Chapitre deux : manigance écrit par Sylvia Maccari

De son tailleur parfait, Alix rattachait ses mèches de cheveux auburn sur le sommet de son crâne. Assise à son bureau jonché de dossiers qui s’empilaient de jour en jour. Travailleuse acharnée, elle aimait plus que tout éplucher les dossiers les plus brûlants. Elle était connue pour ça et même redoutée. Lorsqu’elle parcourait le long couloir qui menait aux sièges, ses talons claquaient le sol comme des tambours qui annonçaient une douloureuse longue et pénible nuit.

La veille, Holan avait fait installer un digicode à l’entrée des bureaux, et il avait ordonné à la secrétaire de ne faire entrer qui que ce soit, sans quoi, son contrat serait soigneusement revu. Alix regardait chaque instant par la fenêtre, ce José était toujours là, les yeux rivés sur son bureau. Qu’est-ce qu’il veut ? se demanda-t-elle. Le faire entrer à l’assemblée était comme pénétrer dans un immense coffre fort. Des gardes partout, des portiques à chaque entrée de couloir, des fouilles minutieuses, des autorisations signées par plusieurs membres. Une garantie d’être mis à la porte serait une clémence que de finir dans les salles aux enclaves de vitres teintées, questionné par des policiers sans cœur.

Du haut de ses deux mètres, Holan visait de ses yeux de jade le pauvre malheureux, lui lançant des rafales transperçantes.

« Mon gars, si tu croyais me la faire, sache que je ne te laisserai pas t’approcher d’elle. Tant que ce foutu dossier ne sera pas ratifié, tu peux tenter ta chance, mais sache que je veille aux grain ! » se dit-il, un sourire en coin.

Voilà plusieurs fois que ce fameux dossier dérangeant se présentait à l’assemblée, mais hélas, Alix avait toute une équipe qui la suivait sans sourciller.

Holan poussa un long soupir, il devait la faire plier, coûte que coûte. Il s’arrangea sa belle coiffure de feu, ajusta sa cravate, admira une dernière fois sa carrure digne d’un David de pierre, puis se dirigea vers le bureau d’Alix. Après avoir reçu l’autorisation, il pénétra dans l’antre tenu toujours fermé à double tour. Elle leva les yeux, ferma immédiatement un gros dossier, le retourna afin qu’il ne puisse lire sur ce qu’elle planchait et lui lança un regard interrogateur.

« Que puis-je pour toi ? » demanda-t-elle sur un ton ferme.

« Je voudrais t’inviter au restaurant. Cela fait plusieurs mois que nous ne sommes pas sortis. »

« J’ai autre chose à faire, Holan, et permets-moi, encore une fois, de te dire que ce tu as fait me déplait au plus haut point ! »

« Je sais bien, pardonne-moi, mais en ce moment, nous avons beaucoup de travail, n’est-ce pas ? »

Alix tapotait son stylo sur la plaque de cuir de son bureau, méditant sur ces propos. Il avait raison, elle devait l’admette et finit par accepter. Holan sortit à pas de velours puis s’installa dans son fauteuil.

« T’inquiètes pas ma jolie, j’ai fait préparer notre chambre. Demain, tu me supplieras, et je te ferai abdiquer ! Si tu crois que je vais te laisser faire, ma pauvre, plus d’une femme se sont retrouvées sous mes draps et quant à leurs lendemains… »