Mer patrie
Du haut de la falaise, elle regardait cette étendue d'un bleu gris typique de son pays. Le vent lui battait le dos, elle respirait profondément. Enfin ! Elle avait le sentiment de vivre, de sentir et ressentir. Elle inspira tout l'air salin que ces poumons lui permettaient, bloqua son souffle et hurla comme elle put, défaisant par là-même les chaînes qui la tenaillaient depuis tant d'années.
Ce cri du ventre se mêlait au bruit assourdissant des vagues s'échouant sur les galets, puis disparaissait dans les bourrasques du vent déchaîné. Elle vivait. C'était donc ça ! Dévorer des yeux et respirer jusqu'à exploser.
Le vent, la mer, sa terre.
Du haut de la falaise, elle admirait ce ciel instable typique de son pays. Son regard se dispersait jusqu'à rejoindre le tableau de nuancier gris qu'offrait le rivage. Prise d'une folle envie, elle dévala le chemin en terre y conduisant.
Elle courait, riait, puis trébucha et faillit s'étaler de tout son flanc. Elle riait encore.
Arrivée sur la côte, à bout de souffle, elle se déshabilla. C'était Octobre, il faisait froid. Le vent tourbillonnait et la mer tonique continuait ses vas et viens incessants de manière plus ou moins virulente.
Elle se hâtait, s'ébouriffait, agitait ses jambes et ses bras. Le vent n'arrêtait pas et emplissait ses oreilles menues. Elle ne prit pas la peine de plier ses affaires, les laissant danser au gré des éléments.
Par décence ou par mégarde, seule subsistait sa culotte en coton. Enfin, n'attendant plus, elle se précipita et plongea dans cet infini pour vivre encore un peu plus.
La terre, le vent, sa mer.
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