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Max :
Je regarde la plage dont les couleurs vivent sont reflétés par le soleil fiévreux de décembre, cet océan de sable que la mer caresse par intermittence est aussi vide que la plupart des personnes lambdas ; toujours endoctriner par les puissants de ce monde à ne penser qu'à eux même. Non, ils ne pensent même plus, cela ne leur est plus permis, ce sont ses "inconnus" qui pensent à leur place, je finis de ressasser mes idées et demande à mon frère :
–Aziz, tu l'as vu toi aussi ?
Ses bras croisés me font penser qu'il est comme coincé dans une camisole, remarque cela n'a rien d'étonnant venant de sa part, il met quelques secondes avant de répondre à ma question :
–Oui, elle s’est calmée peu de temps après que vous êtes partie.
Je me tourne surpris par cette information vers mon frère. Cette information est plus qu'intéressante, peut-être qu'elle arrive à penser par elle-même finalement, serait-ce un bon présage :
–Sérieusement ?
Je regarde Rose qui est en train de rigoler avec les deux inconnus qui sont allés à sa rencontre plutôt. J'espère pour elle qu'ils ne lui feront pas oublier tous nos enseignements, après tout cela serait dommage que nous devions nous séparer d'un élément si prometteur ; déjà que le ratio de survivants du Somnium est à la limite du nul, je souris :
–Finalement, elle est peut-être prête à utiliser sa haine.
–Ce n'est pas le moment si tu veux mon avis, me donne comme avertissement Shusendo.
Il a toujours été de bon conseil, sa mise en garde bien que vague me laisse songeur… Non ce n'est pas le moment de contre-argumenter, cela serait contre-productif en plus du fait que c'est juste une lubie égoïste de ma part. Je leur demande en soufflant :
–Vous pensez qu'il faudra lui dire quand ?
La voix rauque de mon frère me donne comme réponse qu'une explication évasive :
–Pas tout de suite en tout cas, dépêchons-nous de prévenir Cynthia pour qu'elle puisse jeter un œil au terminal.
Je me relève du rocher sale et recouvert de mousse ou j'avais mis mes coudes pour surveiller Rose, j’époussète mes bras en disant à mes frères :
–Tu as raison Aziz, demain sera un grand jour pour elle, pourras-tu la guidée ?
Il acquiesce facilement, cela ne sera pas la première fois qu'il le fait, ni la dernière à mon avis :
–Je vais faire de mon mieux.
Nous quittons le promontoire usé par le temps et les habitants qui jettent leurs déchets comme si les poubelles n'existaient pas, je me demande comment tout cela va évoluer, sera-t-elle capable d’affronter les difficultés qui arriveront ?
Rose :
Estelle me demande d’un coup :
–Au fait, c'était qui les garçons qui t’accompagnaient ?
Je lui réponds évasive :
–Ce sont des voisins d’immeuble, ils sont sympas.
Elle se met à côté de moi et me donne un petit coup de coude :
–Tu veux dire “plus” que sympa !? Y'en a bien un qui t'a tapé dans l'œil ?
Je souris poliment à sa blague :
–Tu es bête !
–Moi en tout cas, il y en a un qui me plaît bien…
Je perds mon sourire de suite face à cette annonce, elle continue à enfoncer le clou :
–Il faudra que tu me passes leur numéro un de ces jours !
Je commence à avoir mal, Émile me demande :
–Et il y a des filles dans cet immeuble ?
Je le regarde, j'aurais tellement aimé que nous ne changions pas de conversation, je ne me sens pas bien, j'ai l'impression que mon cœur va exploser, je lui réponds tout de même :
–Oui, il y a deux filles dans l'immeuble.
–Et elles sont jolies ?
Ça fait un mal de chien, la douleur est tellement forte, je mets mes deux mains au niveau de mon cœur, j'ai l’impression qu'il pourrait sortir à tout moment, Estelle et Émile remarque mon mal-être :
–Tu vas bien ?
