Le numéro
Je m'endort finalement assez vite après avoir changer mes draps. Vu la quantité de sang sur mon lit blanc, la blessure est sûrement assez grande. Heureusement que mes parents ne sont pas en état de le remarquer. La tâche est si grande que j'aurais du mal à le faire passer pour une tache de règle. Mon coeur se pince en pensant à la douleur qu'il doit ressentir. Pourtant, mes principes m'interdisent d'être compatissante avec un menteur, mais ce n'est pas n'importe quel menteur celui-là... Il est beau, doux, gentil,...
"Mia! ressaisi-toi, maintenant!" me crie une petite voix au plus profond de moi.
En pensant à toutes ses qualités, j'en oubli parfois tous ses mensonges.
Après une bonne nuit de sommeil, je me réveille affamée. je n'avais pas remarqué qu'avec tout ce qui s'est passé la veille je n'ai même pas pris le temps de manger. Je me prépare pour descendre. L'idée de m'habiller bien pour lui plaire au collège me traverse l'esprit. Mais j'abandonne rapidement cette idée, je ne veut pas être le style de fille qui change son look juste pour plaire à un garçon. Je suis ce que je suis et je suis fière de l'être. Aujourd'hui, j'aurais le style du haut de la pile. Je ne veux plus me prendre la tête avec des choses aussi futiles.
Après m'être changée, la prochaine étape est de faire mon sac. Je regroupe donc l'entièreté de mes cahiers dont j'ai besoin pour ma journée de cours. Je me stop dans mon élan lorsque je remarque un bout de papier étrange accroché à mon tableau d'affichage. Je suis convaincue que je n'ai jamais rien mit à cet endroit. Je m'en approche, intriguée. Lorsque je suis assez proche pour apercevoir ce qui est transcrit dessus, c'est la stupéfaction:
0492539493 Matt.

