"famille parfaite"
Mia
Des heures se sont écoulées.
Mon père ne m'a toujours pas adressé la parole. Il n'a pas bougé d'un poil depuis que nous sommes arrivés ici. Il est inquiet. Il est pourtant de nature sereine et, en général, il a la capacité de rendre les choses tristes plus légères. Cette facette de sa personnalité fait sa force mais ça fait aussi de lui mon père. Son attitude m'inquiète d'autant plus. Je regarde cet homme au teint pâle et ces poches qui sont apparues sous ses yeux noisettes. Il ne l'a pas quittée des yeux depuis que nous sommes arrivés ici. Pourtant, je n'ai jamais eu autant besoin de mon père et de sa positivité qu'à ce moment précis. Je me sent triste, seule et déboussolée.
J'ai beau y réfléchir je ne sais pas ce qui s'est passé. Enfin si, j'ai entendu les pompiers en parler hier soir. Ils ont déterminès que le foyer était à l'étage car seul celui-ci a prit feu. Mais ils n'ont pas plus de précision. Lorsqu'ils y a un incendit, avaient-ils expliqués, la première étape est de trouver sa trajectoire mais, chez vous, c'est comme si le feu atait apparu partout et s'était propagé à vitesse éclair. Il n'y a pas d'indice permettant de trouver la cause. Ils disaient aussi qu'on y a échappes et belles. Si mon père ne s'était pas réveillé à temps nous aurions tous pu y rester, asphyxié comme mon pauvre chat, Cookies, qui y a laissé la vie. Ils disent, d'ailleurs, que c'est sûrement ce qui m'est arrivée et la raison pour laquelle je suis tombée dans les pommes. Une voix à l'intérieur de moi me dit que ce n'est pas la vraie raison car je n'ai à aucun moment manqué d'aire. Ça ne concorde pas avec une asphyxie mais, à ce moment, c'est la moindre de mes préoccupations. Je me suis comme endormie. J'étais si fatiguée. J'étais juste épuisée. Je me sentais bien pour une fois, tellement relaxée que mon corps s'est mis au repos. C'est bizarre quand on y pense. J'ai passé tellement de nuits blanches, et là, sans prévenir, il décide de se reposer.
Des voix retentissent désormais dans la pièce, dans celle que je fixe depuis maintenant 5 longues heures. Je n'ai pas encore osé aller la voir. Je me suis contentée de regarder mon père par le trou de la porte. J'essaye de me lever. C'est plus difficile que ce que je pensais. Mes jambes se sont fragilisées en restant accroupies au même endroit pendant tout ce temps. A ce moment, le mur est devenu mon meilleur ami. Il retenait tout le poids de mon corps pendant que je retrouvais l'équilibre. Je me dirige doucement vers la pièce.
D'une certaine façon, je me sens coupable. Coupable de ce que j'ai dit, même si j'ai tout simplement dit ce que je pensais sur le moment. J'ai honte de ce que j'ai souhaité à haute voix. Même si nous sommes loin d'être une famille parfaite, nous sommes toujours une famille.
Pas à pas, je rentre doucement dans sa chambre d'hôpital. Une sensation de culpabilité me ronge et j'hésite à continuer mon chemin. A la seconde où je croise son regard, je vois une faiblesse que je n'avais jamais remarquée auparavant. La femme qui paraissait si parfaite à première vue est maintenant si vulnérable, affalée dans ce lit.
Ma mère rassemble le peu d'énergie qui lui reste et un petit sourire apparut sur son visage. Je m'approche prudemment d'elle, ne sachant pas quoi faire. C'est la première fois du plus loin que je me souvienne, où je suis si désemparée face à une situation. Je m'arrête nette à la vue de ses membres. Certaines plaies brunes ou noirs dépassent de ses énormes bandages. Je remarque que seul son côté gauche fut touché. Sous le coup du choc je m'assis à côté d'elle, heureusement qu'une chaise s'y trouvais. Tout ça me paraissait pas si réel au milieu de ce couloir. Etait-ce pour ça que même mon corps de voulais pas rentrer? Pour ne pas réaliser?
Nous restons là pendant de nombreuses secondes. Nous profitons de cet instant de silence. Nous nous regardons, pour la première fois, je pense que nous nous comprenons vraiment. Nous ne disons rien mais il n'y a rien à ajouter. Je nous regarde, pendant un instant nous sommes unis. Il serait impensable pour une personne extérieur à notre famille de penser que nous nous sommes disputés la veille. Nous représentons désormais une famille fortunée mais parfaite qui s'inquiète les uns pour les autres. D'une certaine manière, j'aime ça. Je sais pourtant que ça ne peut durer.
Mon père se lève d'un bon, tendant la main à la personne qui vient de rentrer dans la pièce. Je ne l'avais pas remarqué.
