Fiesta entre voisins
Ellie dormait dans la voiture quand on regagna l’hôtel. Je filais ventre à terre dans notre chambre y prendre nos affaires pour mettre les voiles. Sans avoir idée de l’endroit où aller, je savais que celui-ci s’était éteint. Je saluais le petit jeune de l’accueil à qui Ellie avait ouvert la nuit dernière et me sauvais sans demander mon reste. Il était temps de rentrer. J’avais une soif d’ogre et l’envie de retrouver Sonia et sa pote infirmière. Ou sa voisine. Peu importe. N’importe quelle putain ferait l’affaire. Il était temps de revenir aux fondamentaux et se bousiller entre gens bien. Taper dans de la quadra affirmée et rentrer dans les rangs une bonne fois pour toutes. J’en avais peut-être suffisamment fait avec Ellie pour me permettre de l’imaginer chaque fois où coucherai avec une autre. Crier son nom les nuits de cauchemar pour mentir à l’aube jour après jour. J’envoyai un message à Sonia pour lui annoncer ma venue dans la soirée et pris la bretelle d’autoroute pour rentrer chez nous. Soirée merdique. J’avais offert à cette gosse qu’un remake fade de l’Ancien Monde. Perdu dans le sien ayant trop peur du mien.
— On est où David ?
— On rentre.
— Je dors depuis longtemps ?
— Quelques heures. Je suis passé récupérer nos fringues à l’hôtel.
— J’ai faim.
— On va se trouver un petit resto sur la route.
— Réveille-moi quand tu l’as trouvé.
J’étais encore une fois parti sans prendre à manger. Je ne pensais qu’à boire et à baiser, ou faire semblant. Boire et avoir l’idée de baiser. Ouais. Boire en pensant baiser. Crétin. Boire et raviver le souvenir d’une baise. Boire. Les musiques que le poste radio crachait m’arrachaient quelques larmes et me broyaient les dents. Ellie dormait paisiblement à mes côtés, ce qui me fit un peu plus pleurer. Il me tardait de rentrer. Tant sont morts si vite. Arrêter de pleurnicher et me concentrer sur le temps imparti. J’avais la chance de pouvoir pousser la chanson encore un peu et si la jeunesse d’Ellie appelait ma mort, il me restait une cour entière avec laquelle danser pour le faire dignement. Je n’avais pas charbonné toutes ces années pour arriver à rien. D’ailleurs, je n’étais pas arrivé à rien. Je buvais, baisais et sortais autant qu’il me plaisait. Peu peuvent s’en vanter. Putain, j’en avais encore suffisamment sous la pédale pour tout brûler et celle de ma caisse prit les devants pour nous trouver un resto. On s’arrêta dans un petit bourg pour s’asseoir à une terrasse de brasserie. Un zombie accompagné de sa fille. Je laissai Ellie un instant et filai aux toilettes me repoudrer le nez. J’en avais une foutue envie et m’envoyai quelques poteaux dans les naseaux. Riche idée, cela me coupa la faim et de retour en terrasse clopes et bières m’abreuvèrent. Ellie était mignonne, elle devait sentir mon malaise et prit une planche de charcuterie et une autre de fromage le temps que je retrouve un semblant d’appétit. Le déjeuner expédié et à nouveau maquillé, on reprit la route et elle se rendormit. J’admirais la facilité avec laquelle le sommeil la prenait. J’en étais incapable. Fermer les yeux en toute sobriété me terrorisait et mes entrailles hurlaient d’angoisse en silence. Je ne m’endormais qu’ivre mort ou sous substance. Tenter de le faire l’esprit sain se révélait vite être un enfer.
Arrivé sur place, je déposai Ellie à quelques rues de chez ses parents et rentrai chez moi. Trace, musique, scotch et douche salvatrice. Je retrouvais un semblant de dignité et jouais un ballet qui me plaisait. Je sortis de la salle de bain la queue gonflée par l’eau chaude et appelai Sonia.
— Ouais, t’es où ?
— Bonjour David. Contente de t’entendre.