Je n'en crois pas mais yeux. Je suis entre la surprise et l'excitation. Comment a-t-il pu l'accrocher là sans que je m'en aperçoive? Je m'en veux d'avoir de nouveau baissé ma garde en sa présence. Ce qu'il a fait est juste trop mignon mais ça veut aussi dire qu'il pourrait faire tout ce qu'il veut sans que je m'en aperçoive. Le fait de ne pas contrôler quelque chose a toujours eut tendance à m'insupporter.
J'arrache le bout de papier, ce qui manque presque de le déchirer. Je descend comme si rien de spécial ne s'était passé au cours des dernières 24h. Lorsque je rentre dans le salon, la première chose que je vois c'est ma mère, toujours couchée dans son lit. Mais cette fois-ci, elle est éveillée. Dés l'instant où elle m'aperçois, elle tente de se redresser du mieux qu'elle peut. Elle se débat avec les câbles qui la relient aux machines.
-Bonjour Mia, heureuse de te revoir! me dit-elle avec sincérité.
Je suis si heureuse de la voir en meilleure forme qu'avant. Je suis responsable de toute ses souffrances. Je ne peut m'empêcher de me dire que si elle le savait, elle ne serait plus heureuse de me voir. Seraient-ils fâchés? Me détesteraient-ils? Ou, encore pire, auraient-ils peur de moi? Au final, ils n'auraient peut-être pas tord car, moi aussi, j'ai peur. J'ai peur de ce que je suis. J'ai peur de leurs faire encore plus de mal que ce que je leur en ai déjà fait ou d'en faire à quelqu'un d'autre.
Je me souviens du voeux que je faisait chaque année en soufflant mes bougies d'anniversaires quand j'étais petite. Le voeux d'être unique, de sortir du lot. Je voulais pouvoir faire quelque chose de spécial pour pouvoir, par exemple, sauver le monde comme superman avec ses supers pouvoirs. Je regrette immédiatement mon souhait. J'aimerais pouvoir dire à cette petite fille que si être comme superman implique de mettre en danger les gens autour d'elle, ça n'en vaut vraiment pas la peine.
Toujours perdue au coeurs de mes pensées je la salue avant de m'avancée vers la cuisine en vue de préparer mon déjeuner. Lorsqu'elle me voit passer devant elle, elle ne peut s'empêcher de me faire une de ses réflexions dont seule elle a le secret.
-Mia! Tu pourrais faire un peu plus attention à ton look. Je t'ai déjà répété à plusieurs reprises qu'une jeune fille distinguée soigne son look chaque jour!
Même sur un lit d'hôpital, elle trouve l'occasion de me faire des reproches. Je reste calme, je veut lui expliquer mon point de vue de manière posée.
-Peut-être que je m'en fiche d'être une jeune fille distinguée moi, maman. Peut-être que ce qui m'intéresse réellement c'est d'être simplement Mia Wilson, l'informe-je.
Elle est sans voix. Pour une fois j'ai pu avoir le dernier mot, je suis satisfaite.
Je regarde l'heure sur ma montre, il est temps que je parte maintenant. J'attrape une tartine et je vais dire au revoir à ma mère. Ensuite, je fonce vers la porte pour pouvoir entamer mon chemin vers l'arrêt de bus.
"Je serai à l'heure aujourd'hui.", remarque-je avec une certaine fierté.
La première chose que je fais en sortant de chez moi c'est vérifier que le petit papier que j'ai préalablement glissé au fond de ma poche y est toujours. Je suis soulagée quand je le vois au creux de ma main. C'est le moment de décider ce que je vais faire avec ce papier. Je le fixe pendant si longtemps que je pense même l'avoir mémorisé. Je suis tirailler. J'ai envie de lui envoyer un message mais, si je le lui envoie, ce serait beaucoup trop facile pour lui. Je risque de paraitre impatiente et, après tout ce qu'il a fait, je ne veux qu'il pense qu'un petit mot avec son numéro de téléphone me fait oublier tout ce qu'il me cache.
Je ne sais pas quoi faire. J'ai médite sur le sujet jusqu'à ce que j'arrive près de l'arrêt de bus. J'étais tellement pensive que le trajet m'a paru durer seulement quelques secondes. Je décide de, pour commencer, encoder le numéro de téléphone sur mon appareil. Peu importe ce que je décide, il peut toujours m'être utile.
Je vois le véhicule jaune apparaitre au loin.
Je regarde l'appareil qui est toujours dans ma main. J'hésite. L'envie d'envoyer un message est encore plus grande maintenant que j'ai ouvert la discussion. Je décide finalement de suivre mon envie. Je sais que si je ne le fait pas, je vais le regretter. Et, comme le dit un rappeur, vaut mieux vivre avec des remords qu'avec des regrets. Après tout, c'est Matt qui a fait le premier pas, pas moi.
Je me lance dans l'écriture de mon premier message lui étant destiné. Il faut que je me dépêche car le bus n'est plus qu'à quelques mètres. Il faut que j'envoie quelque chose avant de me dégonfler. Mes doigts commencent à taper automatiquement. Mon premier message est envoyer au même moment où le bus arrive en face de moi.

-Coucou! envoie-je.
Je monte dans le véhicule. Comme d'habitude, je suis seule dans le bus. En effet, étant donné que mon arrêt est le premier, mes amis me rejoignent toujours quelques temps après. L'attente me semble généralement longue. Mais, cette fois-ci, je peux en profiter pour espérer qu'il me réponde. Et mes espoirs furent comblés. Lorsque mon portable vibre et que j'aperçois la notification, je m'empresse de la lire.

-Bonjour. Qui est-ce? répond-t-il.
"Genre il ne sait pas qui c'est?" me dis-je, septique. "Il a donné son numéro à tellement de fille qu'il ne sait pas laquelle d'entre elle le contacte?" m'énerve-je.
Je prends quelques temps avant de répondre, ne sachant pas comment interpréter sa réponse. Finalement, je décide de continuer la conversation comme si de rien était.

