Sous la Pluie
À 25 ans, ma vie ressemblait à une mer agitée. Les aventures tumultueuses que j’avais vécues m’avaient laissée avec un mélange d’intensité et de fatigue émotionnelle. Je n’avais pas renoncé à l’amour, mais je cherchais quelque chose de différent, un souffle plus doux, une manière de reconstruire. C’est à ce moment-là qu’Elena entra dans ma vie.
C’était un après-midi gris, la pluie battait sur les pavés, et je m’étais réfugiée dans une petite librairie au coin d’une rue. Entre les rayons encombrés, elle était là. Penchée sur un livre de poésie, elle semblait totalement absorbée, ses doigts effleurant les pages comme on caresse quelque chose de précieux. Son parapluie, encore humide, était posé à ses pieds, et une mèche de ses cheveux bruns, légèrement bouclés, s’était collée à sa joue.
Je ne savais pas pourquoi je m’étais arrêtée pour la regarder, mais il y avait en elle une sorte de calme magnétique. Comme si, dans ce chaos de la pluie et du monde extérieur, elle était une île de sérénité.
Quand nos regards se croisèrent, elle me sourit. Un sourire doux, dépourvu d’artifice, comme une lumière qui perçait les nuages.
— La pluie vous a amenée ici aussi ? demanda-t-elle, sa voix chaude et légèrement rauque.
C’était une phrase simple, mais elle contenait une invitation silencieuse. Nous avons parlé, d’abord de livres, puis de nos vies, et le temps semblait s’être suspendu. Quand la pluie cessa, je sortis avec son numéro griffonné sur un bout de papier et une étrange légèreté dans le cœur, comme si je venais de trouver quelque chose que je ne savais pas chercher.
Les jours suivants furent marqués par des rendez-vous simples, mais pleins de sincérité. Elena était une femme qui respirait la douceur. Avec elle, il n’y avait pas de jeux, pas de masques, juste une volonté d’être là, dans l’instant.
Un soir, elle m’emmena dans un parc près de chez elle. Le soleil s’était couché, et l’air était frais. Nous marchions côte à côte, parlant de tout et de rien, jusqu’à ce que la pluie commence à tomber doucement.
Elle éclata de rire, levant les bras comme pour accueillir les gouttes.
— C’est parfait, dit-elle en attrapant ma main.
Nous avons couru ensemble, riant sous l’averse, jusqu’à trouver refuge sous un grand arbre. Nos vêtements étaient trempés, nos cheveux dégoulinants, mais le froid semblait insignifiant face à l’intensité du moment.
Elle se tourna vers moi, son sourire s’effaçant doucement pour laisser place à un regard plus profond. Ses doigts effleurèrent mon visage, repoussant une mèche humide de mes cheveux.
— Tu es magnifique, murmura-t-elle, ses yeux cherchant les miens.
Avant que je puisse répondre, elle se pencha et posa ses lèvres sur les miennes. Ce fut un baiser d’une douceur infinie, dépourvu de toute précipitation. Ses lèvres exploraient les miennes avec une tendresse qui me désarma complètement, comme si elle cherchait à me montrer que cet instant pouvait durer éternellement.
La première nuit que nous avons passée ensemble, ce fut dans la chaleur réconfortante de l’appartement d’Elena. Le dîner terminé, elle me proposa de rester un peu plus longtemps, et nous nous installâmes sur son canapé, un plaid jeté sur nos genoux et des tasses de thé entre les mains.
Ses gestes étaient toujours lents, mesurés, empreints d’une attention sincère. Lorsqu’elle posa sa main sur la mienne, son contact fut à la fois délicat et ancré, comme si elle cherchait à me dire sans un mot : « Tu es en sécurité ici. »
Je me perdis dans la profondeur de ses yeux noisette, dans la manière dont la lumière tamisée de sa lampe projetait des reflets dorés sur son visage. Alors qu’elle se penchait légèrement vers moi, son regard cherchait une permission silencieuse.
Quand ses lèvres rencontrèrent les miennes, ce fut avec une tendresse infinie. Ses mouvements étaient doux, ses baisers légers, presque exploratoires. Elle prenait son temps, savourant chaque instant, chaque réaction, comme si elle apprenait un nouveau langage.
