Les Origines
Les mois ont passé, les années aussi. Mon éternelle soif de débauche ne tarissait pas. J’avais pris de l’âge, de la bouteille également, et connu un mariage aussi vite expédié qu’une bière. Une connerie à cinquante plaques et pour être franc, avec du recul, j’ai idée de l’avoir un peu provoqué. Casser la routine, une femme, une alliance, puis les premières tromperies, premiers mensonges, coucheries en masse et découchages sans scrupules. Vint la rupture et le divorce. A nouveau j’étais célibataire, indépendant, riche et avec autant d’attrait pour la chatte. Je retrouvais des réflexes que j’aurais pu qualifier de jeunesse, mais si celle-ci était passée, mes réflexes eux ne m’avaient jamais quitté. Serge et la sublime Nina vivaient un parfait bonheur, symbolisé par la venue au monde de leur fille, Ellie.
Nous avions vingt-cinq ans à sa naissance, et naturellement j’en devins le parrain, le tonton, le flic gentil quand ses parents l’engueulaient et une oreille de confiance à ses secrets. Elle grandissait à mesure de mes déboires, avec l’espièglerie de sa maman et le courage de son père. Un joli petit brin de fille, qui à l’aube de ses treize ans avait la particularité d’avoir un esprit d’adulte dans un corps d’enfant. Cette tendance pouvait rapidement mettre dans l’embarras les personnes la rencontrant. Ils avaient pour habitude de s’adresser à elle comme à une fillette, et devant son éloquence et la pertinence de ses réponses, retombaient à leur tour en enfance avec un mélange de crainte et de fascination pour la jeune fille. Je l’observais d’un œil de mon côté quand je passais à la maison. Ses yeux verts prenaient une teinte affirmée au fil des ans, et de petits seins disaient maintenant au monde « je suis une femme ».
Elle ne l’était bien sûr pas encore, mais viendrait un matin où ce n’est plus l’enfant que je regarderai, mais la demoiselle. Puis la nymphette, et puis viendrait ma perte. L’attraction grandissante que sa présence me conférait m’intriguait autant qu’elle me consumait. Je perdais peu à peu mon sang-froid et me livrais aux pires excès entre les cuisses d’un nombre incalculable de garces nocturnes. Je ne payais jamais, ou pas directement. Ces amantes d’une nuit étaient des mères célibataires, des femmes au foyer, des directrices de services, étudiantes, guindées, délurées, jouisseuses et receveuses. Je les baisais toutes uniquement de dos. J’aime mettre à genoux une femme, et la savoir aussi docile que cambrée me plaît beaucoup. Mais j’aimais par-dessus tout éviter leur regard. Il suffisait d’un court instant pour que se trouble mon esprit et que celui d’Ellie vienne à remplacer ceux de mes maîtresses. Elle n’était pas encore majeure, allait sur ses dix-sept ans et semblait prendre conscience de la faiblesse des hommes jour après jour. Me concernant, elle l’avait compris depuis longtemps, et les regards furtifs et nerveux que je lançais sur ses rondeurs me trahissaient maintenant sans aucun doute. Un soir, seul avec Serge, nous parlions de tout et de rien, puis la conversation dévia gentiment sur Ellie qui grandissait trop vite aux yeux de son père.
- J’ai la chance d’avoir une fille magnifique. D’avoir une aide pour mes vieux jours et d’avoir réussi avec Nina à en faire quelqu’un de bien, je pense. Elle est belle hein ? Me demanda-t-il.
Autant que sa mère, si ce n’est plus, pensais-je.
Marquant un léger temps d’arrêt, je finis par lui répondre :
- Elle est belle oui, vous avez de la chance avec Nina. Tandis que hurlaient dans ma tête les mots ; bonne bandante baisable ! Elle devient une femme, tu sais Serge, et c’est un sacré beau petit lot… Vous avez du souci à vous faire ! conclus-je en rigolant.
Je me demandais immédiatement si je n’en avais pas déjà trop dit. Quel con.
- On fera comme les copains mon pote, c’est-à-dire ce qu’on peut dans la mesure du raisonnable, déclara mon ami.
Le raisonnable m’emmerde. Et Ellie, pour des raisons différentes, commençait elle aussi à m’emmerder.
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