-Bah... c'est Mia
J'avais envie de continuer: "tu sais, la nouvelle voisine que tu as apparemment rencontré hier. Celle chez qui tu t'es introduite et à qui tu mens droit dans les yeux depuis votre rencontre." Pourtant, je me retient de continuer. Il faut que je lui dise tout ça mais un face à face sera mieux. Il y a tellement de choses à mettre au clair et il serait bien trop facile pour lui de tout nier en bloc par messages. Une autre notification retentit.

-Ah, désolé... La nuit était longue.
J'ai l'air de l'ennuyer au plus haut point. Si il ne voulait pas me parler, il n'avait cas pas me laisser son numéro. Si j'avais su je ne l'aurais pas déranger.

-Ah, désolé de te déranger.

-Ce n'est pas ce que je voulais dire.
Que voulait-il dire alors? Je fixe les pointillés qui danse pendant qu'il écrit. J'attends de voir ce qu'il va m'écrire pour rattraper le coup.

-Je suis content que tu me contactes.
Lorsque je vois sa réponse, mon coeur fond. C'est une sensation étrange que je n'avais jamais ressentie auparavant. Je suis dans un état presque euphorique que je ne pensais pas pouvoir atteindre. Il faut que je me ressaisisse. Je dois absolument avoir des réponses. Je n'en peux plus de tout ce mystère. Je décide d'aller droit au but. Je ne laisserai plus rien se mettre entre moi et mon objectif, même pas ses beaux yeux!

-Mathis, il faut qu'on parle.
Lorsque je reli mon message, je me demande si il n'est pas trop direct. Et puis, je relativise en me disant que c'était les but recherché. Je ne suis pas passé par quatre chemins.
Je le vois hésiter avant décrire sa réponse car celle-ci se laisse désirer durant quelques minutes.

-Oh! Je vais me faire gronder, maman?
Je rêve où il est en train de plaisanter!? Sa réponse est drôle mais il faut vraiment qu'il apprenne qu'il y a un temps pour rire et un temps où il faut être sérieux dans la vie.
En plus, il devait bien se douter qu'après tous ses mystères je finirais bien par poser des questions.
Je décide donc de le lui préciser.

-Je suis sérieuse, Matt.

-Oh.
"Quel comédien!"

-Quelque chose ne va pas? s'inquiète-t-il.

-Tu vas bien?
Il est tellement mignon. Il pense à moi avant même de penser à lui. Je ne peux malheureusement pas lui expliquer par message. Mais je suis intimement convaincue qu'il sait très bien de quoi je veux parler. Il joue juste trop bien l'imbécile mais, moi, je ne rentrerai pas dans son jeu. Ma priorité est de le rassurer à mon égard pour l'instant.

-Oui, je vais bien. Mais je dois vraiment te parler.

-Ok. On se verra sûrement au collège de toute façon.
Il a raison. Je suis impatiente de lui laisser une chance de s'expliquer.

-Parfait. A toute!

-A toute. Bonne journée ;
Une personne me fait sursauter par au-dessus de mon épaule. C'est Ambre. Je n'ai même pas entendu que l'on arrivait à son arrêt.
-Oh! Alors comme ça, Mia Wilson parle avec un garçon! Comment ça se fait que je ne sois pas au courant? J'exige de tout savoir! me dis-elle d'un air joyeux.
Si elle savait tout ce qui se passe dans ma vie dont elle n'est pas au courant, elle hallucinerait.
Ambre était ma voisine. Nos parents se connaissent depuis très longtemps. C'est pour cette raison que nous avons grandies ensemble. Il fut un temps où nous nous disions tout mais, depuis notre entrée au collège, nous nous sommes éloignées.
-Salut Ambre! Tu m'as fait peur...
Elle me coupe presque tout de suite.
-N'essaye pas de changer de sujet. Comment s'appelle ce bel inconnu?
Je ne l'ai jamais avoué mais ces moments de complicité avec elle me manque. C'est une belle occasion de nous rapprocher comme avant.
-Il s'appelle Mathis. C'est le nouveau. commence-je.
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