C'est étrange tout ça...
Mia
DRING... DRIIIING...
Le bruit de mon réveille retentit dans mes oreilles. Je me réveille. Enfin, si on peut réellement dire que je me suis endormie à un moment ou l'autre. Cette nuit a été un enfer.
Je n'arrive pas à me sortir de ma tête l'événement d'hier. Était-ce un rêve ? Non, je ne pense pas. Alors, une hallucination? C'est fou mais ça m'a paru tellement réel. Mon carnet de dessin est toujours posé sur ma table de nuit. Il y a une marque à l'endroit où j'ai arraché la feuille.
C'est vraiment fou, mais c'est réel.
J'ai peur de ce qui a déclenché ça. Si c'est moi...
Une idée horrible me vient à l'esprit. Non, NON ! Je repense à cette fameuse soirée, celle où tout à commencé, où la colère m'est montée plus que jamais. Et si, depuis le début, c'est moi qui ai créé le feu ? Non, pas de conclusion trop hâtive, il faut que j'en ai le coeur net. Cela attendra ce soir, me dis-je voyant l'heure avancer dangereusement. Mes rêveries m'ont prises trop de temps.
Il ne faut pas que je loupe le bus scolaire. Je n'ai vraiment pas envie de refaire une rentrée fracassante dans le bureau de notre très cher directeur aujourd'hui. En un geste, j'enfile les premiers vêtements que j'aperçois dans mon armoire. Je me regarde dans le miroir. C'est pas ce qui va le mieux ensemble mais de toutes façons je n'ai jamais fait très attention à mon look. Je jette un coup d'oeil à ma montre, 6h04. Il me reste 16 minutes. J'attrape mon sac et dévale l'escalier, aussi délicatement qu'un éléphant dans un magasin de porcelaines. A ma grande surprise, ni ma mère ni mon père ne s'est réveillé. Je cours vers la porte d'entrée. Je l'ouvre et la claque vite derrière moi.
6h07. Je garde espoir, courant le long du chemin menant à l'arrêt de bus. Mes jambes se sont mises en mode automatique, se mettant tout de seule une devant l'autre à un rythme croissant. L'aire me brûle la gorge. Je déteste courir et je m'épuise vite mais j'y suis presque, plus qu'un tournant. J'accélère et quand j'atteint le tournant je vois un point jaune s'éloigner au loin.
"Merde ! Fait chier !"
C'était vraiment pas ce qu'il me fallait aujourd'hui. L'école est à une heure à pieds. Je jette mon sac à terre en râlant. Est-ce ma petite étoile qui se retourne contre moi ?! Je m'énerve. Il est 6h21. Pour une petite minute ! Arghh... Bon sang !
Je continue a râler dans mon coin. Un bruit de moteur se rapproche de moi, je n'y prête pas attention. Jusqu'à ce qu'il s'arrête derrière moi. Je me retourne toujours aussi énervée. Mon visage se détend quand je remarque qui est derrière moi.
- Quelqu'un a besoin d'un taxi à ce que je vois, me dit-il avec un sourire éclatant.
Tous mes problèmes se sont envolés en un regard, mais je ne veux pas lui donner la satisfaction de le lui faire savoir. Je garde sur mon visage mon air bougon. Celui-ci regarde sa montre, il s'impatiente.
- Alors, tu préfères t'énerver toute seule et refaire un petit tour chez le directeur ou profiter d'un super tour en mobylette avec "le nouveau" ?
Il me voit hésiter. J'ai tellement envie de monter et d'être au plus près de lui , je ne devrais donc pas hésiter. Puis, je me repense à l'épisode d'hier. Son beau visage s'effaçant, un feu le brûlant. Et si tout ça était lié à mes émotions, et si je n'arrivais pas à me contrôler si près de lui.
- Je comprends le choix est si compliqué, me lance-t-il ironiquement avec une pointe de reproche.
Il redémarre sa magnifique moto, avançant sur quelques mètres. Il part... Mes lèvres se mettent à parler spontanément.
- Non, arrête ! râle-je.
Il obtempère avec un sourire sur les lèvres.
- Alors, ton choix est fait ?
