Les autres
La vérité, c'est que je les hais.
Les autres.
Celles qui n'ont pas eu de problèmes, ou peut-être que si, mais qui ne le montrent pas et semblent nager dans la joie de la maternité.
Celles qui affichent fièrement leurs ventres, en précisant à combien de "SA" (semaines d'aménorrhée) elles en sont.
Celles qui mettent des photos sur les réseaux sociaux, tous les jours, tout le temps, pour n'importe quoi. Ca commence dès l'échographie, et ça continue avec les photos de la naissance, de l'allaitement, des couches, de de de ...
Celles qui se plaignent, aussi : "Tu verras quand t'auras des gosses" (oui justement, j'aimerais bien, et même un seul ça m'irait), "ah là là, si y avait pas les gosses, hein ..", "heureusement qu'on les aime !"
Il m'arrive parfois de pleurer juste en voyant une mère, un père, donner la main à son enfant dans la rue. En me disant qu'à moi, ça n'arrivera jamais.
Je guette, même involontairement, les gestes de tendresse des parents envers leurs enfants, les regards complices, les activités partagées.
Toutes ces joies dont je suis privée.
La vérité, c'est que je me hais.
Je me déteste de les détester, de les envier, de les guetter, puis de les maudire, dans une valse hésitation entre jalousie et voyeurisme, qui fait monter et descendre l'ascenseur émotionnel plus vite que des montagnes russes.
Et toujours, en me demandant :
Et moi ?
Et nous ?
Ce sera pour quand ?
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