Ses mains glissèrent lentement sur mes épaules, suivant la courbe de mes bras avant de remonter vers ma nuque. Ses doigts s’y attardèrent, exerçant une pression légère mais précise, déclenchant une vague de frissons qui courut le long de ma colonne vertébrale.
— Est-ce que ça va ? murmura-t-elle, sa voix douce et pleine de sollicitude.
Je hochai la tête, incapable de répondre autrement, ma voix se noyant dans l’intensité de ce moment. Elle sourit, un sourire rassurant qui dissipa toute trace de doute ou de gêne.
Elle guida mes gestes avec patience, ses mains posées sur les miennes, m’encourageant à explorer à mon tour. Ses soupirs, légers mais perceptibles, guidaient mes mouvements. Je traçai le contour de son visage, effleurai la ligne douce de sa mâchoire, descendis lentement vers sa clavicule. Sa peau, chaude et douce, réagissait sous mes doigts, chaque frisson répondant à mes gestes comme un écho.
Elena, toujours attentive, m’allongea doucement sur le canapé, ses gestes empreints d’une délicatesse presque révérencieuse. Elle se plaça au-dessus de moi, ses cheveux formant un rideau autour de nos visages. Son regard restait ancré au mien, une communication silencieuse où chaque expression, chaque souffle portait une signification profonde.
Ses lèvres quittèrent les miennes pour descendre le long de ma mâchoire, traçant un chemin brûlant jusqu’à mon cou. Elle s’attarda là, déposant des baisers légers, avant de continuer son exploration. Chaque geste était empreint d’une patience infinie, comme si elle voulait me donner tout le temps nécessaire pour m’abandonner totalement à elle.
Ses mains parcouraient lentement mon corps, traçant des cercles délicats sur mes hanches, remontant vers ma taille. Elle alternait entre des caresses légères, presque éthérées, et des gestes plus appuyés, qui me faisaient frissonner de la tête aux pieds.
Chaque baiser, chaque frôlement était une question silencieuse, une manière de demander : « Est-ce que ça te plaît ? » Et mes soupirs, mes gestes en réponse semblaient dire : « Oui, continue. »
Lorsque je glissai mes mains dans ses cheveux, ce fut comme si je lui rendais la confiance qu’elle m’offrait. Je la sentis frissonner légèrement sous mon toucher, et un sourire étira ses lèvres. Elle me laissa explorer son corps, m’offrant la liberté de découvrir chaque courbe, chaque texture, chaque réaction.
Sa respiration s’accéléra légèrement lorsque mes doigts tracèrent des chemins invisibles sur sa peau. Je pris le temps de savourer chaque mouvement, d’écouter les murmures qu’elle laissait échapper, de m’imprégner de l’énergie douce, mais intense qui circulait entre nous.
Avec Elena, ce n’était pas une passion brute ou dévorante. C’était un amour qui guérissait, un amour qui prenait son temps pour grandir et s’épanouir. Elle m’apprenait à ralentir, à savourer chaque instant, à accepter ma vulnérabilité comme une force.
Lorsque nous nous enveloppâmes enfin sous la couverture, nos corps encore entrelacés, je sentis une paix que je n’avais jamais connue auparavant. Elle traça doucement des cercles sur ma main, un geste simple mais chargé de tendresse.
— Tu es incroyable, murmura-t-elle, ses yeux brillant d’une sincérité désarmante.
Je souris, mes pensées encore flottant dans la douceur de ce que nous venions de partager.
— Merci, dis-je simplement.
Quelques jours plus tard, alors que nous marchions sous une nouvelle averse, je pris sa main dans la mienne et m’arrêtai sous un lampadaire.
— Je crois que je ne savais pas à quel point j’avais besoin de toi, soufflai-je.
Elle rit doucement, levant les yeux vers le ciel avant de me regarder à nouveau.
— Peut-être que tu avais juste besoin de toi-même, répondit-elle, ses mots pleins de sagesse.
Ce moment, comme tous les autres que nous partagions, était à la fois simple et transformateur. Avec Elena, j’apprenais que l’intimité pouvait être une source de guérison, un espace où la tendresse et l’écoute étaient les plus grandes formes de passion.
À 25 ans, sous la pluie et avec elle à mes côtés, je compris que l’amour n’avait pas besoin d’être un feu ardent pour être puissant. Il pouvait être une flamme douce et constante, réchauffant doucement, mais durablement, tout ce qu’il touchait.
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