L'avocat et l'innocent

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L’avocat et l’innocent

 

Un brave homme habitait dans un pays de droit,

Honnête, considéré, respectueux des lois.

D’un lourd et vil méfait qu’il n’avait point commis,

Mais dont tous les indices convergeaient contre lui,

A sa grande surprise se trouva soupçonné.

L’homme aussitôt fut mis au banc des accusés.

Certain de son bon droit et de son innocence,

Il s’enquit sur le champ pour plaider sa défense

D’un ténor du barreau, un très grand avocat

Qu’il convainquit sitôt d’une poignée de ducats.

L’homme en robe excellait en joutes oratoires,

Enflammait de ses textes tribunes et prétoires.

« Votre cas - lui dit-il - me paraît défendable,

Mais il faut pour cela que vous plaidiez coupable !

Mon envolée serait d’autant plus convaincante

Que vous exposeriez une âme repentante !

Abandonnons céans toute idée d’innocence,

Le juge usera mieux de la jurisprudence ! »

Le brave homme étonné ne peut se résigner

A cet assassinat dont on veut l’accabler.

-« Comment plaider le crime pourrait dans cette cause

M’innocenter du pire, m’absoudre de la chose ? »

-« je connais mon métier, repartit le plaideur,

Et vous éviterai des novices l’erreur.

Le juge sera mieux enclin à pardonner

Si vous reconnaissez et pleurez vos regrets !

Alors que les nier, refuser l’évidence,

Ne pourra qu’énerver, repousser l’indulgence. »

 

Notre ancien innocent s’en remit au conseil

De celui qui savait ! Comme nul autre pareil

Il avoua les faits en accents misérables.

Accablé de remords dans le rôle du coupable.

De fait la plaidoirie fut brillante et sauvage.

On vit l’assassinat en terribles images,

La folie meurtrière, des scènes si tragiques

Ne pouvant provenir que d’êtres maléfiques.

Le juge et les jurés, tremblant d’indignation,

Conclurent sur le champ la préméditation.

Le sage déclara, des larmes plein les yeux,

Qu’en vertu de la loi, devant de tels aveux,

De remords trop tardifs pour espérer clémence,

Qu’il condamnait l’idiot sur l’heure à la potence !

 

En matière de justice il n’est de science exacte

Que les faits qu’on décrit, ton bon sens et ta foi.

Fuis les doctes juristes, avocats, hommes en frac,

Garde claires tes idées, ton seul allié c’est toi !


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