Là où fleurissent les perles de pluie
Henry Decheval vient de perdre sa tendre épouse, Elizabeth, âgée de 68 ans. Il est dépassé par les événements, aucun soutien familial ; il doit s'occuper de tout l'enterrement ! Alors que le jour arrive, il se confesse à la tombe de sa chère épouse, les yeux remplis de larmes.
« C'est tellement difficile sans toi... » Et la tombe lui répond !
Pas plus de 1000 mots ! A vous de voir la construction du fil conducteur ! A vos claviers ! ;)
* * *
Le soleil léchait le cou nu d’un vieil homme. Tête baissée vers la tombe de sa défunte épouse, Henry était là, seul, impuissant entre la terre et le ciel. Après avoir lâché des trombes d’eau, les nuages semblaient s’être calmés : ils reprenaient leur souffle après un long discours.
La lumière illuminait les perles salées du veuf qui ruisselaient sur ses joues ridées.
« C'est tellement difficile sans toi... » murmura-t-il, agenouillé sur l’herbe mouillée.
L’eau de la pelouse s’imprégnait dans ses genoux fatigués. Un frisson le parcourut.
« …si j’avais été là… » reprit-il en baissant davantage la tête.
« On serait mort tous les deux et alors ? Ta présence n’aurait pas évité l’accident de voiture. » répondit soudain une voix féminine.
L’impensable s’était produit. Henry écarquilla ses yeux.
Cette voix qu’il aimait tant…
Il se redressa aussitôt et scruta les alentours en essuyant ses larmes. Avait-il bien entendu ?
« Il y a quelqu’un ? » s’exclama-t-il.
Seul le vide du cimetière lui répondit, à moins que…
« Non, il n’y a personne ! »
Le retraité fronça les sourcils. On lui jouait une mauvaise blague.
« Montrez-vous ! » ordonna-t-il en tournant en rond comme un lion en cage. Ses pieds écrasaient la pelouse verte.
« Je ne pouvais pas m’empêcher de te charrier un peu, je t’avoue. »
Le vieil homme blêmit soudain en posant ses yeux sur la plaque de marbre où gisait « Elizabeth Decheval » depuis quelques heures. La vie d’Henry s’était arrêtée avec la fermeture de la tombe. Pourtant, il sentait battre son cœur comme jamais. C’était comme s’il renaissait.
« Elie ? » murmura-t-il, sous le choc.
Il tomba à genoux et se pencha vers la terre encore fraîchement retournée. La croix blanche semblait l’observer, l’œil tranquille et silencieux.
« Tu… es vraiment… là ? » reprit-il en scrutant la tombe.
« Si je ne suis pas là, je ne sais pas où je peux bien être. »
Un sourire étira les traits d’Henry. Des larmes perlaient dans ses yeux.
« Comment tu te sens ? » souffla son épouse.
La douceur de sa voix s’enroula autour du vieil homme comme un baume réparateur. Il ferma les yeux.
« Dévasté. »
« Quoi ! Tu n’apprécies pas ma présence ? » s’insurgea-t-elle.
Il l’imaginait déjà croiser ses bras, la mine boudeuse. Le sourire d’Henry s’élargit davantage.
« Disons que tu n’étais plus là depuis une semaine et que miraculeusement tu réapparais comme une fleur alors je ne sais plus trop quoi penser mon amour. »
Henry marqua une pause. Il apprécia soudain la chaleur du soleil sur sa peau. La douceur de la caresse lui rappela son Elie.
« Je suis heureux de savoir que tu existes quelque part. » murmura-t-il.
« Je serais toujours là avec toi, tu le sais. »
Le vieil homme sentit alors son cœur le chatouiller d’émotions. Il ouvrit les yeux. Il avait tant à lui dire et tout restait coincé dans sa gorge. Seuls ses yeux brillants, illuminés par son large sourire, parlèrent.
« Ne t’en veut pas pour ma mort mon chéri. S’il y a bien une chose qu’on ne peut changer, c’est le passé. »
« Que proposes-tu ? » souffla-t-il.
« Achète une nouvelle voiture, celle dont tu as toujours rêvé. »
« Tu n’es pas croyable. »
« Je sais. »
« Je t’aime. » sourit Henry en retenant une larme.
« Je t’aime en vie mon amour. »
Le vieil homme laissa couler son chagrin sous le manteau velouté de son épouse. La chaleur de son souvenir l’enveloppa tout entier tandis qu’il leva la tête vers le ciel.
« On se retrouvera. » chuchota-t-il aux étoiles.
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