–Tu es sûr que ça va ?
J'ai l'impression qu'on me comprime la poitrine, les battements de mon cœur s'affolent, il faut que je refoule ses sentiments, leurs questions m'ont fait l'effet d'un coup de poignard dans le dos, il faut absolument que je me calme, aller rassure les :
–Je… vais bien.
Une fois ma phrase finie, mon ventre, par le plus grand des hasards, se fait entendre, je souffle :
–Oh, c'est pas possible !
Émile et Estelle rigolent :
–Fallait le dire que t'avais faim ! Me dit Émile.
Estelle ajoute :
–On avait complètement oublié que tu étais un ventre sur pattes !
Sauvée par le gong, je retrouve un peu de ma bonne humeur et me sens plus légère, je leur crie de manière amicale :
–J'ai oublié de déjeuner s'matin !
Ils me prennent la main, Émile dit à Estelle :
–Allez, dépêchons-nous de trouver de la nourriture pour la petite Rose !
–Oui, sinon, elle sera grognonne toute la journée !
–Arrêter de me traiter comme une gamine, bordel de merde !
Ils m'entraînent jusqu'au restaurant le plus proche, nous prenons tous un petit repas à emporter, je leur demande :
–Ça vous dit d'aller manger ça dans notre coin habituel ?
Ils me répondent simultanément :
–Et comment !
Nous retournons face à la mer, sur la route nous séparant de la plage, plusieurs bites de béton ont été placées là de manière symétrique et ils sont suffisamment larges pour qu’on soit confortablement assis, nous sommes là à admirer la vue, une plage vide de monde, avec juste les vagues en fond, je respire profondément et expire :
–Ça fait vraiment longtemps qu'on n'est pas venu ici !
Estelle me répond :
–Ouais ça fait genre quoi quatre mois peut-être !
Émile finit la phrase :
–Quatre mois d'échange scolaire.
–En tout cas double J vont être heureux de vous revoir.
–Leur petite bagarre m'ont manqué.
Nous entendons une voix s'élever :
–Quoi, comment ça je suis chiante ! Je suis ton aînée, tu me dois le respect !
Nous nous tournons tous les trois vers la personne qui vient de crier, c’est Jessie qui engueule James, je soupire :
–Quand je vous disais que c’était devenu pire depuis que vous êtes partis.
–Tu sais ce que tu peux en faire du respect ! ...
Émile se rapproche de Jessie et James suivie par Estelle et moi :
–Le respect, tu peux te le foutre dans le c….
–Calmez-vous !
Ordonne Émile en les séparant, Estelle arrive à côté et leur dit :
–Regardez, c'est Émile ! Il sépare les bagarres en deux !
Jessie et James rigolent, il leur demande :
–Franchement, vous n’avez rien d’autre à dire pour votre retour ?!
Je leur dis :
–On avait pensé à faire un spectacle de clown, mais ils nous manquent le nez rouge.
Jessie me demande, étonnée :
–Tiens Rose, tu étais avec eux depuis tout ce temps ? Tu as loupé le cours de français.
–J’ai rien loupé alors.
Elle me fait la morale :
–Je veux bien croire que ton vaccin t’as mis dans le mal, mais tu ne diras pas la même chose quand le contrôle arrivera.
–Parle pas de malheur !
–Elle a raison, on y pensera après quand ils nous mettront leur bout de papier sous le nez, lui dit Estelle.
Émile ajoute :
–En plus, ça fait longtemps qu’on ne s'est pas réunis tous les cinq.
–Profitons-en ! Nous dit James, tout excité.
Le retour d’Émile et d’Estelle me fait chaud au cœur, nous nous amusons tous ensemble, cela me fait oublier la semaine que je viens de vivre, pleine de surprises et de vérités cachées, pas la peine de ressasser ses pensées et puis personne ne me croirait. Je vais juste m'amuser un peu, tant que je le peux encore, encore un tout petit peu avant que l'envie de s'autodétruire ne revienne.
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