J'avais envie d'un conte, mais je ne l'ai pas trouvé.
Les oiseaux penauds ont renoncé à s'ébrouer sous la pluie tenace qui les agace. Les arbres peinent de la branche, s'écroulent vers la Terre, elle prend du poids.
Le menton dans les mains, le regard confit, j'attends qu'il se passe quelque chose dans ce monde gris. J'avais envie d'un rêve.

Il y a dans les étagères derrière moi, des forêts de livres et parmi eux, des contes par centaines, mais je les connais, ils vont me raconter des fables qui ne tiennent pas debout, incapables de me réconcilier avec cette éternité d'ennui et de grisaille.

Un rayon perce le ciel, me tapote l'épaule, m'encourage.
Je lui tourne le dos, il n'éveille rien. Il rentre sa patte, ce n'est pas le jour. Les nuages qui l'avaient laissé passer, débordent à nouveau le ciel, satisfaits. Je le rappellerais bien, le soleil, mais à part me chauffer les oreilles, il n'a rien à raconter.

Un conte de mousse et d'eau claire, d'espoir et de coeurs. De rires d'enfants.

Je sais ce qu'on me dit, j'entends même qu'on se moque, "Tu n'as qu'à l'écrire toi, ce conte sans contour ! ".

Ceux-là ne comprennent rien à la consolation, ils recommandent de se chatouiller soi-même, ça ne me fait pas rire. Sans la surprise, où est le charme ?
J'avais envie de me laisser carresser par les mots des autres. Retrouver tout à coup le chemin du lapin blanc, croire un instant aux fées et au sens de la vie, que tout se gagne justement, ou que parfois un cadeau donne du sens et que l'inqualifiable ne profite à personne. Un conte où les jours qui se ressemblent dessinent le shéma d'une raison...

La mouche se sert dans mon chocolat, je l'entend ricaner, c'est elle qui aura le dernier mot, elle ou une de son espèce.

Petite fille, pourquoi ne dors-tu pas ? Pourquoi t'acharner à me suivre dans le temps. Il n'y a pas de gentils, il n'y a pas de Père-Noël, de Paradis fleuris et pourtant tu continues à les chercher et tu me demandes un conte...
Je ne peux pas te consoler.