— Moi aussi, t’as pas idée. Quelque chose de prévu dans les heures et la nuit qui viennent ?
— J’ai les cuisses bien écartées et donne à boire à ma voisine.
— Je vois. T’en a pour longtemps ?
— Ça dépend, elle apprend vite.
— J’arrive.
— Fais vite, il t’en restera peut-être un peu.
J’enfilai une chemise légère, un fute et terminai la bouteille de scotch qui trônait au milieu du salon. Un peu de parfum, coke, clopes et carte bleue. Je roulais vers une destination que je savais d’avance être bonne pour moi. Le son ne crachait pas assez dans la voiture et après quelques secondes de réflexion, She’s not there de The Zombies hurlait dans l’habitacle. Elle n’était pas là, mais les zombies avaient toute la nuit pour briller. J’allais tout peindre en noir à en faire crever de jalousie Mick & Keith. Jouer les amoureux transis aux bras d’une enfant m’avait profondément gavé. J’espérais que le mari de la fameuse voisine descende nous rendre visite. J’aurai à loisir de lui cogner sur la gueule et prendre sa femme salement sous ses yeux. Quel programme ! Depuis quand ne m’étais-je pas autant amusé ? Avec un peu de chance, Sonia le ferait pleurer de douleur soudé à lui par la sangle d’un gode ceinture immense. Suffisamment immense pour qu’il faille repousser de quelques mètres les murs de son salon et avoir assez de recul. Nom de Dieu ce que ça me plaisait ! Crève enflure de saloperie ! Jouis à en crever sous les yeux brumeux de ton adorable traînée d’épouse. Profites-en, imprime chaque image de cette soirée jusque dans ta tombe, suffisamment pour en soulever le couvercle dans un dernier orgasme. Jumpin’ Jack Flash, un stop, repose coude, deux autoroutes de blanche et j’arrivai chez Sonia aussi ivre de came que de fatigue. Ce sont généralement les pires déglingues, car ni ton corps ni la came ne te ramènent à la décence dans un moment comme celui-ci et pour autant le sommeil n’existe plus. Un surhomme en pleine déchéance. Ne vit-on pas aussi un peu pour ça ? Mon doigt resta un moment sur la sonnette et la porte s’ouvrit. Sonia m’apparut dans des cuissardes XXL avec en main une laisse où à son bout, docilement, se tenait sa voisine paumes et genoux au sol aussi cambrée qu’apprivoisée.
— Salut Sonia.
— Bonsoir David. Entre. Sarah, fais risette à ton hôte.
Sa délicieuse petite voisine, fardée comme une pute et vêtue de bas et talons pour seuls habits vint se nicher entre mes cuisses et très vite se mit à jouer de sa langue sur l’étoffe de mon jean. Je me laissais faire un moment, l’accueil en valait la peine et finis par me pencher un peu pour lui caresser le front et la faire dégager. Sonia m’emboîta le pas suivie de sa soumise pour pénétrer dans un salon tamisé aux relents de stupre. Le mari de Sarah était présent, avachi sur un fauteuil l’air amorphe.
— La vache, tu les as fait tourner à quoi ? lui demandais-je.
— Vodka, MD et mes effluves.
— C’est réussi. Salut, lançais-je à l’attention du mari.
— Bonsoir, enchanté.
— Moi aussi. Sarah est des plus accueillantes, tu ne dois pas t’ennuyer veinard.
— Merci, c’est vrai qu’elle est très…
— M’en tape à vrai dire, reste à ta place. Sonia, sers-moi un truc pendant que ta putain docile prend le sien. Approche-toi, m’adressant à la femme volage, et montre à ton homme combien tu aimes la queue.
Je pris place dans un fauteuil bercé d’un léger filet de lumière, Sonia me donna la laisse qu’elle tenait toujours en main et partit dans la cuisine me chercher à boire. Je n’eus même pas à donner le moindre coup pour la faire ramper à moi, j’avais déjà les jambes ouvertes et un boxer gonflé de désir. Elle prit place très vite sans un regard pour son compagnon et vint baver sa luxure sur mes mains dégrafant ma ceinture.
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