GoodLiving

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Une ville pleine d'entrain, de joie et d'action! Un lieu où les grands esprits se rencontrent à chaque coins de rues. L'amour est à votre porte et l'argent dans votre arbre, venez tous donc vivre à GoodLiving!

Cette boite à connerie explosa sous mon poing. Encore une télévision à racheter j'imagine... Tellement de mensonges.

Un crachat noir sur mon propre plancher et me voilà ressorti. Et dire que j'étais venu ici avec l'espoir de vivre une nouvelle vie.

Ils nous parlaient d'argent et de bonheur dans cette nouvelle ville digne du Far West. Mais au final, tout ce qu'on y trouve c'est un nuage noir empoisonnant tout le monde.

Elle est belle la ville quand on regarde les pubs, hein. Mais dès qu'on s'approche, c'est l'odeur des mines qui nous étouffe.

En marchant dans la rue, on voit facilement deux types de personnes. Ceux qui travaillent à la mine et les autres. Les uns ont le visage noir de suie et l'esprit aussi lourd que les chariots qu'ils poussent à longueur de temps tandis que les autres ont des pauvres sourires désespérés tentant de cacher la peur qui leurs serrent les entrailles.

J'arrive à mon lieu de travail, heureusement que j'ai évité le pire dans cette foutue ville. Je donne un petit coup dans le stand et à ma fausse satisfaction il est encore debout.

D'un pas mou je me glisse à l'arrière, réfléchissant à quelques phrases bidons pour commencer la journée.

-"Eh merde j'ai oublié la pancarte." Maugréai-je en serrant les dents.

En temps normal j'aurais fais l'aller retour pour aller la chercher, mais là j'étais parti en retard et donc je n'avais plus le temps avant le meilleur moment de la journée.

Un soupir de perdu dans le néant et je sors une seringue que je me plante joyeusement dans la veine.

Rapidement après, mon corps devient léger et toute cette ville ne me cause plus de tort.

Profiter de sa journée comme si c'était la dernière, voilà la seule leçon raisonnable que j'ai appris ici, heureusement les trafiquants courent les rues, même partout en fait. Il y a toujours la police comme il y aura toujours ces types.

Enfin, ces types. Ils sont comme moi après tout, je suis simplement meilleur qu'eux.

La sonne cloche... Ou la cloche sonne plutôt, je me penche en direction de l'entrée de la mine avec une certaine impatience.

Ils arrivent! Je m'accroupis joyeusement derrière mon stand en prenant deux morceaux de scotch que je colle sur mes pommettes jusqu'au coin de mes lèvres. En voilà un beau sourire!

Les premiers mineurs sortent pour la pause déjeuner. Leurs regards morts me voient en partie et leur démarche serait parfaite derrière un corbillard.

À vrai dire, je n'ai même pas eu à parler cette fois. Mes habitués vivants me rejoignent à l'instant où ils voient mon stand.

Ils ne sourient pas, mais leurs regards brillent d'impatience.

Je suis un grand vendeur de thé! Du bon thé transparent au fort goût de vodka, whisky... En fait c'est pas du tout du thé si vous voulez la vérité, c'est du bon alcool fort pour endormir les sens.

Les ventes affluent, les paroles se préservent. La vente d'alcool est interdite, si je me fais choper je suis mort. Mais ça ne devrait pas arriver aujourd'hui.

Les ventes se stoppent aussi rapidement qu'elles se sont enchainées et je me retrouve bientôt seul sur ma chaise contemplant un ciel noir.

Fait-il jour? Ou est-ce que nous sommes tous des travailleurs nocturnes? Je n'en sais foutrement rien... Et à force on y fait même plus attention.

La prochaine réunion avec mes clients se fera cette nuit, j'ai donc le temps, enfin si on se fie à cette énorme horloge creusée dans la montagne.

La plus grande montagne de l'ouest, surplombant toutes les plaines aux alentours et dont les sous-sols regorgent d'or et de platine. Le véritable fleuront de cette conquête de l'ouest c'est cette biodiversité: entre rats morts et chiens faméliques. Ouaip, ça en valait vraiment la peine!

La ville est qu'une ruine récente. Les murs et toitures fabriqués avec amour ne sont qu'à présent des tas de briques noircies par l'ambiance funeste de cette ville.

Les canalisations sont visibles par endroits et sont même parfois percées, je vous dis pas l'odeur. Et tout ça parce que les sous-sols sont achetés par quelques entreprises de riches types qui interdisent même à la mairie de créer des canalisations décentes. Après tout, s'ils trouvaient de l'or à qui il irait?

Je monte les marches à flanc de montagne. Elles mènent à l'endroit agréable de cette ville.

Me voilà arrivé sur cette terrasse vide comme toujours. C'était à la base un petit lieu touristique pour pouvoir observer la ville vue de haut, par delà les toits et les cheminées. Mais maintenant ce n'était qu'un tas de planches pourrit prêt à craquer à chaque pas.

Je teste la rambarde d'un coup avant de m'y appuyer pour profiter de la vue.

À peine appuyé dessus que de l'agitation attire mon attention en bas.

Une vieille semble s'être évanouie au milieu d'une ruelle où des bandits montaient la garde. En tant normal je me serais inquiété, mais puisqu'on est à GoodLiving...

Je peux voir l'un des types s'approcher de la vieille et l'aider de son mieux tandis qu'un autre court dans une maison pour revenir quelques instants plus tards avec quelques médicaments. Dans les autres villes, la mamie serait morte et dépouillée plus rapidement qu'elle était tombée. Mais ici, les gens ne se laissent pas mourir, ils s'aident et sont tous solidaires. Nous sommes tous dans ce même sac à merde, non? Alors déjà que la ville veut notre peau, l'Homme montre sa pseudo lutte dans la solidarité.

C'est merdiquement beau comme dirait mon frère. Ici, c'est le meilleur du pire.

Je retire le scotch de mes joues, je n'en ai plus besoin.

Je décide de repartir, après tout la vue reste quand même bien pourrie.

Et quand je me retourne, je vois plusieurs policiers m'attendant patiemment, la matraque aux poings. Eux ne sourient pas.

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