Et fier de l'être

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 Ce matin, je me suis levé à 6 heures. Je dors en moyenne entre 4 et 5 heures par nuit. J’ai passé la soirée de la veille à regarder la télévision, les chaînes d’infos notamment, tout en réglant des détails par textos et Telegram. Je ne téléphone pas après 22 heures, seulement en cas d’urgence. Mais dans ces cas précis, heureusement rares, je n’ai pas le temps d’être devant la télévision, vous vous en doutez bien. Je déteste encore plus quand on m’appelle, un collaborateur qui souhaite me joindre doit d’abord me prévenir. Les sonneries intempestives pour entendre une petite voix paniquée pour un problème de plomberie ou une virgule à changer sur un vulgaire traité, bref une sottise, cela a tendance à me mettre hors de moi. Et je n’aime pas être hors de moi, le contrôle est important, il est le maître-mot, tout ce que je fais, je dis, a un but, un objectif. Je déteste ne pas être maître de mes émotions et je déteste encore plus détester quelque chose chez moi. Mais soyons clairs, pour m’appeler après 22 heures sans que cela soit prévu, il faut au minimum être au seuil d’une menace très importante me concernant (et si on ne m’appelle pas alors que c’est le cas, j’ai quelques solutions radicales à la fois pour ce lâche et pour celui qui aurait osé s’attaquer à ma personne) ou que l’on m’annonce une cargaison de 3 ou 4 jolies poupées dans mon salon.

  Les nouvelles de la veille étaient bonnes, je parle des nouvelles venant des médias. Je n’aime pas les journalistes, et j’en déteste franchement beaucoup. C’est quoi le but d’un journaliste ? Annoncer des bonnes nouvelles ! Et si elles sont mauvaises, tout faire pour qu’elles soient bonnes nom de Dieu. Tout le monde peut lire un prompteur, alors mettez-y le ton et un peu d’entrain ou allez présenter la météo (j’aime beaucoup la météo au passage, surtout quand il fait froid, ce qui donne tort à ces pseudo-scientifiques qui n’ont que le réchauffement climatique à la bouche). Et arrêtez de mentir, comme si le monde allait si mal. C’est un endroit dangereux, je ne dis pas, mais avec un minimum d’intelligence et de volonté on ne s’en sort pas trop mal. Mais ces trouillards angoissés préfèrent alimenter le peuple avec des mensonges sous perfusions. Si ça ne tenait qu’à moi, je t’en enverrais quelques-uns en milieu hostile, dans un quartier sordide en proie à la violence par exemple vu qu’ils aiment tant les opprimés et les minorités. Je le note sur Twitter, ça me fait office de pense-bête et ça réveille un peu les justiciers du clavier, un petit tweet à l’aube pour faire gesticuler les bien-pensants et qu’ils trouvent un sens à leurs vies.

 Je prends toujours une douche dès que je me lève, une douche bien chaude pendant environ 10 minutes en écoutant un peu de Beethoven ou de Wagner, je suis plus d’humeur wagnérienne en ce moment. Ensuite je me rase, tous les jours et cela depuis 56 ans. Je prépare toujours mes habits la veille, cela fait une décision en moins à prendre dans la journée, puis 2-3 claques sur le visage, du parfum, un petit mot de motivation pour moi-même et je passe à table pour un petit-déjeuner avec ma femme, quelquefois ma fille et mon beau-fils s’ils ne sont pas je ne sais où à travers le pays. J’aime les fruits frais, les laitages mais j’ai toujours un goût un peu enfantin pour les céréales. Un petit café aussi, un ristretto, le prochain et dernier de la journée sera entre 10 et 11 heures. Plus et j’ai l’impression de me déshydrater. A table, c’est moi qui parle et lance les sujets. Je n’aime pas être dérangé par des discussions parasites mais j’aime quand même solliciter les avis des autres, et quand un de ceux-là me paraît naïf ou risible je n’hésite pas à le dire. Mon excellente mémoire fait que j’oublie rarement ce genre de paroles et que je sais les ressortir au moment opportun, ainsi que trouver des surnoms à ceux qui se sont couvert de ridicule. Cela fait souvent rire tout le monde, c’est important pour l’esprit de groupe, d’autant plus que chacun y passe. C’est inapproprié toutefois de penser que j'agis ainsi concernant la situation présente, je ne le fais jamais avec ma femme pour qui j’ai un grand respect, ni avec ma fille que j’aime plus que tout ainsi que son mari qui est un jeune homme talentueux, bien éduqué et efficace. Il travaille avec moi, il est docile et très actif. Il est par contre un très mauvais partenaire de golf, je n’ai joué que 2 fois avec lui avant de lui faire comprendre que c’était pour moi un moment important et que je n’étais pas là pour jouer au professeur bienveillant et perdre mon temps tout en faisant chuter mon égo. Je l’appelle depuis ‘la swingueuse’.

 Je pars au bureau sur les coups de 7h-7h15, la première demi-heure est consacrée à regarder les chaînes d’infos, à me faire coiffer, à préparer l’agenda des jours qui viennent. Vient ensuite le défilé des rendez-vous et parfois des voyages plus ou moins éreintants selon le lieu et vu mon âge. C’est que je suis robuste et bien conservé (et bien meilleur au lit que ces lopettes squelettiques que je vois à l’instant sur mon écran en train de parader pour la défense d’une quelconque espèce d’escargots dont jamais personne n’en a rien eu à faire), mais j’ai passé l’âge d’être mielleux et obséquieux avec des parvenus qui pensent sauver le monde mais ne savent même pas serrer une main. L’ai-je-été dans ma vie, mielleux et obséquieux ? Ca m’est arrivé mais il fallait quand même atteindre un certain nombre de zéros sur le chèque. Je ne vais pas m’étaler sur mes journées, c’est la routine et il n’y a que quand je le décide que les choses bougent. C’est le lot de toute ma vie, je ne m’en plains pas mais il m’arrive de regretter le passé. Si j’avais su que j’aurais eu aussi peu de temps pour jouer au golf avant de devenir président des Etats-Unis…

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