Comme seule réponse, je m'approche et m'élance sur sa belle moto noire. La proximité avec lui me donne des frissons, seule sa veste en cuir nous sépare l'un de l'autre. Et c'est encore trop. J'essaye de profiter de cet instant malgré que je sois un peu mal à l'aise. La chaleur me monte aux joues rapidement mais j'arrive à la contrôler après plusieurs profondes inspirations. A peine ai-je le temps d'enfiler le casque qu'il me tend, SON casque, qu'il démarre en trombe. J'émet un petit cri de surprise. La vitesse risque à plusieurs reprises de me faire perdre l'équilibre. J'essaye de me rattraper à ce que je peux, en l'occurence, lui . Il étouffe un rire. Mes mains sont dorénavant sur ses hanches. De telle façon que je peux sentir ses abdos et ses magnifiques courbes. Je reprend mes exercices de respirations.
Le trajet est vite passé. J'ai rêvassé pendant toute la durée de celui-ci. Je n'ai même pas remarqué que nous étions arrivés à destination jusqu'à ce que le véhicule s'arrête devant l'école. Tout le monde nous regarde, j'ai rarement été au centre de l'attention comme ça. Bizarrement, ça ne me dérange pas temps que ça dans cette situation. Je descends doucement de la moto, retire le casque tout en faisant abstraction des regards autour de moi. Je le regarde et il me regarde.
- Merci Mathis. dis-je en un chuchotement.
Il fait un signe de tête.
- Appelle moi Matt. Mathis je trouve que ça fait trop... formel.
Je n'arrive pas à le croire, il me propose d'utiliser un diminutif pour l' appeler. Cela signifie-t-il qu'on se rapproche ? Non Mia, calme-toi c'est juste un prénom.
- Merci Matt, alors.
Il acquiesce de nouveau. Il regarde le casque que je lui tend. Il semble avoir oublié qu'il n'en portait pas lui -même.
- Note pour moi-même, commence-t-il, prendre deux casques la prochaine fois.
Il me fait un clin d'oeil et nous rions tous les deux. Je suis un peu gênée de le lui avoir pris mais je ne veux pas le montrer.
- Bon, j'ai cours et ce serait bête de quand même être en retard maintenant, lui dis-je.
Je profite de la vue une dernière fois avant de me retourner et de partir vers mon premier cours. Je suis si excitée et je vais bizarrement bien. Tous mes problèmes se sont évaporés.
La matinée passe bien vite. Entre l'histoire et le français, je n'ai fait que penser à lui , à ce qui me fait ressentir. Ce garçon est si mystérieux et en même temps si parfait. Il m'excite et m'intrigue en même temps. Je me souviens des regards des filles ce matin dans le parking de l'école. Elle bavait littéralement. Étrangement, ça m'énerve qu'elles soient aussi intéressées par lui, elle aussi. Elle aussi ? Non Mia, ressaisis-toi ! Tu n'as pas besoin d'une autre personne pour te sentir bien. Les mecs ça sert juste à se sentir dépendante et tu n'as vraiment pas besoin de ça. Je me fais intérieurement la morale.
Il est midi. je n'ai pas trouvé le temps de me faire un pique-nique ce matin. Je me dirige donc vers la cafétéria du collège pour prendre un sandwich.
"Parfait, un poulet curry, mon préféré."
Après l'avoir acheter, je cherche une place libre à côté d'un groupe que je connais. J'ai le choix. A ma droite se trouve les populaires, hors de questions que j'aies chez eux, ce ne sont que des faux culs. Ensuite, ma tête se tourne vers les intellos, très gentils mais je n'ai pas la force de tenir une conversation avec eux ce midi. Il reste la table avec les gens banales, rien ne les rassemblent mais c'est ça qui fait leur richesse. Je pense que c'est de loin mon groupe préféré. Tout le monde y est le bienvenu. Je décide donc de m'y asseoir. Sans que je n'ai le temps de dire bonjour, Lucie me saute dans les bars.
- Trop contente de te revoir meuf, me dit-elle.
Lucie est toujours comme ça: très expressive.
- Bonjour, dis-je à tout le monde avant de m'asseoir.
- Alors, comment ça va ? me demande Sarah en face de moi.
Que répondre à ça sans étaler mon problème ? En répondant à la question par une question!
