Oswin reprit conscience dans l'immense lit d'une chambre aux murs de pierre de calcaire brut. La pièce n'avait ni fenêtre ni porte aucun moyen de sortir. Il n'y avait qu'un miroir sur le mur en face du lit. La jeune femme s'écroula au sol en se levant. Elle portait une longue robe bleue sertie de diamants et de saphirs. Encore un endroit étrange. On avait échangé ses vêtements avec cette splendide œuvre d'art de tissu, cependant très encombrante. La pièce était aveugle. Comment quelqu'un aurait-il pu y entrer ou en sortir. Oswin se leva face à la glace ferma les yeux et avança. Elle passa à travers comme elle s'y attendait. La jeune femme se retrouva dans une immense salle vide aux murs de pierres identiques à ceux de la chambre. Au fond du hall, Oswin pouvait apercevoir derrière des rideaux, un autre miroir plus grand. Elle avança. Il lui semblait entrevoir la fin de ce voyage absurde. Elle était enfin dans le château de Jorel, mais la pièce n'en finissait pas, plus elle avançait plus le miroir paraissait s'éloigner. Oswin s'arrêta et se concentra sur l'objet. Puisque elle n'arrivait pas à l'atteindre c'est lui qui viendrait à elle. Le miroir se matérialisa soudain sous ses yeux. Oswin n'y vit cependant pas son reflet mais une chambre d'hôpital où elle était allongé branchée à des appareils. Elle comprit ce qui lui arrivait. Et si traverser ce miroir lui permettait de sortir du coma ? Elle se souvenait de l'accident, sur la route vers le village. Oswin toucha le miroir, sa surface ondula telle l'eau d'un bassin que l'on aurait effleurée.

— Oswin, attends ! Jorel se tenait derrière elle, tendant le bras pour l'empêcher de fuir. La jeune femme resta face au miroir hésitant à traverser. Elle voulait savoir, était-ce un mirage, un rêve où ce monde était-il réel ?

— Tu n'aurais jamais dû arriver jusqu'ici. Les humains ne contrôle pas les rêves, mais toi tu as compris les règles de ce monde en si peu de temps... Voici mon royaume, fais-en ce que tu veux, remodèle le à ta guise, mais reste.
Oswin se retourna et plongea son regard dans celui de Jeyden Aslinn.

— Et si tout ceci n'était pas réel, cela voudrait dire que si je reste ici, je meurs là-bas.

— Et si c'était ton monde qui n'était pas réel ? Lui demande Jeyden, l'air sombre.

— Cela voudrait dire que j'aurais dormi tout ce temps, que tout ce temps que j'ai vécu je l'aurais rêvé, mais tous ces souvenirs, toute cette vie ne peuvent être qu'illusion. Je sais que ma vie est réelle.

— N'est-ce pas plus réelle ici ?

— Ce n'est pas chez moi. Je ne suis pas d'ici. Je ne peux pas...
Oswin fit un pas en arrière. Aslinn tendit le bras pour la retenir, son visage tendu par l'angoisse de la voir plonger dans le miroir.

— Oswin !
Elle eut les larmes aux yeux. Ce monde l'intriguait, s'en souviendrait-elle au réveil ? la jeune femme se laissa tomber dans le reflet, puis disparu.