Musique
Le tintement de la harpe ouvre la cantilène. Un piano s’y joint et carillonne avec elle. Les touches tressautent, puis rebondissent sur mon âme. Des flocons argentés s’en échappent, virevoltent, et saupoudrent mes pensées d’appâts étoilés. J’en attrape un. Il fond dans ma main, avec une fausse candeur, et prélude l'œuvre.
Les violons commencent leur concerto, et tissent toutes les notes entre elles. Les archets gambadant sur les cordes, arrachent des morceaux de mes sens. Ils m’attirent vers eux, me décomposent, me recomposent. Leur broderie défile, et viennent embrasser ma peau. Ma poitrine se soulève, et s’offre un dernier souffle.
Une pause. Et tout se mélange. Gracieusement. Dans une valse qui transgresse la matière, et s’englue autour de mes bras. Elle me manipule, et mon doigt se balance au rythme de celle-ci. Mes cils papillonnent, quand je réalise, que les fils d’une marionnette se sont ancrés dans mon être.
La chorale surgit, et m’apporte l’ivresse qu’il me manquait. L’harmonie s’engouffre en mon sein, et je vacille. Les frissons rampent sur mon corps, et remontent progressivement jusqu’à ma tête. Mon corps se relâche mais mes jambes tournent sur une scène désertée. J’extase.
Finalement, les violons ont le dernier mot. M’imprégnant dans leurs flots, et se joignant à mon essence. J’épouse les émotions qui peu à peu me confinent. Dans leur cocon, je tends la main. Trop tard, la musique s’est fondue dans mon âme.
Annotations