Chapitre Quatorze : Ego surdimensionné écrit par Anatole Deusset
Chapitre Quatorze : Ego surdimensionné écrit par Anatole Deusset
Holan est fini ! En taule ! Alix jubilait dans sa maison. Elle revoyait son attitude méprisante, ses chaussures cirées posées sur son cher bureau, froissant ses papiers.
Quelle avait dû être sa réaction ? Quelle expression délicieuse était donc peinte sur son visage à l'instant où il comprit ce qu'il lui arrivait ?
Alix prenait plaisir à se l'imaginer.
– Hah, bien fait, pervers, tu l'as mérité ! cria-t-elle en jetant ses deux points en l'air.
Quelle sensation magnifique. L'adrénaline lui donnait l'impression d'être Dieu lui-même.
Driiing, driiiiing.
Le téléphone. Cela mit fin à sa joie.
" Qu'est-ce que c'est que ça, le quotidien barbant me rattrape ou quoi ?" Elle décrocha en un mouvement d'impatience.
– Oui, quoi ?
– Viens demain à 7 heures au bâtiment de la DGSI. Ton entraînement commence ! annonça Lucie d'un ton enthousiaste.
Alix soupira et raccrocha. Elle regarda l'heure. Il était 22 h.
" Entraînement, hein ? Sûrement ennuyeux à mourir. Au moins ce ne sera pas pire que de rester au chômage... " Elle se dirigea vers la douche et croisa son reflet dans le miroir. Elle avait encore les joues rouges de l'excitation de la journée mais son visage était marqué d'une expression d'agacement profond.
" Quelle tête fait donc José ?" Elle se surprit de ses propres pensées. L'image de ce gauchiste répugnant ne méritait pas de visiter le digne palais qu'était son esprit.
***
À 6h 30, José était déjà arrivé devant le très moche bâtiment de la DGSI. C'était une espèce de bloc de béton gris sale, comme presque tout à Paris, avec en guise de décoration un frêle drapeau français, planté sur le bitume. José s'assit par terre et à force d'attente s'assoupit bientôt, la tête appuyée contre un lampadaire.
Le ronronnement d'un moteur le réveilla. Il ouvrit les yeux et vit Alix, plantée devant lui avec sur le visage, une expression pleine de dégoût.
– Qu'est-ce qu'il t'arrive ? Tu ressembles presque à Holan avec cet air sur le visage ! lança-t-il.
En réalité il savait pertinemment ce qu'il se passait, il l'avait déjà remarqué hier. Avoir réussi à mettre son agresseur en prison lui avait donné une impression de toute puissance bien mauvaise pour ses affaires. Si elle continuait sur ce chemin, elle finirait bien plus vite que prévu par conspirer contre lui.
– Ne me compare pas à ce mec, rétroqua Alix en le fusillant du regard. Et toi, tu continues à te comporter d'une manière digne d'un clodo, hein ?
Elle eut un mouvement de tête orgueilleux et s'en alla sans attendre sa réponse.
José s'inquiétait de son comportement. Quand Florian Leblanc vint le chercher, il lui en parla.
– C'est pas très étonnant qu'elle se comporte de la sorte après une telle victoire. C'est juste un problème d'égo qui était en fait visible du début, n'est-ce pas ?
Sans attendre la réaction de José, l'étrange homme ajouta avec un petit pas de danse :
– Et puis ça peut servir !
Avant que José ne réponde, Leblanc s'écria :
– On est arrivés M. Citron ! Ah, d'ailleurs j'ai décidé sans toi, hein, je trouve que M.Citron ça te va mieux que M.Presse.
Dès que José s'assit, le cours commença.
- Les émotions c'est important ! Surtout les négatives, elles sont particulièrement facilement influençables. Une fois que tu sais faire ça, tu as les manettes pour contrôler à peu près qui tu veux.
Identifie les penchants négatifs de la personne que tu souhaites utiliser et pousse la dedans en orientant sa haine ou son dédain vers ce qui te sert !
José sourit. Il comprenait ce que ce drôle d'homme essayait de lui faire comprendre. Il pouvait se servir du complexe de supériorité et de la haine du quotidien d'Alix pour la manipuler !
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