On devinait à peine le tatouage discret à la base de sa nuque : "Pa" . Il se l'était fait faire à son entrée à la Comex, comme on se ferait baptiser. Un psychanalyste aurait sans doute fait l'analogie avec le père absent, mais omniprésent.

Ce symbole : Pa pour Pascal ou unité de mesure en physique, représentant la contrainte et la pression, celle qui créé ou qui détruit, aurait pu être la contraction de : Papa, c'est à dire : Pa'... Trop : "tarabiscoté" pour Mathias, mais à y réfléchir, il y avait sûrement du vrai.

Visible dans ses effets, lourde ou légère, invisible mais pas absente, telle une autorité naturelle s'exerçant partout et dans tous les milieux, dans l'air comme dans l'eau, elle savait nous faire sentir vivant et nous rappeler à l'ordre si on l'oubliait : dans la douceur, comme la caresse d'une mère, ou dans la violence brutale d'un père en colère.

On ressentait cette force ici, entre mer et granit. Mathias en était issu, avatar de chair et d'os, soumis à elle comme à une déesse imprévisible.