- Et toi ça a été à la mer ? lui demandé-je.
Elle commença à me raconter jusqu'à ce que je l' aperçoive. Il avait l'air bizarrement perdu. Enfin, ce n'est pas bizarre en sachant que c'est son premier jour ici mais ce n'est pas le genre de garçon à le laisser paraître. Il est plutôt sur de lui . Un groupe de fille populaire, lui font des signes pour qu'il les rejoigne. J'ai envie de vomir. J'essaye de détourner mon regard lorsqu'il rentre en contact avec le sien. Sans réfléchir Mathis passe devant ces filles sans les calculer pour nous rejoindre à notre table. Je n'en crois pas mes yeux. Et d'après leurs airs dégoutés, elles non plus.
Il fit un signe de tête à tout le monde. En voyant leur incompréhension, je décide de faire les présentations.
- Je vous présente Mathis... euh Matt. Il vient d'arriver ici.
- Matt, je te présente Sarah, Laura, Lucie, Marc et Antoine.
Ils se saluent tous comme chez les alcooliques anonymes, tous en coeur. Cela me fait sourire intérieurement. Ensuite, tout le monde reprend ses discussions. Sarah, quant à elle, semble avoir oublié qu'elle parlait avec moi. Je me retourne vers Matt, je n'aime pas rester silencieuse pendant un temps de midi. J'ai juste besoin de décompresser et il semble être la personne idéale pour le faire.
- Alors, tu en penses quoi de tes premiers cours ici?
La discussion la plus banale au monde mais qui permet de combler les trous. Heureusement, je ne suis pas encore arrivée au point de parler de la pluie et du beau temps.
- Euh, j'ai pas à me plaindre mais ce n'est que le premier jour. Par contre, je peux déjà te dire que les profs ici sont vraiment coincés.
Je rigole, c'est bien le premier que j'entends dire ça ici. Les gens sont plus aptes à critiquer les professeurs pas assez distingués comme ils disent. Je saute donc sur l'occasion.
- Je suis entièrement d'accord avec toi. Ils ne s'en rendent pas compte mais ils sont juste chiant. Il faut qu'ils se détendent, bon sang !
Il me regarde avec attention en rigolant. Si profondément que ça me donne des frissons partout. Je n'ai plus le contrôle sur mon propre corps lorsqu'il est dans les parages. C'est infernale mais si bon.
Il regarde sa montre et s'arrête de rire d'un coup.
- Dis, Mia, je me demandais, tu sais où le proviseur range le dossier des élèves ? Je dois encore compléter quelques informations mais je n'ai pas très envie de le déranger.
Il me parle comme si ma réponse était une question de vie ou de mort, il est si sérieux. Je l' ai encore jamais vu comme ça.
- Euh... oui j'ai déjà vu. Il y en a tellement qu'il a une pièce à l'arrière de son bureau pour les ranger. J'ai déjà dû les trier une fois et je peux te dire qu'il y en une tonne, plaisante-je. Plus sérieusement, le directeur a dit qu'il était disponible si tu en avait besoin et ce n'est pas à toi de gérer ça. Demande-lui, m'esclame-je.
Il me regarde avec un grand sourire.
- Merci Mia. Je vais y aller. Salut tout le monde !
Après un salut général, il part. Il aurait pu rester un peu plus. Il reste encore 10 minutes avant la reprise des cours. Je le regarde partir avec une pointe de tristesse.
Je décide d'y aller aussi, je veux être bien à l'heure au cours de Vince aujourd'hui. Une fois dans les couloirs, je croise le directeur.
- Bonjour Mia, me dit-il.
- Bonjour monsieur le directeur.
Il ne quitte jamais son bureau d'habitude.
Lorsque je tourne au coin du couloir, ce que je vois me laisse sans voix.
Matt est là devant la porte du bureau du directeur. Il chipote à la serrure. Jusqu'à ce que la porte s'ouvre enfin. Je me cache lorsque sa tête se tourne de part et d'autre, vérifiant que personne ne l' observe avant d'entrer à l'intérieur du bureau.
Il m'intrigue de plus en plus. Cela devient de plus en plus étrange cette histoire...
Annotations
Versions