- Docteur Jonshon, le salue mon père.
- Monsieur Wilson, lance-t-il à son tour. Je viens vous donner les nouvelles des analyses.
Je vois ma mère essayer de se relever difficilement pour pouvoir écouter la conversation. Je l'entend gémir. Mon coeur se serre, je ne saurais expliquer pourquoi.
- Madame Wilson, nous avons une bonne et une mauvaise nouvelle à vous annoncer, il marque une pause. Par laquelle je commence? continue-t-il.
- La mauvaise, dis-je.
Je déteste le suspense.
- Bien. Vos brulures sont du 3ème degré. Nous allons donc devoir passer à une greffe de peau. Celle-ci doit être faite le plus tôt possible dans l'idéal. Cette après-midi un chirurgien est disponible. Nous allons essayer de récupérer le plus de sensibilité possible, madame, dit-il avec assurance.
Ma mère lui fait un signe de la tête, un maigre sourire se dessinant sur son visage pâle.
- Quelle est la bonne nouvelle maintenant? Demande-je.
- La bonne nouvelle, continue-t-il gaiement, est que seul votre bras gauche est touché avec autant de gravité. Les autres plaies sur votre corps sont uniquement superficielles. Vous avez eut de la chance, ce n'est pas commun dans un feu de maison.
Cette dernière phrase suscite mon attention.
- Comment ça ce n'est pas commun? L'interroge-je.
- Et bien, le tissu étant conducteur, lors d'accident de ce type c'est tout ou rien. C'est comme si tout d'un coup le feu s'était éteint.
Cette interrogation met tout le monde sans voix, moi la première. Ensuite, mon père demande à voir le docteur Jonhson en privé, il veut apparemment lui parler. Cela me laisse seul avec ma mère. Je sent comme un malaise s'installer entre nous mais elle le brise rapidement.
- Mia, n'oublie pas que, malgré tout ce qui s'est passé aujourd'hui, la rentrée des classes c'est belle et bien demain.
Je suis surprise que ce soit la première chose à laquelle elle pense maintenant. J'avais totalement oublié ce détail. A vrai dire mon dernier jour de vacances fut quelques peu bousculé.
- Il faut que tu t'y prépares, ce serait mal vu d'arriver en retard pour ton premier jour, continue-t-elle. Il faut encore que tu prépares tes affaires, tes habits et évidemment ta coiffure spéciale premier jour! Dit-elle avec le peu d'enthousiame dont elle est capable en ce moment.
Elle recommence. Évidemment, pour elle, le regard des autres passe toujours avant tout le reste. Ma colère monte de nouveau. J'essaye de me calmer, il serait mal venu de se disputer dans une telle situation.
Alors je hoche juste de la tête. De toute façon, elle ne sera pas là pour vérifier.
Dès que mon père revient nous reprenons la voiture vers la maison. Le trajet se fait dans le silence le plus complet. Je me demande comment vais-je retrouver ma maison. Je frissonne en pensant à l'état de ma chambre. J'en profite pour consulter mon portable. Aucuns messages, c'est normal tout le monde profite de ses vacances à cette heure-ci. Personne ne penseraient à ce que la pauvre Mia est en train de subir vu que personne n'est au courant. En effet, je appris que mes parents ont voulu étouffer l’affaire. Ils ont comme principe que nous avons le devoir de représenter la famille parfaite et c’est bien connu qu’une famille parfaite ne peut être victime d’aucuns malheur.
Après une petite heure de route nous voilà devant notre maison. Vu de l'extérieur nous pouvons constater que seul l'étage a été touché, surtout la chambre de mes parents. A cet endroit, la façade est d'un noir impressionnant. J'entre, mon père sur mes talons. En effet, le rez de chaussé est comme d'habitude, rangé, trop rangé à mon goût. Je monte donc à l'étage. Une fois en haut des escaliers, je constate les dégâts.
Les meubles ont été réduit en cendres et le verre de certaines fenêtres a éxplosé sous l'effet de la chaleur. On se croirait passé dans un univers d'horreur, de noirceur et de poussière. Mais, honnêtement, je m'attendais à bien pire. Le feu s'est arrêté au milieu du couloir. A cet endroit, les murs passent du beige clair au noir sombre, couleur cendres. Je traverse le couloir, passant devant la chambre de mes parents, celle-ci est corbonisé, même le plafond semble tenir qu'à un fil. C'est sans doute à cet endroit que les flammes ont infligé ses blessures à ma mère. Je ne prèfére pas y penser, donc, je continue ma visite. Je m'arrête nette, c'est comme si la moquette avait cessé de bruler pile à cet endroit. Je me tourne vers ma chambre. Mon coeur saute un battement, je n'y crois pas.
Elle est comme avant, à ma grande surprise, rien a changé...
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