Bon appétit
J'étais encore bouleversé; je n'avais ni l'envie ni la force de continuer mais je n'avais visiblement pas le choix. D'après ce que je voyais, tout le monde pensait la même chose. Les visages étaient abatus, le regard tourné vers le sol et pas un mot ne sortait de nos bouches. La Papesse, une blonde au visage impassible et hautaine prit la parole:
- Je ne sais pas vous, mais pour ma part je vais continuer car je ne veux pas finir comme cette pauvre fille et vous devriez en faire autant, dit-elle avant de tourner les talons en direction de l'autre salle. Les autres partcipans la suivirent peu à peu, nous laissant, l'Ermite et moi, seuls à coté de la porte immergée. Il m'aida à me mettre debout et sans un mot nous nous sommes dirigés vers l'autre salle.
Tout le monde était au centre de la pièce lorsque nous entrâmes. La pièce était immense, entièrement en bois avec une grande fenêtre qui donnait sur la ville. Il n'y avait que deux éléments dans la pièce: une table à manger se trouvait au centre et elle semblait dresser pour une grande réunion de famille. Il y avait également une porte en pierre avec des motifs égyptiens, seul bémol elle était au plafond. Je me doutais qu'il s'agissait de la prochaine sortie mais aucune idée de la méthode pour l'atteindre. Tout le monde déambulait dans la salle en observant la table, les couverts et les noms notés sur les assiettes: Clio, Calliope, Uranie... Je reconnu tout de suite les neuf muses de la mythologie grecque. Par pûre curiosité, je pris l'assiette Uranie et en la retournant je vis ma photo au dos. J'ai prévenu tout le monde et ainsi chacun se retrouva avec son assiette et donc une muse protectrice. De savoir que j'étais associé à la muse de l'astronomie me rassura d'une certaine manière car cela me rappellait les histoires que me racontait ma mère qui aimait regarder les étoiles. Nous n'avions cependant aucune énigme, aucun indice, juste une table et une porte à huit ou dix mètres de haut.
L'un des participants, plutôt jeune avec des cheveux longs et blonds, s'assit à sa place et un hologramme jaillit de son assiette. Il s'aggissait de Paul Tarrotin le fondateur et PDG de Gamecop.
"Mes chers amis, bienvenue dans la salle à manger. Installez vous à vos places et discutez, faites connaissance. D'ici peu, un repas vous sera servi, finissez toutes et tous votre assiette si vous voulez sortir car cela est malpoli de laisser de la nourriture à table."
Apres ce court discours, tout le monde s'est installé à sa place, il ne fallut qu'une poignée de secondes pour que les langues se délient. Petit à petit tout le monde discutaient par groupe de deux ou trois personnes. Quant à moi, je me suis retrouvé à côté de l'Ermite, que je trouvais fort sympathique et intéressant. Nous nous racontions nos vies respectives. J'appris qu'il serait bientôt grand-père et que cela l'inquiétais car il avait peur de ne pas être à la hauteur de la tâche. Il m'interrogea sur ma famille mais je restais très vague là-dessus, préférant ne pas en dévoiler trop pour le moment.
Tout à coup, la table se mit à trembler et les assiettes s'ouvrirent. Des cloches recouvrant un plat surgirent devant chacun d'entre nous. Je fus le premier à ouvrir et il s'agissait d'une sorte de boeuf bourguignon. Tout le monde fit de même et nous commençâmes à manger. Le repas était assez calme, on pouvait juste entendre le bruit des couverts s'entrechoquant. La viande était plutôt tendre mais elle n'avait pas le goût du boeuf, c'était surement une espèce dont j'avais moins l'habitude de manger. A la fin du repas, lorsque les assiettes furent toutes vides, une envie de faire la sieste m'envahit. Je mettais seulement sur le compte du copieux repas et de ma mauvaise nuit de la veille. Le plus étrange était que tout le monde commençait à somnoler. Deux filles s'endormirent la tête sur la table et ainsi de suite. Lorsque mes yeux commencèrent à se fermer, j'eus l'étrange impression que la pièce bougeait.
J'ouvris les yeux d'un coup. J'étais affalé au sol et je ne savais pas combien de temps j'avais dormi. La pièce était vide, il n'y avait plus personne. Cependant la porte égyptienne qui se trouvait au plafond me faisait désormais face. Mon père m'avait appris à déchiffrer certains symboles, je suis parvenu à trouver mon nom marqué en hiéroglyphes. Au moment où je passais ma main dessus, les caractères s'illuminèrent en bleu et la porte s'ouvrit dévoilant un couloir sombre et quelques toiles d'araignée. A l'entrée se trouvait une lampe torche que j'allumai. Tandis que je commençais à avancer dans le couloir, la lourde porte de pierre se referma derrière moi. Il n'y avait plus moyen de faire demi-tour.
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