C’est donc nue et drapée d’une serviette sur l’épaule que j’avance dans l’établissement. La vapeur est dense, et je traverse ce brouillard de manière lente et chaloupée pour ne pas perdre mes doux poursuivants.

Je me sens belle... et je vous avouerai que je ne me reconnaîs pas trop, comme sur un nuage (ou plutôt dedans), hors du temps, le coeur battant la chamade, la sueur glissant sur la peau, et les papillons dans le ventre, l’esprit empli de désir, j'avance sans me retourner.

Je passe une ouverture et devine d'autres silhouettes assises dans le fond de la pièce à gauche, je longe donc le mur de droite, en caressant la condensation suintant de ces murs comme chauffés par la température ambiante.
Arrivée dans une espèce de petit corridor que je n'ai pas, me semble-t-il, encore découvert, mon allure est freinée par de subtils contacts sur mon dos et mes fesses.

Je ralentis tant et plus que je suis presque à l’arrêt.

Cette fois-ci ce ne sont pas une, ni deux mains qui explorent ma silhouette mais bel et bien trois, puis quatre.

A la recherche moi aussi de contact, je laisse traîner mes mains vers l’arrière.
Ainsi, avec ma main gauche, j’effleure, une douce et turgescence tendue vers le ciel et de l’autre je ne peux que sentir un corps tout entier qui vient se plaquer à moi. Des lèvres humides viennent déposer un baiser dans mon cou, et un désir ardent vient presque percuter ma fesse droite.
C'est avec une respiration plus profonde et malgré tout saccadée, que j’accepte ces caresses sur ma peau. Des doigts qui, tantôt, effleurent mes tétons tantôt viennent empoigner plus fermement ma petite poitrine. Mon ventre est touché, puis mes fesses sont parcourues, arpentées… pelotées, les gestes se font plus précis, l'excitation me gagne terriblement .
Alors, n’y tenant plus, je me retourne et embrasse à pleine bouche le premier homme venu. Celui-ci me saisit les fesses et vient me soulever. Je me retrouve plaquée contre le mur et rapidement pénétrée passionnément. J'entoure le cou de mon inconnu avec un bras, de l'autre main je m'accroche comme je peux à l'épaule de mon deuxième amant qui aide à me porter.
Cette passion ardente exécutée comme un lent balai, une douce chorégraphie de corps en sueur qui se joue en silence. Une belle symphonie de profonds gémissements assourdis qui résonnent au travers de ce brouillard de vapeur.
Le plaisir avancant sous les coups de reins de l’un, les caresses subtiles de l’autre commencent à se faire de manière parfaitement synchronisée arrachant à ma bouche quelques cris aigus.
Mais petit à petit, la route de nos orgasmes se montrant plus précise, les gestes deviennent désordonnés. Tel un ralenti de cinéma, mes amants échangent leurs places comme pour mieux maintenir cette folle étreinte à son plus haut niveau de plaisir.
D’un geste maladroit, je m’accroche à ce que je peux sur le mur de faïence.. c’est alors qu’un jet d’eau fraîche s’abat sur nous, apparemment c’était le bouton poussoir de la douche que je viens d'actionner de manière malencontreuse…
Le choc thermique et les coups de reins délicieusement offerts provoquent une folle réaction dans tout mon être.. alors que, déjà prête à hurler de plaisir, je suis soudainement prise d’un profond et terrible orgasme, d’une intensité que je n’avais jamais connue.
Je ne sais plus trop bien ce qui vient de se passer, mais je crois que nous avons tous trois atteint le septième ciel, et la parenthèse enchantée se referme doucement dans des soupirs vaporeux au milieu de ce hammam.
Mes amants disparaissent comme ils sont apparus, non sans caresse d’adieu, et je me retrouve seule, béate et droguée de tout ce plaisir fou qui venait de me transpercer au plus profond de mon corps et de mon âme.

En tournant la tête, je constate au travers de mes paupières mi-closes que des personnes s'étaient invitées au spectacle que j'ai bien voulu leur offrir à mon insu... Cet homme et cette femme semble me regarder intensément, notamment, elle semble impressionnée et malgré tout envieuse de l'audace de mes actes en cet après-midi hivernale... Elle lui prend la main et l'attire dans une autre pièce. Vais-je les suivre ? Non, je ne pense pas. Je vais plutôt laisser libre court à mon imagination sur ce qu'ils vont vire dans cette chaude vapeur.

Je me redresse et appuie sur le bouton pour finir de me rafraîchir sous la pluie fine que m’offre le pommeau de douche. Je ramasse ensuite ma serviette et me dérobe en direction des vestiaires.
Pour ne rien vous cacher, c’est dans un état second que je flotte en direction de ceux-ci puis reprends mes affaires pour m’habiller.
Je franchis ensuite la porte du vestiaire vers l’extérieur, et celle-ci en se refermant scelle cet instant érotique qui vient de se jouer au coeur de ce nuage de vapeur.
Légère, heureuse et ressourcée, je suis de nouveau prête pour affronter mon quotidien lorsque je me retrouve dans l'accueil de l'établissement.

Claire et son mari accueille ma sortie avec un grand sourire entendu, complice.

Au moment de partir, la question fatidique : Avez vous passé un agréable moment au sein de notre établissement ? Aurons-nous le plaisir de vous revoir bientôt ?

Claire me sourit d'un air complice et me tend un prospectus avec un : "A bientôt".

Je franchis la porte et fouettée par la bise hivernale, je trottine vers ma voiture. Je m'installe au volant, encore fébrile de toute cette folie, je me regarde dans le rétroviseur, j'ai changé. C'est une femme libre et épanouie qui me regarde dans ce petit miroir... Je pose le prospectus sur le volant et commence à lire... apparemment, il y a des nocturnes à venir, entrée libre pour les femmes...