère, entre elles se trouvent une personne sous la pluie qui nous dit :
–Enfin ! Vous voilà !
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