Chapitre Cinq : Les choses sérieuses commencent écrit par Patricia Novi

Alix, jeune députée de droite, de la droite de la droite, fraîchement élue à l’Assemblée. Grosse bosseuse, connaît tous ses dossiers sur le bout de ses doigts soigneusement manucurés.
Holan, son secrétaire. Type sournois, détestable. Essaye de faire chanter Alix pour le passage en texte de loi d’un gros dossier dont on ne sait rien. C’est un gros connard.
José, SDF qui a pris ses quartiers au pied de l’Assemblée et qui rêve d’y entrer.
Prise de pitié ou par intérêt politique, Alix tend la main soigneusement manucurée à José, lui propose un travail de coursier et met à sa disposition une chambre de bonne dans les beaux quartiers.
José et Alix veulent tous les deux et chacun changer la société mais comment vont-ils y arriver ?

José, douché, toiletté, barbe entretenue, sentant bon le citron traversa Paris pour rejoindre son nouvel employeur, l’Assemblée.
Lui, qui rêvait tant d’y entrer, avait réussi son premier pari, il y faisait ses premiers pas.
Il devait rejoindre le bureau d’Alix et une fois de plus affronter cet abruti d’Holan. Quel crétin celui-là ! Il n’avait même pas un vrai prénom, on se demande à quoi avaient pensé ses parents en le déclarant à la mairie. Il lui manquait un L, un D et un E pour espérer avoir l’envergure d’un homme d’état. Et un O, un R et un T pour pouvoir s’envoler.

- Bonjour Alix, merci pour l’appartement, enfin le débarras / trou à rats, je m’y sens déjà chez moi !

- Au moins, vous avez l’air humain désormais ! et vous sentez presque bon, enfin, si on aime le citron. Mais trêve de banalités, vous vous souvenez, vous êtes coursier désormais, voilà un pli à remettre en main propre au secrétaire du parti, rue Lafayette. Ne vous attardez pas à discutailler avec vos anciens amis, j’ai besoin de vous ici.

- D’accord, j’y vais tout de suite. Où sont les clés de la voiture de fonction ?

- Mais vous vous croyez où, José ? Pour réserver une voiture, il fallait remplir les formulaires R676 et B87, alinéa 3, si vous croyez qu’on y a pensé !

Descendez à la conciergerie, on peut emprunter des vélos. Il y a un casque dans le placard et un gilet réfléchissant dans le tiroir, mettez-les, je ne voudrais pas qu’il vous arrive quelque chose.
José obéit, chaussa son casque de vélo, enfila le gilet vert fluo et se retourna vers Alix pour attraper le pli.

Alix dévisagea José, son regard descendit sur son torse, et elle eut, alors, un sourire carnassier.

- Mon p’tit José, j’viens d’avoir une idée…Vous voulez toujours inverser la pyramide de la société ? Pour cela, il nous faut une armée. De petites gens, de malmenés, de pauvres et de nécessiteux, ceux qui n’arrivent même plus à commencer le mois, qui ne peuvent que regarder. On va les fédérer autour de nous, de moi, de vous. Il nous faut un symbole, et en vous voyant, je viens de le trouver : votre gilet ! nous allons créer le mouvement des gilets verts fluo !