Une mort pour un pardon
Suite de Mots d'amour pour lettre d'adieu POV de Derek.
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Je viens tout juste de rentrer chez moi et je suis surpris de voir que toi, Stiles, tu m'as écrit une lettre. Je m'installe alors sur mon canapé et commence à lire. Quand je lis tes premiers mots. Tes paroles. Je sais qu'elles seront les dernières que tu m'écriras. Que tu me diras. Comme une impression de ressenti. De déjà-vu.
Comme tu l'écris, tu as toujours été honnête avec moi. Comment pouvait-il en être autrement ? C'est impossible. Tu as toujours eu cette fraîcheur et ce don naturel de me taper sur le système. Bien sûr, ce n'était pas voulu, ni méchant et ça avait parfois tendance à me faire sourire. Mais, je ne te l'ai jamais montré. Pourquoi ? Aujourd'hui, je me pose encore la question.
Mais, voilà, la vérité, c'est que je n'ai été qu'un lâche et un idiot. J'aurais dû voir que derrière ton amour pour moi, se cachait un mal-être et une grande souffrance. J'aurais dû le voir. Le ressentir. À quoi bon être ce que je suis, si je ne suis même pas capable de comprendre ton appel de détresse. J'aurais dû être plus attentif et peut-être qu'aujourd'hui, tu serais encore encore là. Parmi nous. Avec moi.
Je continue de lire ta lettre et sans que je puisse le contrôler, des larmes coulent le long de mes joues. Ce n'est pas voulu. Je ne le fais pas exprès et même en me concentrant, je n'arrive pas à arrêter cette eau qui coule le long de mon visage. Je réalise que tu n'es plus là et ça me fait mal. Je prends conscience qu'à cause de moi, un père a perdu son fils. Un ami a perdu un frère. Et que moi, je t'ai perdu toi. Tout simplement.
Comment pourrais-je me lever le matin ? Comment pourrais-je me regarder dans un miroir sans voir le mot assassin se dessiner sur mon front ? J'en suis conscient. Tu es mort et je t'ai tué. Je suis le seul responsable et jamais, je ne pourrais oublier, ni même effacer ce lourd fardeau que je devrais porter. De subir. Sans parler que je devrais vivre avec le regard de ceux que tu appelais amis. Ta famille. Comment pourrais-je le supporter alors que je ne le supporte pas moi-même ? C'est impossible.
Je savais que tu m'aimais et jamais je n'aurais pensé que ce serait moi qui te tuerais. Surtout toi. Je me rends bien compte aujourd'hui, maintenant que tu n'es plus là, que je me suis toujours comporté comme le dernier des cons avec toi. Je n'ai rien fait pour te mettre à l'aise. Pour te faire te sentir mieux. Au lieu de ça, j'ai installé entre nous, ce vide et de la distance.
Je n'ai jamais appris à dire ce que je ressens pour les personnes qui m'entourent, car j'en ai toujours été incapable. J'avais donc besoin de mon armure. De ma carapace afin de me protéger de ce genre de sentiments. Aujourd'hui, je le sais. L'amour peut être violent et destructeur. Je le sais parce que tu viens de me le prouver. Comment ai-je fait pour ne pas voir les signes ? Comment ai-je fait pour être aveugle à ce point ?
Si j'avais anticipé, les choses auraient pu être différentes, car j'aurais pu te dire ce que je ressentais vraiment et peut-être. Peut être que tu serais toujours avec moi. Près de moi.
Je suis toujours assis en train de lire la douleur de tes maux, et mes mains commencent à trembler . Mon souffle devient court. Je ne comprends pas ce qu'il m'arrive et je n'arrive toujours pas à réaliser. Mais, je suis sûr d'une chose. Demain ne verra pas le jour. Pas pour moi.
Tu t'es laissé consumer par cet amour et il a fini par te tuer. C'est comme si je t'avais tué de mes propres mains et c'est quelque chose avec laquelle je ne pourrais pas vivre, car ce serait juste insoutenable. Insupportable et invivable.
Je réalise au fond de moi que ce que tu ressentais pour moi, je le ressens également. Alors pourquoi n'ai-je rien dit ? Pourquoi n'ai-je rien fait ? Pourquoi n'ai-je pas été capable de te dire ce que je ressentais ? Tu étais prisonnier de ton corps et de tes sentiments, et moi, j'étais le gardien de ta prison. Comment aurais-je pu te dire tout ce que je pouvais ressentir ? Je n'y arrivais pas, car contrairement à moi, toi, tu as toujours su me mettre à l'aise et me mettre en confiance. Tu n'avais aucun préjugé. Aucune crainte et cette force incroyable qui me donnait du courage et plus que tout de l'espoir. Aujourd'hui, je prends conscience que si j'avais appris à parler et à communiquer correctement avec toi, tu serais là, assis à mes côtés. Mon cœur ne serait pas en train de saigner. De se serrer comme peut faire subir l'effet d'un étau. J'étouffe.
Maintenant que j'ai fini de lire, je comprends que tout ce que tu as vécu durant cette longue année d'agonie, je le vis à mon tour. Je sais ce que tes proches voulaient dire quand ils te répétaient sans cesse, cet amour finira par te tuer. Je suis maintenant dans la même situation que toi. Mais, à défaut de toi, je suis seul pour vivre ça. En effet, je n'ai personne à mes côtés et je réalise que je n'ai même pas pu te dire au revoir. Adieu.
Je prends conscience que je n'ai été qu'un abruti et que si j'avais osé parler. Si j'avais osé te murmurer mes pensées, tu serais encore à mes côtés. Pourtant, il me reste un moyen, pour qu'à mon tour, je puisse te prouver comme je suis désolé et combien la vie ne vaut d'être vécue si tu n'en fais pas partie. Je réalise ce que je suis sur le point de faire, mais, ce ne sera pas en vain. Ni par pitié ou culpabilité. Je le fais tout simplement parce que moi aussi, je t'aime et que je l'ai ressenti dès le premier jour où mes yeux se sont posés sur toi. Je n'ai été qu'un abruti trop fier et trop discret pour t'avouer que je te voulais. Que je te désirais. Que je t'aimais.
Demain ne verra pas le jour, car je t'aurais rejoint. Ça ne rachètera pas mon âme auprès de toi, ni ce que j'ai pu te faire vivre et endurer. Mais nous serons enfin réunis comme on aurait dû l'être dès notre première rencontre. C'était une évidence et je me suis caché comme un enfant. J'espère que dans le monde des cieux, le pardon est une chose que l'on m'accordera, car j'ai besoin de ton pardon même si je ne le mérite pas.
Tu es mort pour moi, à cause de moi, car ton amour pour moi t'a consumé jusqu'à ton dernier souffle. Aujourd'hui, je te donne la plus belle preuve d'amour qu'il puisse y avoir, et parce que je t'aime, à mon tour, je meurs pour toi. Je m'appelle Derek Hale, et tout comme toi, je suis tombé amoureux de toi.
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